On en a eu un avant-goût à la Nuit des Champions 2021 : « Après tous ces mois de covid, l’idée était de rassembler tous les sports de combat qu’on aime », observe Anthony Roméas. A côté de lui, son père Erick, bien connu du milieu, approuve avec un fin sourire. Les Roméas ont fait leurs preuves, les succès de la Nuit des Champions (28 éditions) et de l’Octofight (anciennement Octogone », 4ème édition cette année) le prouve. Cette édition 2022 de l’Octofight sera « 100% MMA » [Mixed Martial Arts]. Une discipline officiellement autorisée en France depuis 2020 seulement et pour laquelle l’engouement des pratiquants comme des spectateurs ne fait que croître.
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L’histoire de l’ « Octofight » est aussi marseillaise que celle de la Nuit des Champions. « A l’origine, explique Erick Roméas, il est arrivé dans notre fédération une discipline qu’on appelait pancrace, qui interdisait les frappes au sol. Alors que dans le MMA, on ne fait plus seulement de la percussion debout, on va jusqu’au sol. »
Pourquoi lancer cette aventure à Marseille ? « Depuis la fin du PFC [Pancrace Fighting Championship] au Palais des Sports, il n’y avait plus d’événements de pancrace à Marseille, explique Anthony Roméas. On s’est dit qu’il était temps de permettre aux champions de pratiquer ici. »
En France, un sport pratiqué sous le manteau
Il faut dire que cela fait un bout de temps déjà que les Roméas regardent ce qui se passe à l’étranger. Anthony – comme son père -, est un passionné de pieds-poings, mais il s’intéresse de près au MMA depuis une dizaine d’années. « Ça se pratiquait de façon plus ou moins clandestine dans les clubs français, mais on ne pouvait rien organiser, et les champions français qui voulaient combattre en MMA devaient partir pour l’étranger. J’ai suivi tout ça, je suis même allé à l’UFC [Ultimate Fighting Championship] en 2016. Et puis on pensait : « Cette discipline mixte, qui mélange le kick-boxing, la lutte, le jiu-jitsu… ce serait bien de la promouvoir ! »«Â
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En 2017, les Roméas on a pu rassembler les talents majoritairement sudistes de ces sports-là , en saupoudrant de talents venus de France et de l’étranger. En quelques éditions, ils sont devenus une référence dans ce domaine, aussi bien du côté des sportifs et que du côté du public. Après trois éditions en pancrace, 2022 sera donc l’année du 100% MMA.
L’histoire assez folle de l’UFC
Dans le paysage du monde anglo-saxon, le MMA est devenu un sport à part entière. L’UFC est la ligue mondiale la plus importante pour cette discipline. A l’origine de sa création, en 1993, une histoire assez folle, qu’Anthony nous raconte avec animation : « L’idée était de faire se confronter des champions de différents sports : un boxeur contre un sumo, un karateka contre un kick-boxeur, etc. » Le tout sans gants, sans limite de poids, sans limite de temps, avec des règles assez libres, afin de déterminer le meilleur représentant des sports de combat. Cela donne les « Mixed Martial Arts ».
dans le paysage anglo-saxon, le mma est un sport a part entière
Au début des années 2000, les règles se précisent, en même temps qu’apparaissent les mitaines, les catégories de poids et les limites de temps (3×5 ou 5×5) « Il est faux de dire que le MMA n’a aucune règle, souligne notre interlocuteur. Quelques exemples : pas de coup de coude « midi-minuit », pas de coup de poing dans la tête de l’adversaire quand il a trois points d’appui au sol. Les arbitres sont très vigilants. »
Un public marseillais plus qu’impatient
Si le public a déjà pu assister à quelques combats de MMA lors de la dernière Nuit des Champions, il était techniquement et réglementairement compliqué de mélanger le pieds-poings (sur un ring) et le MMA (dans une cage) ; deux fédérations, deux budgets aussi. Même si l’événement a été un succès, les Roméas envisagent plutôt de différencier la Nuit des Champions de l’Octofight (« On avisera pour la prochaine Nuit des Champions », précise Erick Roméas).
Parmi ceux qui viendront assister à cette 4ème édition un peu particulière, des passionnés de MMA, des passionnés de pieds-poings, et puis, sans doute, ceux qui vont venir voir cette « curiosité »… intrigués qu’ils sont par la légende véhiculée autour de ce sport réputé « ultime ».
Les têtes d’affiche de l’Octofight 2022
Pour cette édition 2022, une dizaine de combats et de belles pointures – notamment marseillaises, une fierté – sont attendues. Un des combats les plus attendus est sans doute celui qui opposera Mickael Lebout au Suisse Kevin Ruart. Le premier est l’un des rares Français à avoir évolué au sein de l’UFC.
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Philippe Salmon, kickeur bien connu dans le Sud, vainqueur de multiples combats, fera son premier combat en MMA face à Samy Si Ahmed. « Philippe Salmon a tenu à ce qu’on lui donne sa chance pour le MMA. Donc c’est vrai que le MMA attire pas mal de gens issus du pieds-poings », note Anthony Roméas.
On profitera aussi de la présence de champions comme Vincent Del Guerra, Araik Margarian, Sami Yahia, Samy Si Ahmed, Ghiles Oudelha… et de championnes, puisque les femmes sont aussi de la partie. « On n’est pas pour l’égalitarisme forcé, précise d’ailleurs Erick Roméas. Si on fait venir ces athlètes [Audrey Kerouche, Fabiola Pidroni, Laëtitia Gallardo, Mona Ftouhi], c’est que ce sont des combattantes de valeur, qui ne viennent pas pour se montrer. » La Marseillaise Audrey Kerouche, à 33 ans, est l’une des principales représentantes françaises du MMA.
En ouverture, un combat amateur verra le plus jeune champion de cet Octofight, Malik Bendaho, issu du monde du judo et qui s’est longtemps entraîné en pieds-poings.
Au niveau mondial, le MMA est le sport qui gagne le plus de pratiquants et d’aficionados, année après année. Les Roméas en connaissent un rayon dans le milieu, et pour eux « la France, qui conserve une tradition de champions dans les sports de combat, ne va pas faire exception. » Pour tout dire, Anthony estime même que l’arrivée de l’UFC à Paris n’est qu’une question de mois. Dans le paysage de ce sport relativement « nouveau » chez nous, Marseille entend bien occuper une place de choix…
Jeanne RIVIERE