La start-up qui promet – Teed Up, le sport en partage

© Pxb

Il est 18 heures, un soir de semaine. Après une journée de télétravail passée derrière un écran, qui d’entre nous aurait la motivation pour une sortie sportive en solitaire ? Nombreuses sont désormais les personnes qui connaissent cette situation du travail à la maison, sans aucun doute amenée à durer… La formidable application Teed Up, lancée il y a peu par un Marseillais d’adoption, veut remédier à cela en transformant le sport en un moment de motivation… et de rencontre ! Son fondateur, Simon Kuster, nous présente cette start-up en pleine lancée.

Simon Kuster a 29 ans. On peut dire sans hésitation qu’il a effectué un parcours atypique : des débuts dans l’ébénisterie, puis une classe préparatoire aux grandes écoles en mathématiques, une école d’ingénieur à Grenoble… Vous l’aurez compris, Simon est un bourlingueur qui ne craint pas l’aventure. Il connaît bien Marseille puisqu’il y a travaillé pendant un temps. Cela fait du reste trois ans qu’il est revenu dans la ville.

Une prise de conscience

Quand arrivent le Covid et le premier confinement, des millions de Français cessent du jour au lendemain de sortir. Les sportifs souffrent particulièrement de voir leur entraînement se volatiliser. Pour un jeune comme Simon qui a touché à plusieurs sports (judo, boxe, MMA, tennis…) et pratique régulièrement, le coup est rude. « Je me suis retrouvé à faire du sport tout seul à la maison ; j’ai pris conscience qu’à côté, dans les immeubles voisins, dans le quartier, dans la ville, des tas de gens faisaient sûrement la même chose que moi. A ce moment-là, j’aurais eu envie de partager ce moment de sport avec eux, d’échanger des conseils aussi. Et par la même occasion, de rencontrer de nouvelles personnes ! »

Cette idée, née d’un besoin personnel, est bien issue d’une « prise de conscience Â». Quand Simon Kuster recherche une plateforme de partage de sport, les résultats sont loin d’être concluants. « Je n’ai rien trouvé d’intéressant, et en en parlant autour de moi, je voyais que je n’étais pas le seul à éprouver ce manque. »

Le changement des habitudes

Il faut dire que le confinement a profondément bousculé les « codes Â» de la pratique du sport. « Avant, les gens pratiquaient un sport essentiellement pour la santé. Ils « allaient à la salle Â», selon l’expression. Après le confinement, il est évident que beaucoup ne font plus du sport pour les mêmes raisons. Â» Au-delà de la pratique, il y a désormais un besoin d’interaction sociale. La nouveauté du télétravail a favorisé un changement de rythme, qui permet de nouvelles habitudes. Faire un footing à l’heure du déjeuner, par exemple, devient possible. Aujourd’hui, Teed Up permet aussi aux entreprises de créer un compte gratuit et de proposer des rencontres sportives à leurs salariés. Une bonne façon d’allier bien-être et esprit collectif.

le télétravail a bouleversé les habitudes sportives

L’application

Le principe de l’application est simple : les membres rejoignent une annonce proposée ou publient un rendez-vous. Grâce à la géolocalisation, je peux voir qui propose telle activité dans mon quartier. Si je n’ai pas envie de courir seul ou que je veux pratiquer un sport qui nécessite un partenaire (tennis, boxe…), c’est possible. Le fait de pratiquer un sport à deux ou davantage est aussi un gage de sécurité. « Souvent, les filles en particulier ne veulent pas sortir seules le soir quand il fait nuit. A plusieurs, le principe est différent !, explique Simon Kuster. Et puis, on a conçu cette application pour motiver les gens avec un côté ludique et social Â», ajoute en riant notre fondateur.

La partie gratuite de l’application propose des rencontres sportives sur environ 80 disciplines (sport et handisport). Les teeders premium (un abonnement représente entre 4 et 8€ par mois) vont pouvoir être mis en relation avec des coachs. Ces derniers paient un abonnement (entre 50 et 80€) au mois, pour ensuite proposer librement leurs services, en mettant un prix par discipline et par type de sport.

Plus les teeders créent des rencontres, plus ils vont être « récompensés Â», via des réductions à retrouver dans des magasins sportifs partenaires ; ils sont une quinzaine pour le moment, dont une dizaine à Marseille.

Deux marchés inconnus et 2 000 utilisateurs en deux mois

Ce n’est pas tout d’avoir un projet. Comme il l’avoue avec un sourire, Simon a dû s’attaquer à deux marchés qu’il ne connaissait pas : celui du sport et celui de l’application mobile. En mars 2021, il se lance décidément dans l’aventure en quittant son travail pour se consacrer à temps plein au développement de l’application. Construction d’un business plan, rencontres concluantes avec des investisseurs privés… La société Teed Up est lancée en avril et l’équipe s’étoffe de deux membres associés (pour le côté commercial et le côté communication). L’application est lancée officiellement début janvier 2022. Et le succès est bien au rendez-vous, puisque l’application a dépassé les 2 000 utilisateurs en bientôt deux mois. La société, basée à Marseille, séduit une communauté locale, mais est en passe de se développer à Paris notamment. Prochain objectif de la start-up : trouver des coachs sportifs dans chaque grande ville de France.

Les valeurs du sport, et au-delà

« Je pense que le sport est porteur de valeurs, mais il représente aussi un besoin d’échange. C’est cela que nous avons voulu transmettre Â», résume le jeune startupeur.

La chance de la start-up Teed Up est qu’elle arrive sur un marché complètement bouleversé par le confinement. « Les gens n’ont plus envie de subir des contraintes imposées, au sens large Â», résume Simon Kuster. De belles figures d’ambassadeurs vont venir dorer le blason de l’application… à vous d’aller les découvrir !

Raphaëlle PAOLI