La start-up qui promet – Sportingoodz, contre le gaspillage des articles de sport neufs

© Sportingoodz

Le nombre d’articles de sports neufs jetés chaque année à la poubelle dépasse tout bonnement l’imagination. Le marché annuel de vente d’articles de sport en France représente tout de même 14 milliards. L’industrie du sport peut bien être qualifiée d’ultra-polluante ; les articles de sport font partie des objets les plus délaissés par les Français après les téléphones portables. Un constat qui pousse certaines jeunes à agir. Oscar Mondesir a créé la start-up marseillaise « Sportingoodz », spécialisée dans la revente d’articles de sports flambant neufs.

A 25 ans, Oscar Mondesir est familier du monde du sport. Pour avoir usé son short sur pas mal de bancs, il connaît un certain nombre de clubs de la région. « J’ai été adhérent de clubs sportifs depuis mon enfance, reconnaît-il. On peut dire que j’ai le sport dans l’ADN. Â» Celui qui a grandi avec l’idée de l’importance des valeurs sportives et le goût du challenge a donc logiquement choisi de placer le sport au cÅ“ur de sa vie professionnelle. Il travaille pendant deux ans chez Adidas, puis devient responsable marketing d’un site e-commerce de vente d’équipements sportifs.

Une prise de conscience

Mais davantage qu’une impression, c’est une véritable prise de conscience qui émerge pour Oscar Mondesir. Lorsqu’on a travaillé dans un groupe aussi connu qu’Adidas, penser que 100 000 tonnes d’articles de sport sont jetées chaque année ne laisse pas indifférent – cela représente 240 millions d’euros d’invendus par an. « Rien que l’état des lieux des après-vente m’impressionnait… », avoue notre interlocuteur.

les objets les plus délaissés par les français après les portables

Sportingoodz, des valeurs sur le terrain… et dans l’achat

« On a créé Sportingoodz avec une volonté claire, reprend le jeune entrepreneur. Encourager les valeurs du sport au quotidien, mais aussi montrer aux gens qu’on peut largement acheter plus responsable dans le domaine du sport. Â» Il ajoute d’ailleurs avec un sourire : « Pourquoi devrait-on appliquer des valeurs uniquement sur le terrain ? Â»

Fort de ce constat, Oscar Mondesir saute le pas en janvier 2022, et crée Sportingoodz (un associé vient le rejoindre pour cette aventure). L’idée est d’aider les clubs locaux à revendre des articles de sport (invendus, donc des stocks sous blister, avec étiquettes). Les avantages sont cumulés : réduction du gaspillage des équipements de sport grâce à une alternative de consommation ; soutien aux clubs locaux ; et bien sûr, baisse du coût d’achat !

réduction du gaspillage et baisse du coût d’achat

« On croit vraiment au fait d’apparaître comme un relais entre les fabricants, les clubs et les acheteurs, souligne le CEO de la start-up. On crée de nouveaux financements en faveur des clubs, à l’heure où 30% d’entre eux sont en difficulté financière. On les fait connaître au niveau local, et on aide les parents à équiper leur enfant à un coût moins élevé. Â» Pour exemple, un équipement enfant avec tee-shirt, short, veste et sac grimpe en moyenne Ã  150€. Via Sportingoodz, il plafonnera à 95€.

Une ambition logique de développement

« En voulant mettre en relation des clubs, des joueurs, des recycleurs, des réparateurs, des reconditionneurs, pour décarboner l’industrie du sport, nous avons aussi l’ambition de devenir d’ici à trois ans le backmarket du sport Â», conclut l’entrepreneur.

décarboner l’industrie du sport

Si la start-up a développé un service minime de collecte d’articles qui ne sont plus utilisés par les sportifs, son focus reste le déstockage, et Sportingoodz n’offre pas d’articles de seconde main sur sa plateforme. C’est aussi un choix face à la concurrence des marchés de seconde main, comme l’explique Oscar Mondesir : « On essaie de changer d’angle, en proposant des produits garantis authentiques – vendus par des professionnels, puisque les clubs connaissent bien l’activité sportive. »

La start-up marseillaise entend réunir de façon cohérente toutes les valeurs véhiculées par le monde du sport collectif, et de façon responsable. La micro-équipe, depuis sa création, a pu bénéficier de subventions qui lui permettent de continuer à tisser son modèle. Sportingoodz, (incubée à Incoplex Sud), envisage d’ailleurs une levée de fonds à l’automne prochain.

Raphaëlle PAOLI