Avec une double compétence de chimiste et de marketing, Maëva Bentitallah a créé Clever Beauty en 2017 et conçu une collection de produits de maquillage innovante, astucieuse, respectueuse de l’environnement et de qualité.
Après avoir développé le premier vernis à ongles écoresponsable, anti-gaspillage et 100% français, suivi d’un dissolvant, d’une gamme pour la beauté des mains, d’un mascara rechargeable, de crayons pour les yeux, Maëva Bentitallah récidive avec une nouvelle innovation. D’ici la fin de l’année, le tube de rouge à lèvres, en verre recyclable et rechargeable, sera sur le marché. Une campagne de précommande, de financement participatif sur Ulule, est en cours afin de financer la production de cette nouvelle gamme.
Comment est-elle devenue entrepreneur ? Inconsciemment, c’est sa maman qui en est à l’origine : « L’idée m’est venue lorsque j’étais en licence de chimie. Ma mère, grande fan de vernis, les transvasait les uns dans les autres afin d’éviter tout gaspillage. Sensibilisée, par ma formation de chimiste, de ce que contenaient les produits cosmétiques, je savais qu’elle mélangeait des produits chimiques, potentiellement toxiques. Je lui ai demandé pourquoi elle faisait ce mélange. Sa réponse a été : « Les pinceaux sont trop courts. Je n’arrive pas à finir le flacon. Donc, je fais mes petits mélanges. Alors, j’ai décidé de trouver une solution pour qu’elle, et toutes celles qui portent du vernis, arrêtent ces mélanges. Et, quitte à tout changer, pourquoi ne pas créer une formule la plus naturelle possible puisque j’avais les compétences pour cela », répond la fondatrice de Clever Beauty. Une fois sa licence de chimie en poche, elle passe un master de marketing et opte pour le dispositif national Pôle étudiant pour l’innovation, le transfert et l’entrepreneuriat (Pépite), initié par le ministère de l’Enseignement supérieur en 2014.
Du projet à l’entreprise
Elle construit alors le squelette de la formule, issue de la chimie verte, pour avoir le vernis le plus sain du marché. « J’ai trouvé des partenaires français pour élaborer cette formule et la produire. J’ai inventé le premier bouchon de vernis à ongle anti-gaspillage qui permet, d’un simple clic, d’utiliser l’intégralité du produit dans le flacon. Tout cela m’a pris huit mois, en autodidacte, dans un FabLab d’Aix-en Provence, pour élaborer mes premiers prototypes de ce bouchon innovant qui permet d’éviter de rejeter, chaque année, 200 tonnes de vernis, rien que pour la France, dans la nature. Et aujourd’hui, ce bouchon est breveté en Europe », explique Maëva Bentitallah, précisant qu’elle a appris seule le fonctionnement des logiciels et l’impression 3D pour réaliser un prototype à la fois fonctionnel et ergonomique. Pour l’industrialisation, elle fait le choix de la fabrication en France : « J’ai trouvé des partenaires fabuleux puisque ce sont des travailleurs en situation de handicap qui assemblent les bouchons, à Aix-en- Provence », ajoute la dirigeante. Innovants et respectant l’environnement, son entreprise trouve toute sa place à la CleanTech du Technopôle de l’environnement Arbois-Méditerranée où elle poursuit son développement, d’abord avec un dissolvant, puis un mascara rechargeable dont les flacons en verre sont consignés et recyclables. Viennent ensuite les crayons pour les yeux, fabriqués à partir de bois issu de forêts durables. Et le petit dernier est un tube de rouge à lèvre, lui aussi en verre recyclable, qui sortira d’ici la fin de l’année. Comment s’annonce l’avenir ? « C’est de proposer une routine make-up complète pour proposer une alternative la plus saine possible de maquillage, pour le teint, par exemple. Et aussi de faire grandir l’équipe et de conquérir un maximum de pays. Sachant que nous avons déjà des concept-stores aux États-Unis, en Croatie, dans les Dom-Tom », répond la
dirigeante qui, dans un premier temps, souhaite concentrer sa présence sur le Royaume-Uni et les pays nordiques.
Il faut croire en son projet et persévérer
Quelles sont les difficultés auxquelles elle a été confrontée ? « Une jeune femme entrepreneur, qui vient de terminer ses études et n’a pas vraiment de moyens financiers, c’était un défi pour faire adhérer des futurs partenaires bancaires et pour la fabrication en France », répond Maëva Bentitallah. D’autant que la crise sanitaire ne l’a pas vraiment aidée à avancer. « Ma force a été de persévérer. J’y crois tellement fort que je ne lâche rien et il faut croire en son projet pour que les autres y croient aussi », ajoute l’entrepreneur.
Beauty Clever
Création en 2017.
Chiffre d’affaires 2022 : 160 000€.
Équipe de trois personnes.
Produits vendus par 300 magasins et instituts de beauté en France et désormais exportés en Suisse, Belgique, République Tchèque.
Martine Debette