L’inflation devrait atteindre les 5,4% en juin selon l’Insee

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Si la pandémie du Covid-19 en 2020 a fortement impacté l’économie française et mondiale, le niveau d’inflation du pays bat des records. En janvier et en février, le début d’année s’annonçait difficile : avec l’arrivée d’Omicron et le début de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, le moral des Français a été fortement impacté. A ces deux crises se sont ajoutées par ailleurs les mesures strictes de la Chine envers ses habitants pour limiter l’épidémie, comme des confinements et des isolements massifs de la population, ce qui a provoqué un ralentissement de son économie, et a impacté indirectement l’économie d’autres pays dépendants de la Chine – tels que la France, qui souffrent de problèmes d’approvisionnement. 

Tensions géopolitiques et crise sanitaire : l’impact sur les prix 

On l’a vu pour l’huile de tournesol, les bouteilles en verre et le prix du gaz et du pétrole : la guerre ukrainienne a de réelles conséquences sur l’économie française, puisque l’Ukraine et la Russie sont deux grands fournisseurs en matières premières. Le début de la guerre impacte alors les livraisons, si bien que selon des enquêtes de conjoncture menées par l’Insee, 45% des industriels pointent des difficultés d’approvisionnement, notamment dans le secteur du bâtiment, où le taux s’élève à 39%. 

Cet impact sur l’approvisionnement provoque une montée des prix de production : en un an, ils ont augmenté de 27%, dont 69% pour les céréales, puisque l’Ukraine est responsable de la moitié des exportations mondiales en tournesol, et de 12% de son blé.

Une inflation particulièrement élevée mais un scénario de croissance prévu

Si les prix de production augmentent, cela va de soi pour les prix de consommation et pour l’inflation : selon l’Insee, en mai, l’inflation s’élève à 5,2% et devrait atteindre les 5,4% en juin, bien qu’elle soit en partie contenue grâce au bouclier tarifaire mis en place par le gouvernement français, qui bloque les tarifs du gaz et de l’électricité. 

Mais ce bouclier n’a tout de même pas suffi : au premier semestre 2022, l’Insee recense une baisse du pouvoir d’achat. Ce sujet, qui inquiète de plus en plus, revient d’ailleurs sur la scène pendant l’élection présidentielle, et mobilise largement la parole pendant le débat d’entre-deux-tours. Néanmoins, ce pouvoir d’achat est prévu d’être plus modéré au second semestre, en passant de -1,5 % par rapport au dernier trimestre 2021, à 0,5 %.

Au premier semestre 2022, cette baisse du pouvoir d’achat s’accompagne d’une diminution de la consommation des ménages, soit une baisse d’1,3%, notamment pour les achats importants. Toutefois, certains facteurs pourraient réhausser cette consommation des ménages : d’abord, les entreprises affectées par Omicron au début de l’année pourraient profiter d’un effet de rattrapage, en relançant leur chiffre d’affaires et en rattrapant la demande, en particulier pour les services de restauration et d’hôtellerie. 

Ensuite, bien que le taux de consommation des ménages s’est affaibli, leur épargne, accumulée pendant les confinements, reste tout de même élevée : cela pourrait aider à amortir le choc des prix, en hausse depuis le début de la crise ukrainienne. 

Quels risques face à ce scénario de croissance au second semestre ? 

Selon l’Insee, si la consommation des ménages et le PIB pourrait légèrement se rehausser de 0,25% au second semestre, les risques sont nombreux : regain des tensions sur les prix de l’énergie et accentuation de celles sur l’approvisionnement en lien avec les développements géopolitiques, paralysie de l’économie chinoise compte tenu de la stratégie « zéro Covid » et des difficultés du secteur immobilier ainsi qu’un « durcissement des politiques monétaires notamment aux États-Unis », suggère l’Insee dans son étude du point de conjoncture. 

I.S