Né en 1930 à Marseille, Pierre Bellon est décédé hier, 31 janvier, à l’âge de 92 ans. L’entrepreneur de génie avait notamment créé un empire dans le monde de la restauration collective : la « Sodexho » (Société d’Exploitation Hôtellière), devenue « Sodexo » en 2008. En avance sur son temps, il était parti de presque rien, pour s’élever à un niveau mondial.
« Un esprit libre que la prise de risque n’a jamais effrayé » : c’est ainsi que le définit sa fille Sophie Bellon. Le risque, l’entrepreneur l’a certainement côtoyé. Pierre Bellon perd sa mère très jeune, intègre l’école des Jésuites à Lyon, et tente l’école de commerce HEC… quatre fois, avant d’y accéder enfin. Plutôt que de suivre les traces de son père, dont l’entreprise approvisionne les bateaux Marseille-Alger, le jeune homme, de retour à Marseille, s’intéresse de près à un secteur assez neuf, celui de la restauration collective.
L’avenir prouvera qu’il avait raison. Pierre Bellon s’accroche, malgré des débuts peu évidents : pour tout dire, il commence par livrer des plats avec sa camionnette. Et puis, de fil en aiguille, dans les entreprises, les hôpitaux, les écoles… la clientèle s’élargit. Jusqu’à la consécration, puisque Sodexo est entrée au CAC 40 et génère tout de même plus de 400 000 emplois dans une cinquantaine de pays.
Pierre Bellon a marqué le Medef : il en a été vice-président de 1981 à 2005, et a siégé au Conseil exécutif entre 1976 et 2013. L’homme n’a jamais oublié son accent marseillais – certains affirmait qu’il ressortait surtout lors de ses colères légendaires. Mais sa bienveillance se traduisait par une attention aux salariés et une volonté de récompenser les vrais travailleurs.
Raphaëlle PAOLI