La start-up qui promet – Des ballons de foot éco-conçus, marseillais, testés et approuvés par Decathlon

« Le ballon de foot, tout le monde sait ce que c’est, mais personne ne connaît le détail ! Même les personnes de la Fédération Française de Football ne savent pas ce qu’il y a dans un ballon…» Ce constat, cela déjà plusieurs années que Jean-Baptiste de Tourris et son épouse Agathe l’ont fait. Pour remédier à cela, ils ont lancé « Vista Â», une marque de ballons de foot éco-conçus. Et les fondateurs n’imaginaient pas faire démarrer l’aventure autre part qu’à Marseille, « terre de foot Â» par excellence. Les premiers ballons sont disponibles depuis quelques jours en pré-commande, et on vous raconte leur singulière histoire.

« A l’origine, Agathe échangeait avec Blissports, un e-commerce qui sensibilise les clients des articles de sport à des achats de plus en plus responsables, nous explique Jean-Baptiste de Tourris. Il y a des vestes de ski à 100€ et d’autres à 500€ : l’e-commerce explique les raisons d’une telle différence de prix : produire responsable, local etc. coûte évidemment plus cher. Â»

un ballon classique est composé de 8 à 10 plastiques différents, non recyclables

Il se trouve que du côté des ballons de foot, Blissports ne vendait que des « classiques Â» : Nike, Adidas, Puma… Les recherches montrent alors qu’il n’existe pas d’alternative responsable pour les ballons de football. Majoritairement, les acheteurs trouvent des ballons 100% plastique, fabriqués en Asie, principalement Pakistan, Vietnam, Chine et Inde, et dans des conditions peu optimales (les ONG présentes sur place le soulignent). « On est les seuls à dire où sont fabriqués nos ballons et quels sont les matériaux qui les composent Â», souligne Jean-Baptiste de Tourris.

« L’aventure est partie d’une idée simple, sans doute complètement naïve, étant donné que l’on n’y connaissait rien, sourit le co-fondateur : produire plus responsable. Â» Pour lui, le fait de débarquer en terrain inconnu était à la fois une faiblesse et une force. « On s’est dit : « Tout est possible Â» Â».

Matériaux vertueux et emplois utiles

« Il faut rappeler de quoi on part, explique encore Jean-Baptiste de Tourris. Un ballon classique est composé de 8 à 10 plastiques différents ; il est non réparable et non recyclable. Â» En lieu et place, les ballons Vista utilisent 50% de moins de plastique, remplacé par des matériaux de l’économie circulaire : des revêtements de sièges d’avions et de voitures partis à la casse, en l’occurrence ! La filière a été mise en place par une ONG au Kenya.

acheter 1 ballon tous les 4 ans au lieu de tous les ans

Les fondateurs tâtonnent un peu au début : ils tentent d’imaginer le projet avec des matériaux venus de France, puis des matériaux venus du Kenya et des ballons fabriqués totalement en France, avec machines à coudre industrielles…

Finalement, un bon compromis est trouvé : la première partie des ballons est fabriquée au Kenya. Une fabrication totale dans l’atelier marseillais ferait monter les prix des ballons à plus de 100€. Ce qui ne serait pas crédible, là où Decathlon propose des ballons à partir de 5€.

Les prix des ballons Vista ne dépassent pas les 50€. Ils sont de meilleure qualité car fabriqués à la main, réparables et recyclables. « Le but est d’acheter un ballon tous les trois ou quatre ans, contre un ballon tous les ans en moyenne Â», souligne notre interlocuteur.

Au Kenya, la filière fait vivre une centaine de personnes très éloignées de l’emploi. Pour beaucoup, il s’agit d’ailleurs du premier emploi déclaré.

La rencontre avec Decathlon

Jean-Baptiste de Tourris présente le ballon Vista au stade Vélodrome

« La rencontre avec Decathlon fait partie de l’histoire Â», s’amuse Jean-Baptiste de Touris. Un clin d’œil déterminant. Comment cela s’est-il fait ?

« Assez rapidement, avec Agathe, on se rend compte qu’on n’y arrivera pas seuls. On demande donc à des écoles d’ingénieurs de passer les projets de recherche auprès des ingénieurs [septembre 2020-février 2021]. On valide avec une école. Quinze jours après, celle-ci nous contacte pour nous dire que Decathlon l’a contactée pour le même sujet ! Decathlon s’est intéressé à notre projet, on a échangé etc. C’est comme ça qu’on est entré en contact avec l’entreprise. Â»

De son côté, Decathlon veut voir si le projet est crédible. Il est présenté à l’ensemble des personnes de l’équipe ballon de l’entreprise, des ingénieurs spécialistes. Decathlon, qui possède l’un des centres de test de ballons parmi les plus pointus en Europe, les fait passer par cette case. Approuvés !

Grâce à ce partenariat et à d’autres, l’aventure s’accélère. Une belle fierté pour Jean-Baptiste de Touris et son épouse : « Je ne pensais pas qu’on allait arriver si rapidement à ce stade Â», conclut-il – sans jeu de mots ? Depuis début janvier, une personne travaille dans l’atelier d’insertion à Marseille. Si tout roule, le nombre d’emploi s’étoffera.

Raphaëlle PAOLI

La campagne de pré-commande des ballons Vista est ouverte.