La balle avait si souvent manqué la cage que ce but a de quoi surprendre. Avec 89 sièges, le Rassemblement national fait une entrée remarquée dans la nouvelle Assemblée nationale. Le parti lui-même ne s’attendait pas à une telle victoire.
On ne peut plus, à cette heure, désigner le « vote contestataire » comme seul responsable de la victoire du Rassemblement national. Un vote d’adhésion existe bel et bien. Mais ce qui ressort avant tout de cette victoire du parti de Marine Le Pen est le désaveu magistral face à la politique du président réélu en avril dernier.
marine le pen entendait s’afficher comme la seule force d’opposition
Tandis que Jean-Luc Mélenchon s’amusait à faire campagne sur sa future place de Premier ministre, Marine Le Pen entendait s’afficher comme la véritable et seule force d’opposition au camp d’Emmanuel Macron. Le pari a été réussi; la candidate désigne d’ailleurs le président comme un « président minoritaire ». Dans cette nouvelle Assemblée, le groupe sera donc non plus force de contestation, mais force d’opposition. La victoire du Rassemblement national est d’autant plus nette que, dans bien des circonscriptions, le parti a gagné sans consignes d’un vote de ralliement de la part d’autres partis (Reconquête ! notamment).
Des élus RN… « pochette-surprise » ?
Le Rassemblement national a gagné sans consignes de vote, mais presque sans campagne, ce qui souligne combien beaucoup de Français ont voté pour une étiquette et non pour une personnalité – dans les élections qui veulent pourtant présenter les problématiques locales au niveau national – . Nombreux sont les candidats RN à n’être pas sortis « sur le terrain », ou même à n’avoir pas mené de campagne d’affichage. A côté de personnalités bien connues comme Laure Lavalette (porte-parole de Marine Le Pen pendant la campagne présidentielle), élue dans la 2ème circonscription du Var (51,64%), le RN a présenté des candidats « pochette-surprise », si l’on peut dire. Inconnus, voire à peine concernés par la campagne.
beaucoup de candidats rn ne sont pas sortis sur le terrain
Que l’on constate seulement l’écart entre l’effort de terrain mené par quelqu’un comme Sabrina Agresti-Roubache (élue dans la 1ère circonscription des Bouches-du-Rhône avec 50,79% des voix), encouragée tout au long de la campagne par le président et le camp présidentiel, et la non-implication de sa concurrente, Monique Griseti : l’écart entre les votes exprimés est pourtant faible (470 voix seulement).
Quel avenir pour le RN ?
Au lendemain de sa victoire, le Rassemblement national ne doit pourtant pas se leurrer. Lui aussi aura à surveiller l’unité de ses rangs, une de ses faiblesses dans le passé. Cette victoire prend finalement la forme d’une mise à l’épreuve pour le parti bleu marine : cohérence ou effondrement, l’avenir le dira bientôt.
R.P