Jean-Marc Zulesi, député de la 8e circonscription des Bouches-du-Rhône, et président de la commission du développement durable à l’Assemblée nationale, a accordé un entretien exclusif au Méridional dans lequel il dévoile ses motivations en politique, son engagement en faveur du développement durable et de l’aménagement du territoire, ainsi que ses projets pour l’avenir. Ayant grandi à Cornillon-Confoux près de Salon-de-Provence, il exprime son désir de représenter et de valoriser sa région tant au niveau local qu’au niveau national .
Le Méridional – Avant d’entrer en politique, vous avez obtenu un diplôme d’ingénieur et un master en administration des entreprises, qu’est-ce qui vous a poussé à vous engager politiquement ?
Jean-Marc Zulesi : La volonté d’améliorer le quotidien de nos concitoyens. J’ai aussi considéré que face aux maux de la société française on peut apporter des solutions, notamment sur des thématiques très précises, comme le développement durable ou l’aménagement du territoire… Au lieu de se plaindre j’ai plutôt eu l’envie d’agir et d’apporter ma pierre à l’édifice. Le second aspect qui est important dans mon engagement politique, c’est que j’ai voulu être élu sur le territoire qui m’a vu grandir puisque j’ai grandi dans un petit village près de Salon-de-Provence, à Cornillon-Confoux, donc j’ai voulu être enraciné et porter les atouts du territoire qui m’a vu grandir.
Ce sont ces deux aspects qui m’ont poussé : l’envie d’agir au niveau national et au niveau local, et de porter les spécificités de notre Provence.
Le Méridional – Est-ce que cela veut dire que vous ne souhaitez pas avoir plus de responsabilités nationales ?
Jean-Marc Zulesi : Mon mandat à l’échelle nationale s’opère déjà, puisque je suis déjà président à l’Assemblée nationale, d’une commission, celle sur le développement durable et de l’aménagement du territoire, qui prouve que, humblement, j’ai un engagement national qui est fort. Mais cet engagement, et surtout lorsqu’on est député, il ne faut pas oublier le local. Bien faire la loi c’est tenir compte des spécificités locales, mais aussi de la parole des citoyens à l’échelle locale. C’est pour cela que je n’oublie pas de m’investir sur le terrain. Mon engagement national est pour moi aussi important que mon investissement en local.
Le Méridional – Et pourquoi avoir choisi Renaissance ?
Jean-Marc Zulesi : Parce que j’ai l’intime conviction, que ce qui est dans l’ADN de ce qu’était En marche puis après Renaissance, on peut prendre des idées de droite, comme de gauche, pour arriver à avancer sur des sujets importants qui sont liés à l’environnement, qui sont liés à l’aménagement du territoire. C’est dans cette optique que je me suis engagé, en décloisonnant un peu le regard classique, que l’on peut avoir entre la droite et la gauche qui a souvent sclérosé et enfermé les décisions politiques. Quand on voit aujourd’hui les sujets de protection de la planète et de l’environnement, vous avez une extrême-droite qui est presque climatosceptique, les dernières déclarations du Rassemblement national qui mettent en cause les travaux du GIEC, qui sont reconnus par tous les scientifiques, et à côté de cela vous avez une extrême-gauche, et en particulier La France insoumise, qui ne propose que des taxes et des interdictions. Moi je considère que l’on peut porter une voix qui est toute autre. Une voix qui parle à nos concitoyens, une voix des territoires qui considère le développement durable comme une voix crédible pour lutter contre le réchauffement climatique.
Le Méridional – A l’échelle de votre circonscription, vous vous êtes engagé sur 5 volets : La réhabilitation de l’Etang de Berre, la revitalisation du site industriel de LyonDellBassell, la reconstruction de l’Hôpital du pays Salonais, la mobilité, et le développement durable. Après 6 ans en tant que député quand est-il de tous ces engagements ?
Jean-Marc Zulesi : Certains engagements se sont concrétisés avec un bilan très positif, notamment avec la reconstruction de l’hôpital du pays Salonais. Aujourd’hui c’est la structure hospitalière publique, qui est la plus soutenue par l’État, puisqu’on arrive à hauteur de 100 millions d’euros d’investissement. Ça veut dire, humblement, qu’il a eu un portage local qui a été fort puisque des maires se sont mis ensemble pour acheter le terrain, mais aussi un portage important à l’échelle national, et je pense y avoir participé. Sans oublier, évidemment, la communauté médicale, et le personnel hospitalier. Et cela est un aboutissement très fort de mon mandat.
Le second sujet, c’est tout ce qui concerne l’aspect sécuritaire. Ma circonscription a été bien dotée, il y a des véhicules et du matériel qui sont arrivés récemment. Il y a deux autres projets sur lesquels je travaille beaucoup, c’est la construction d’une nouvelle gendarmerie à Pélissanne, qui je l’espère, sera actée d’ici quelques semaines. Le deuxième point c’est l’augmentation des effectifs de police sur le terrain qui sont nécessaires.
Enfin le troisième sujet, qui incarne un peu mon engagement, c’est la réhabilitation de l’Étang de Berre. La vérité, c’est que grâce à un travail qui est collectif, mais j’en fais un portage national, l’Étang de Berre se porte mieux. C’est grâce au travail mené notamment avec le maire de Saint-Chamas, Didier Khelfa, et le président du GIPREB (Syndicat mixte pour l’étang de Berre), et pour vous en assurer je vous propose d’aller dans la commune de Saint-Chamas pour voir à quel point l’Étang de Berre va mieux. Et il faut continuer à porter les propositions que nous avions réalisé dans le cadre de la mission parlementaire transpartisanne, puisque lors de mon premier mandat, pour mettre en place cette feuille de route de réhabilitation de l’Étang de Berre, j’avais créé une mission d’information avec Pierre Dharréville qui est communiste, et Éric Diard qui était Les républicains et ensemble on avait construit cette feuille de route.
Enfin il y a un sujet très important, dans les semaines et mois à venir, c’est la valorisation de l’eau de la centrale hydroélectrique de Saint-Chamas, puisqu’on a une aberration, on rejette jusqu’à 900 millions d’eau douce de qualité, qui viennent de nos montagnes, dans un Étang qui est salé. Donc l’enjeu sera d’utiliser cette eau notamment dans l’agriculture, et pourquoi pas dans le delta du Rhône.
Donc pour résumer 3 sujets importants : Santé, sécurité, environnement.
Le Méridional – Il n’y avait pas aussi un volet sur le RER Métropolitain ?
Jean-Marc Zulesi : Alors oui, humblement je suis reconnu comme spécialiste sur les sujets de transport au niveau national. J’ai été plusieurs fois rapporteur sur des textes de loi, et là j’ai déposé ma proposition de loi sur les services express métropolitains. Je vais donc avoir ma loi, elle a été votée à l’Assemblé national, elle va passer au Sénat la deuxième semaine d’octobre. La volonté, c’est de labélliser des services express métropolitain pour répondre à la promesse présidentielle de déployer des RER métropolitaine, et j’espère que notre région Sud qui en a le potentiel répondra présente. Derrière tout ça, il y aussi la volonté, de pouvoir d’utiliser la Société du Grand Paris, que nous allons appeler la société des Grands Projets, qui a montré son expertise. On dit souvent que Paris a des niveaux d’infrastructure qui sont reconnu dans le monde entier, et on rêve d’avoir les mêmes. Je donne la possibilité, dans le cadre de mon texte de loi, de se servir de l’expertise de la société des Grands Projets pour faire de la maîtrise ouvrage d’infrastructure de transport.
C’est un point qui est très important. J’espère que dans un sujet qui est très important qui est celui de la réhabilitation de la ligne entre Aix et Rognac on pourra avancer grâce à ce texte de loi.
Le Méridional – Cela fait un peu plus d’un an que vous êtes président de la commission du Développement durable, quel bilan faites-vous de cette année ?
Jean-Marc Zulesi : On a porté des sujets très importants autour de l’eau, autour des sujets de lutte contre l’engrillagement car comme vous le savez aujourd’hui on a des techniques de chasses qui visent à engrillager les animaux sauvages, donc on est arrivé à mettre fin avec un texte transpartisan à ce phénomène. Dans un autre domaine, qui peut paraitre un peu technique, celui du ZAN (Zéro artificialisiation nette), c’est un sujet qui marque beaucoup d’inquiétude au niveau des collectivités territoriales et on à réussi a concilié à la fois la protection de nos terrains agricoles et la construction de logement.
Voilà de manière très synthétique le travail qui a été mené depuis plus de 1 an maintenant.
Le Méridional – Et à l’avenir quels sont les projets au niveau local que vous aimeriez porter ?
Jean-Marc Zulesi : Il y a un gros enjeu autour du foncier industriel de la LyonDellBassell, où vous l’avez vu il y a toujours du foncier qui est disponible avec La LyonDellBassell, qui, on le reconnaît, sur ce territoire, est un acteur essentiel, mais nous avons la nécessité d’accélérer la « reconquête » de ce foncier. Surtout depuis la fermeture de la raffinerie en 2012. Donc le premier sujet est industriel, faire revenir des industriels de façon durable.
Le deuxième sujet, sur Saint-Chamas, après l’incendie du dépôt de déchets on a une problématique avec ces mêmes déchets. L’enjeu que nous avons c’est de trouver environ 3.5 millions d’euros pour enlever ces déchets, et j’aimerais qu’on ait un texte de loi pour éviter à l’avenir ce type de pratique, surtout à travers la lutte contre la mafia des déchets.
Enfin pour finir, forcément je vais suivre de très très près, parce que c’est bien beau d’acter les moyens, mais il faut que l’hôpital sorte de terre.
Le Méridional – Et au niveau national ?
Jean-Marc Zulesi : Vous savez que nous allons avoir les annonces autour de la planification écologique qui est attendu depuis très longtemps. La responsabilité de la commission que je préside ça va être de mettre en musique ces différentes annonces, notamment celles sur la rénovation énergétique des bâtiments , mais aussi tout le travail autour du « Fonds vert » parce qu’on a mis un certain nombre de moyens permettant justement aux collectivités territoriales de rénover des écoles et de pouvoir retirer du béton dans les cours de récréations.
Au niveau national il y a un travail à mener au cours de cette année autour de l’eau, en particulier sur la réutilisation des eaux usées, et la tarification de l’eau, la lutte contre les fuites, de sorte que les infrastructures qui acheminent l’eau puissent être de meilleure qualité. Enfin dernier sujet de la commission, j’ai monté une délégation et nous partons la 3e semaines de septembre en Guyane pour discuter de ce qui est production d’énergie et infrastructure de transports parce que les sujets d’outre-mer sont des sujets essentiels qui permettent aussi de mettre en lumière à quel point notre biodiversité doit être préservé.
Propos recueillis par Léopold Aubin