« Le Château de ma mère », aussi connu des Marseillais sous le nom de château de La Buzine, lieu témoin de la vie et de l’œuvre de Marcel Pagnol, lieu symbole de la culture provençale, mais aussi lieu de culture moderne, d’exposition, cinéma, ne sera plus ce qu’il est aujourd’hui !
La nouvelle mairie printemps marseillais a d’abord voulu y installer un collectif moins représentatif de notre histoire locale et plus représentatif de son électorat, puis a finalement repris sa gestion en direct, l’arrachant au petit-fils de Marcel, Nicolas Pagnol.
La culture doit passer avant la politique
Première raison de s’indigner dans cette triste affaire, la politique et ses raisons bassement utilitaristes prennent ici le pas sur notre culture, nous sacrifient ici Pagnol, le grand Marcel, le premier grand nom de la littérature française issu de la culture populaire, de notre culture vernaculaire locale, l’académicien qui a notre accent, le cinéaste de talent qui a inspiré tant de Provençaux et d’amoureux de la Provence.
Loin d’une concorde autour de ce qui est constitutif de notre identité, cette affaire vient créer la discorde sur des sujets réputés consensuels. Nous, Marseillais, avions pour fierté que le château de la Buzine présente des souvenirs du parcours de l’enfant du pays ayant réussi, de bobines originales de ses films à son costume d’académicien, ce patrimoine exposé à Marseille était une fierté pour tous et l’association, qui gérait cet espace, était ouverte à tous les publics du plus jeune âge au bel âge. Bref sur les résultats culturels, un lieu qui prêtait peu ou pas le flanc à la critique.
bref, la chanson de la Buzine sonnait aux oreilles de monsieur Payan comme du Sardou aux oreilles de Juliette Armanet.
Si l’on apprécie tout cela au regard de la culture, une réussite, mais monsieur Payan nous a habitués à lire entre les lignes, à ne pas regarder la tête de liste d’une élection pour savoir qui sera maire, à ne pas regarder le programme d’une liste pour apprécier comme elle gouvernera et apparemment il faudra désormais s’habituer à ne pas regarder le bilan culturel d’un lieu de culture mais son bilan politique ! Car oui le problème est bien là , La Buzine était un lieu trop de « droite » pour notre édile, dirigé par une ancienne élue « de droite », ouvert à des amis de Pagnol qui ne sont pas amis du printemps marseillais, bref la chanson de la Buzine sonnait aux oreilles de monsieur Payan comme du Sardou aux oreilles de Juliette Armanet.
« Château de ma mère » ou « château de mon maire »
Alors se sont créés dès le début de cette affaire deux camps, celui des défenseurs du « Château de ma mère », celui décrit sous la plume de Marcel Pagnol, celui qui prend le parti de ses héritiers, familiaux comme Nicolas ou spirituels.
Face à eux, les défenseurs du « Château de mon maire », au service d’un politicien qui se dit qu’il est plus facile de récupérer la gloire des autres que de créer la sienne. Le camp de ceux qui ont choisi de réécrire et réinterpréter l’histoire, allant jusqu’à contester que ce soit bien le château décrit par Pagnol. Ceux qui préfèrent l’histoire de Pagnol écrite dans leur Pravda que celle écrite dans l’histoire de la littérature française
En récupérant la gestion, le camp du « Château de mon maire » s’absout du cahier des charges permettant d’attribuer la délégation de service public et se débarrasse d’autant de critères objectifs garantissant que ce lieu reste un lieu de culture, où l’on peut partager et s’approprier notre histoire locale.
Monsieur le maire, certains de vos choix hypothèquent notre futur, certains rendent plus difficile notre présent, mais de grâce laissez notre histoire en paix !
Pour ma part mon choix est fait, je défends le « Château de ma mère », celui de notre héritage, ce qui fait que la littérature et l’histoire culturelle sont à tous. Je défends l’attribution de ce lieu en délégation de service public à l’équipe qui propose depuis des années un projet et un programme attractif et fidèle aux valeurs du lieu. Sans surprise je m’oppose au copinage en politique, aux bras de fer symboliques, aux combats politiques dont il ne peut sortir qu’un perdant : les Marseillais!
J’appartiens à ce peuple marseillais, qui perd un lieu de culture, qui perd les collections privées de la famille Pagnol jusqu’ici exposées à Marseille, qui perd un peu de son histoire et donc irrémédiablement un peu de son avenir.
Monsieur le maire, certains de vos choix hypothèquent notre futur, certains rendent plus difficile notre présent, mais de grâce laissez notre histoire en paix !
Laissez en paix le château de « ma mère », car pour l’instant tout cela n’est pas à la gloire de « mon maire ».
Jean-Baptiste Jaussaud
Economiste et entrepreneur, administrateur du Méridional