La parole aux producteurs – Comment se porte le marché de l’huile d’olive ?

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On l’a vu en bonne place la semaine dernière à l’Hôtel de la Région Sud à l’occasion de la 26ème édition du concours d’huile d’olive : Olivier Nasles, président du syndicat de l’AOP Huile d’Olive de Provence, est oléiculteur de 10 hectares d’oliviers traditionnels en Bouches-du-Rhône. Expert du marché d’huile, il observe son évolution et ses facteurs de développement. Le Méridional l’a interrogé sur ce sujet, essentiel en Provence.

Guerre en Ukraine et pénurie d’huile de tournesol

Si le marché d’huile de tournesol s’écroule peu à peu avec une hausse des prix en raison de l’arrêt des importations ukrainiennes et russes en France, le marché d’huile d’olive, lui, tient le coup. Il n’a pas été impacté par la guerre en Ukraine et se porte même plutôt bien, notamment en Provence, région aux 3 200 000 oliviers, soit 66% de la production nationale tout de même.

le marché de l’huile d’olive tient le coup

Bien que la pénurie de tournesol inquiète les professionnels, qui cherchent des alternatives à ce produit, l’olive ne pourra pas le remplacer pour deux principales raisons : le goût et le prix. D’une part, l’huile d’olive, extraite par des procédés mécaniques, a un goût beaucoup plus marqué, dont les nuances peuvent varier. Fruités verts, mûrs ou noirs, les goûts sont riches. Or, l’huile de tournesol a un goût beaucoup plus neutre, raffiné, doux et sucré. En cuisine, elle s’associe facilement avec tout et ne donne pas de goût particulier aux plats avec lesquels elle est assaisonnée, contrairement à l’huile d’olive, qui donne une saveur méditerranéenne.

D’autre part, les prix sont considérablement différents : l’huile d’olive tourne autour de 5 à 75€ le litre en raison de ses coûts de production élevés ou des conditions climatiques, tandis que celle de la fleur du Soleil coûte facilement moins de 5€ pour un litre. « On ne joue pas dans la même cour. Les principes, les objectifs et les prix ne sont pas du tout les mêmes », explique Olivier Nasles.

l’agriculture biologique est dépendante d’autres marchés 

Le bio est en plein essor, mais reste un marché de niche

Un autre aspect du marché d’huile d’olive est, pour Olivier Nasles, l’essor du bio. A un moment où la demande est croissante, l’agriculture bio remplit, petit à petit, nos supermarchés. Mais pour lui, elle ne pourra tout de même pas remplacer complètement les huiles issues de l’agriculture non bio; « du moins pas d’ici les 10 ou 15 prochaines années », ajoute l’expert. Même s’il va continuer à se développer, le bio ne va pas tout substituer : que l’on pense aux impasses techniques et à la complexité des marchés notamment. Ainsi, il est difficile de produire du bio sans la Chine, qui détient des percées majeures dans la recherche de la biotechnologie.

> A voir aussi : La parole aux producteurs – Olivier Nasles : « Cela fait des années que les gens demandent du bio »

L’agriculture biologique est dépendante d’autres marchés et d’autres éléments qui lui permettent de se réaliser, tels que l’engrais d’origine organique, qui vient d’animaux. Si l’élevage s’effondre, il serait alors difficile pour le bio de subsister. « Le bio est plus qu’un frein culturel : cette interconnexion des marchés et cette dépendance à la Chine posent aussi un frein technique », résume Olivier Nasles.

I.S