Santé – Projet MedPrint : l’avenir des implants chirurgicaux s’écrit à Marseille

Laurent Badhi (au centre, en blanc), entouré de son équipe © Le Méridional

La deuxième ville de France a encore bien des talents à révéler. Au cœur de l’Hôpital Nord de Marseille (13015), un discret laboratoire, composé d’une poignée de chercheurs passionnés, fait avancer à pas de géant la recherche et l’application des implants personnalisés. A la clé, une reconnaissance de l’université marseillaise comme étant à la pointe de l’innovation, et une révolution du monde de la médecine.

L’entreprise Glad Medical, créée en 2013 par l’ingénieur Laurent Badih, « propose aux industriels du secteur un accompagnement personnalisé et innovant pour l’évaluation et la validation d’une large gamme de dispositifs médicaux implantables Â». Une visite dans son centre de recherche et de développement, et une rencontre avec l’équipe, nous ont permis de prendre conscience de l’énormité des projets développés dans les arcanes de l’Hôpital Nord.

Un vivier d’échanges et d’expérimentations

« Le siège est à Salon-de-Provence, détaille Laurent Badih, également président de Glad Medical, mais nos locaux de recherche sont ici. Cela nous permet un échange quotidien avec des chercheurs de branches différentes, et une mutualisation des moyens. » Pour des chercheurs qui ont un pied dans l’industrie, le contact avec des ingénieurs, des cliniciens, etc. apporte beaucoup. A Marseille, ils bénéficient également de l’accès aux expérimentations sur corps donnés à la science et sur des corps d’animaux, et aux expérimentations mécaniques.

Essai de torsion cyclique pour implants dentaires endo-osseux © Glad Medical

Derrière Glad Medical, une idée bien précise

MedPrint est l’un des gros projets développés par le laboratoire. De quoi parle-t-on ? D’une solution complète et intégrée pour la conception et la validation d’implants pour la chirurgie sur mesure. « Au sein du laboratoire de biomécanique appliquée, Glad a été lancé avec l’idée qu’il y aurait, un jour ou l’autre, à faire valider les implants de dispositifs médicaux sur mesure, nous explique notre interlocuteur. Cela n’a bien sûr rien à voir de faire valider des dispositifs médicaux quand on les fabrique à la chaîne, et quand on les fabrique pour un seul patient. Â» Or, pour cette médecine personnalisée, il n’y avait pas de loi ni de réglementation pour valider et utiliser les implants. Le travail consiste à rechercher des solutions pour évaluer les implants.

l’entreprise obtient une accréditation en crédit d’impôt recherche

En 2019, le projet commence plutôt par des implants standards. « On cherche des solutions pour évaluer les implants, que ce soit au niveau expérimental ou au niveau numérique Â», nous précise Manon Sterba, ingénieure depuis plusieurs années au sein de l’équipe. L’entreprise obtient une accréditation en crédit d’impôt recherche, et se développe rapidement : elle est passée de quelques membres il y a trois ans à une dizaine aujourd’hui.

Un logiciel révolutionnaire

MedPrint est un logiciel révolutionnaire, puisqu’il permet un design personnalisé et optimisé d’un implant (qu’il soit maxillo-facial ou du genou… ce qui n’a rien à voir !) Tout cela demande une quantité impressionnante de recherche, de tests, d’essais, de retours : « On a développé une bibliothèque d’essais d’implants numériques, dans laquelle on a validé des tests standards pour chaque type d’implant. Une fois que l’on a tout validé et que l’on a les matériaux qui vont avec, on n’a plus qu’à récupérer les nouvelles données et à refaire le même test sur l’implant du patient particulier Â», développe encore la jeune ingénieure.

le chirurgien n’aura plus à toucher à l’implant

Le fabricant envoie le modèle standard, ainsi que la géométrie du patient, et l’équipe s’occupe de personnaliser l’implant. Le chirurgien n’aura plus à y toucher ! Ce qui garantit une optimisation et une solidité associées à la personnalisation de l’objet. En plus de cela, l’objectif du logiciel MedPrint est de composer un rapport de résultat étudiant la valeur de tenue mécanique de la plaque.

Essai de charge dynamique pour implants dentaires endo-osseux © Glad Medical

Une réalisation complète

Il est rare que des laboratoires français arrivent à ce point d’ensemble de l’étude. « En plus des tests expérimentaux et numériques pour évaluer la performance, observe Pierre-Jean Arnoux, directeur du laboratoire de biomécanique, on analyse les résultats. Il est certain que tester l’implant en conditions d’usage permet d’aller plus loin dans l’interprétation des résultats qu’on a obtenus ! Â» Le président ajoute d’ailleurs avec une pointe de fierté : « Avec les différents moyens qu’on a, il y a peu d’essais qu’on n’est pas capable de réaliser… On est la seule équipe au monde à pouvoir réaliser cela. Â» Il faut dire que la plateforme expérimentale de Glad est assez impressionnante : une batterie de machines (vérin hydraulique, vérin électromécanique, essais de traction, compression, système d’analyse du mouvement, de caméras rapides…) permet de tester la résistance des implants.

la seule équipe au monde à pouvoir réaliser cela

Les différents projets réalisés jusqu’à présent par Glad Medical ont permis au fabricant d’implants pour lequel ont été réalisées ces études d’obtenir des approbations pour la commercialisation en Amérique du Nord. « Notre vraie valeur ajoutée, c’est notre capacité à concevoir des protocoles spécifiques, en particulier pour des implants pour lesquels il n’existe pas encore de normes Â», conclut Laurent Badih. La démarche, en avance sur une réglementation pas encore disponible, est née au cÅ“ur du territoire marseillais. C’est ici que s’écrit l’avenir des essais cliniques de l’implantologie personnalisée.

Jeanne RIVIERE

Bal de la Paix 8 mai