Basket (Pro B) Mohamed Sy : « J’aurais rêvé de jouer au Palais des Sports de Marseille »

Portrait – Le manager sportif de Fos Provence Basket a représenté Marseille toute sa carrière en portant le numéro 13 sur le dos. Il est aujourd’hui l’un des symboles forts qui unit Fos-sur-Mer et la cité phocéenne, où se déroule ce soir le premier match de la saison délocalisé au Palais des Sports des BYers, face à Vichy-Clermont.

C’était il y a un peu moins de quinze ans, Mohamed Sy mettait un terme à sa carrière de joueur professionnel avec le maillot de Fos-sur-Mer en permettant au club provençal d’accéder à la Pro B. Après y avoir fait ses gammes au début des années 90, il était revenu lors de la saison 2008-2009 pour boucler la boucle, et l’opération avait été un succès.

A cette époque, l’intérieur floqué du numéro 13 avait même son petit fan club, installé sur une tribune de fortune à trois niveaux, qui donnait de la voix à chacun de ses paniers. Aux côtés de Mamadou Dia, Babou Cissé, Edwin Draughan, Renaud Brocheray ou encore Yannick Zachée, l’enfant de la Castellane a ainsi contribué à remettre les Bouches-du-Rhône sur la carte du basket français.

Quinze ans plus tard, l’échafaudage a été remplacé par une belle tribune prenant toute la partie nord de la Halle Henri Giuitta. Son club est devenu une place forte de Pro B et a même connu trois saisons au plus haut échelon national, une consécration. « Momo Â» Sy a accompagné cette progression tout au long de ces années dans le staff dirigeant fosséen, aujourd’hui en tant que manager sportif, et constate le résultat global avec fierté.

« Je savais qu’il y avait un vrai potentiel pour que le basket se développe », glisse-t-il. « Que ce soit tout le bassin régional mais aussi Marseille qui est à côté et qui est quand même la deuxième ville de France. Moi, je venais de Marseille, et pourtant, il y avait beaucoup de joueurs qui étaient plus forts que moi. Beaucoup de jeunes des quartiers, qui sont passés à la trappe parce qu’il fallait encore structurer les choses. Donc je suis content de l’évolution du club, alors qu’on partait quand même de loin. On propose même aujourd’hui des matchs à Marseille, on voit des gamins qui sortent de Marseille et des Bouches-du-Rhône, toute la formation assurée par tous les clubs aux alentours est vraiment bien faite, et c’est un ensemble qu’on commencer à voir émerger ».

Onze ans de travail pour rapprocher Fos-sur-Mer et Marseille

Parmi les accomplissements qui ont aidé à renforcer le lien entre Fos-sur-Mer et Marseille, il y a depuis onze ans maintenant les « Marseille Basket Series Â», ces matchs délocalisés au Palais des Sports qui permettent aux amateurs de basket de la cité phocéenne d’assister à des rencontres de haut niveau. Comme ce sera le cas ce soir sur le thème d’Halloween pour la réception de Vichy-Clermont (20h), c’est toujours un événement qui fait briller les yeux de l’ancien gamin du RC Saint Joseph.

« J’aurais rêvé de jouer au Palais des Sports de Marseille. Quand je vois ce qu’on a réussi à faire depuis le début, on a beaucoup bossé pour ça, pour créer de vrais événements autour des matchs, je trouve ça magnifique. Quand je vois le match où Victor Wembanyama a rempli toute la salle, qu’on arrive à avoir régulièrement du monde qui vient… J’en aurais rêvé, de pouvoir jouer un match comme ça, devant ma famille, mes amis ».

Momo Sy avec son premier club du RC Saint Joseph

Ces rendez-vous réguliers au fil des années ont donné lieu à un paquet de matchs devenus historiques. A commencer par le tout premier, face à Pau-Lacq-Orthez (95-73), remporté dans des conditions rocambolesques (pas de tableau d’affichage ni d’horloge des 24 secondes). Il y a également eu des succès mémorables, face à Limoges notamment, Orléans en Pro B ou Dijon en Betclic Elite, la venue de Victor Wembanyama la saison passée également, des scénarios renversants, mais aussi la dernière en carrière de Mamadou Dia, célébrée lors du dernier match de la saison 2018-2019 contre l’Asvel.

Mais pour Mohamed Sy, son plus beau souvenir au Palais des Sports reste le panier inscrit au buzzer par Mohamed Hachad face à Antibes lors de la saison 2012-2013, alors que les Sharks menaient de 18 points en troisième quart-temps.

« Je retiens surtout ce match, où il marque le dernier panier au buzzer et part courir dans toute la salle. C’était comme une consécration, quand tu es récompensé en gagnant comme ça dans une salle pleine. Et en plus ça arrive à Mo, qui était un très fort joueur et qui humainement est au top. C’était vraiment un super moment ».

Hors des terrains, il y a aussi eu 2013 et Marseille Capitale Européenne de la Culture qui ont contribué à permettre le retour du basket de haut niveau sur le sol marseillais sur la saison 2012-2013. Quatre ans plus tard, en 2017, la ville a été élue Capitale Européenne du Sport, un événement pour lequel Momo Sy a été désigné porte drapeau pour souligner le brillant parcours de l’un des plus Phocéens parmi les Fosséens. Un grand moment de fierté là encore qui a renforcé ce lien entre Fos-sur-Mer et Marseille.

Maxime Galin et Ilias Kamardine pour assurer la relève

Aujourd’hui, le fruit de ce travail acharné de onze ans se matérialisera par la présence de deux joueurs nés à Marseille sur le terrain. Ilias Kamardine côté Vichy-Clermont, avec qui il brille sur ce début de saison (29 points lors de son dernier match), et Maxime Galin côté Fos-sur-Mer, ont été deux de ces gamins qui ont arpenté les couloirs du Palais des Sports de Marseille il y a peut-être dix ans de cela. Les voilà aujourd’hui aux portes du plus haut niveau, prêts à assurer la relève.

« Ça montre que le potentiel est là. Je connais bien Ilias, parce qu’il jouait contre mon fils, Isaiah. Je sais qu’il y a beaucoup de joueurs intéressants, qu’il faut continuer à les former et à les accompagner, et ne pas forcément s’arrêter aux profils formatés de joueurs costauds qui vont dominer physiquement en minimes. Quand je les vois, ce sont deux très bons joueurs, même s’ils ont des trajectoires différentes, je trouve ça top ! C’est une fierté de les voir évoluer en Pro B cette année, pour Marseille, pour tout le monde. Il y en a eu avant eux, des Moustapha Diarra, Bodian Massa, Yves Pons et même un Louis Labeyrie même s’il ne vient pas directement du 13. Il faut poursuivre la détection, travailler ensemble pour les faire évoluer. C’est le plus important. Mais c’est toujours plaisant de voir des joueurs passés par chez nous qui réussissent. On espère qu’il y en aura d’autres ».

Chaque match, chaque tournoi de jeunes et autres manifestations organisées en marge de ces journées dédiées au développement du basket provençal ont permis au club fosséen et au bassin marseillais de se rapprocher. L’union s’en retrouverait d’autant plus renforcée ce soir si les BYers parvenaient à lancer leur saison en décrochant leur première victoire sur le parquet du Palais des Sports face à Vichy-Clermont après avoir débuté par trois revers.

Romain DAVESNE