Entre 2010 et 2020, les ventes d’huiles essentielles produites en France ont augmenté de 47%, selon un récent rapport de l’Insee, si bien qu’aujourd’hui, la France se positionne comme le second pays producteur d’huiles essentielles de l’Union européenne, après l’Allemagne. De plus en plus, les emplois dans ce secteur d’activité se multiplient, notamment à Cannes et à Grasse, qui concentrent deux emplois sur trois du secteur. Mais d’où vient cet essor des huiles essentielles ? Quelle est leur utilisation ?
Une utilisation de l’Egypte ancienne à nos jours
Dès 4 500 avant Jésus-Christ, les huiles essentielles étaient déjà très utilisées dans les domaines comme la parfumerie, la médecine, les cosmétiques et les embaumements de corps. Au début, l’utilisation des huiles essentielles est assez liée à la religion : si les Grecs attribuaient ces découvertes à leurs divinités, les habitants au Moyen-Orient et en Egypte ancienne croyaient que les huiles essentielles pouvaient rapprocher l’esprit des humains avec les dieux après leur mort. Que ce soit en Egypte, au Moyen-Orient, en Chine ou dans l’Empire Romain, ces huiles prennent donc un essor considérable et forment une grande partie de la culture de ces civilisations, jusqu’au Moyen-Age.
Les Français au début du Moyen-Âge attribuaient leur utilisation aux sorcières, les considérant comme des produits maléfiques. Elles étaient donc très peu utilisées, voire plus du tout, jusqu’à l’époque des Croisades, au retour en Terre Sainte, où leur popularité reprend : elles représentaient un remède aux grandes épidémies comme la lèpre.
Que ce soit par la médecine ou par la parfumerie pour l’aristocratie française, les huiles essentielles se popularisent davantage et laissent ainsi place à la création de l’aromathérapie, dont René-Maurice Gattefossé en est le précurseur : en 1910, alors qu’il travaille dans son laboratoire, une explosion survient et brûle ses bras et sa tête. Par réflexe, il plonge ses bras dans un seau d’huile de Lavande Vraie, qui l’apaise et le cicatrise très rapidement. Dès lors, l’étude de ces plantes est répandue dans le monde entier et continue d’être un remède naturel efficace : aujourd’hui, leur utilisation est devenue très à la mode, notamment avec l’essor du bio, dont la demande ne cesse de croître.
Un savoir-faire historique, particulièrement en Provence
Les huiles essentielles en France témoignent donc d’un savoir-faire français qui remonte au Moyen-Âge, et qui se développe au XVIIIe siècle, notamment avec la création des Gantiers Parfumeurs à Grasse, capitale mondiale de la parfumerie, réputée en partie grâce à Catherine de Médicis. Entre plantation, pousse, récolte, conditionnement puis distillation, hydro-distillation ou expression à froid, la fabrication des huiles essentielles requiert des techniques de production précises, transmises de génération en génération depuis des siècles.
Ce savoir-faire historique est permis par ailleurs grâce aux terrains provençaux favorables à la production de ces huiles : si les ventes d’huiles essentielles françaises s’élèvent à 1,64 milliards d’euros en 2020, cela est dû en grande partie grâce à l’huile de lavande ou de lavandin, produite majoritairement en région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Région aux terrains méditerranéens majoritairement secs et caillouteux, elle est l’endroit idéal pour la pousse de lavande et de lavandin, si bien qu’aujourd’hui, la lavande et les huiles essentielles qui en découlent contribuent fortement à l’économie du Sud-Est de la France. Devenues un symbole de la Provence, elles contribuent massivement au tourisme et à la création d’emplois.
I.S