Décidément, les frères Guérini n’en ont pas fini avec la justice. Près de quinze après l’ouverture d’une information à leur encontre pour « marchés truqués », « trafic d’influence », « détournement de fonds publics », la cour d’appel d’Aix-en-Provence a décidé de mitiger légèrement les peines de prison qui ont été infligées en correctionnelle à Marseille au sénateur Jean-Noël Guérini, ancien président socialiste du conseil général des Bouches du Rhône et à son frère Alexandre, dit « Monsieur Frère », le deus ex-machina de ces combines socialistes qui rappellent les temps anciens où les pouvoirs publics à Marseille était aux mains des truands.
Jean-Noël Guérini avait en effet été condamné à quatre ans de prison dont deux avec sursis, à 50 000 euros d’amende et à cinq ans de privation de ses droits civils et civiques. Or la cour d’appel a ramené cette peine à trois de prison dont dix-huit mois avec sursis, 30 000 euros d’amende et cinq ans de privation de ses droits civiques.
Le plus incroyable de l’histoire, c’est que le parlementaire reste sénateur jusqu’à l’extinction des recours. Comme son avocat Me Hervé Temime a formé un pourvoi en cassation, le sénateur socialiste demeure condamné pour l’instant à une peine infamante mais il reste un prestigieux locataire du palais du Luxembourg grâce à la complicité du conseil constitutionnel qui estime à bon droit qu’on ne saurait acquiescer à la demande des juges d’exécuter sa déchéance politique en l’absence d’une condamnation définitive.
En France, on peut donc en même temps être condamné à une peine de prison « pour avoir agi avec une malhonnêteté caractérisée », selon l’avocat général aixois, et être réinvesti dans ses fonctions politiques nationales comme si de rien n’était…
Quant à « Monsieur Frère », Alexandre le combinard socialiste, il a été condamné à six ans de prison ferme (au lieu de huit en première instance) avec mandat de dépôt à la barre. Alexandre Guérini a donc aussitôt été arrêté par les forces de l’ordre et a rejoint la prison de Luynes dans la soirée de mercredi.
On ignore combien les combines socialistes ont rapporté en réalité aux frères Guérini lorsqu’ils régnaient sur les Bouches du Rhône, faisaient et défaisaient les carrières à leur guise et rendaient des services tous azimuts pour renforcer leur implantation clientéliste. Ce qui est sûr, c’est que la justice a confisqué près de dix millions d’euros sur les comptes off-shore d’Alexandre Guérini. Les frères Guérini auraient dû se souvenir du proverbe que leur avait appris leur instituteur du Panier : « bien mal acquis ne profite jamais ».
José D’ARRIGO, rédacteur en chef du Méridional