Si « Saint-Ex » fait encore et toujours parler de lui, ce n’est pas un hasard. Né en 1900, il a traversé la moitié du siècle en épousant l’un des symboles du progrès : l’aviation. Personnalité fascinante, Antoine de Saint-Exupéry a aussi un lien tragique avec le Sud, puisque c’est au large de Marseille qu’il périt, en 1944. Les éditions Glénat, dans une nouvelle édition de bande dessinée, offrent un bel aperçu de la vie que cet homme a vécu, pour voler.
« Le chef d’exploitation de la compagnie a besoin d’être secondé dans ses tâches administratives. »
– Je vous suis reconnaissant, monsieur le directeur, mais mon désir est de voler, uniquement voler.
A l’époque (au début de la décennie 1920), on ne plaisante pas avec les aventures dans le ciel. Ni avec le courrier. Cette « religion » s’explique par l’importance du courrier, qui représente encore le principal moyen de communication entre les gens.
Pour « le patron », (Daurat), le courrier est plus précieux que la vie : c’est dire ! Cela n’est pas pour faire peur au jeune Antoine de Saint-Exupéry. En 1926, quand il est engagé comme pilote au sein des Lignes Latécoère, il côtoie les pionniers de ce qu’on a appelé « l’Aéropostale », dont beaucoup deviendront des amis : Jean Mermoz, Henri Guillaumet…
Où le mène ce drôle de métier-passion ? En Afrique, en Amérique du Sud, mais aussi aux Etats-Unis à partir de 1940. Entre les années 20 et les années 40, les avions ont évolué à vitesse grand V. En cette Deuxième Guerre mondiale, au vu de leurs nouvelles capacités, les avions ont pris une importance décuplée par rapport à l’époque de la Grande Guerre. Dans le ciel, les pilotes prennent tous les risques pour faire avancer les pions de l’échiquier politique.
Le risque, jusqu’à la mort : l’amitié entre pilotes est d’autant plus intense qu’ils connaissent tous la folie du vol qui les habite chacun. Le 31 juillet 1944, Saint-Exupéry décolle de Corse pour une mission de reconnaissance photographique. Il disparaît en mer, au large de Marseille.
Dans cette fiction inspirée de la vie de Saint-Exupéry, les auteurs (Pierre-Roland Saint-Dizier et Cédric Fernandez) ont inséré des passages des œuvres du pilote-auteur : puisque oui, la sensibilité de cette personnalité se révèle aussi à travers ses écrits (dont beaucoup ont été récompensés ; « Le Petit Prince » est d’ailleurs l’un des livres les plus traduits dans le monde.)
« Et maintenant, au cœur de la nuit, comme un veilleur, il découvre que la nuit montre l’homme : ces appels, ces lumières, cette inquiétude. » (« Vol de nuit »). Les pieds sur terre, Saint-Ex, mais la tête dans le ciel, définitivement.
Jeanne RIVIERE
« Saint-Exupéry, 1900-1944 », Pierre-Roland Saint-Dizier et Cédric Fernandez (trois albums réunis en un seul, pour cette nouvelle parution), éditions Glénat, février 2022, 160 pages, 14,95€.