La campagne des élections présidentielles françaises a bel et bien commencé ; le rythme va s’accélérer encore au cours des prochaines semaines et ce jusqu’aux scrutins finaux (10 et 24 avril 2022). Parallèlement, la France a pris la présidence de l’Union européenne en janvier, pour six mois. La dernière présidence française remonte à quatorze ans, sous Nicolas Sarkozy (2008). Ce croisement de calendriers peut-il avoir des conséquences ?
Emmanuel Macron europhile affiché
La récente polémique autour du drapeau européen accroché seul sous l’Arc de Triomphe pour marquer cette entrée dans la présidence européenne en dit beaucoup sur la position d’Emmanuel Macron. L’actuel président – qui n’a pas annoncé officiellement une candidature à sa réélection – table sur une image d’europhile convaincu. Dès qu’il le peut, il souligne son attachement à « une Europe libre de ses choix, maître de son destin ».
Une présidence française faussée par la campagne électorale nationale et un possible changement d’exécutif
Présider l’Union européenne signifie organiser de multiples réunions et faire avancer les dossiers. Certains sont « hérités », d’autres seront dirigés par le nouveau pays président. Cela signifie qu’il peut, s’il y a un changement de président en France, y avoir un changement dans l’exécutif de la présidence de l’UE et une volonté différente dans la gestion des dossiers en cours. Dans les faits, la France aurait pu décaler cette présidence. C’est sans conteste un choix politique de ne pas l’avoir fait.
Dans les rangs français, une désunion affichée
Dans les rangs français, on ne se prive pas, en cette période de campagne, de tirer à boulets rouges sur le camp du président Macron. Si ce dernier se défend de se servir de cette présidence comme d’un « marchepied électoral », c’est pourtant ce que lui reprochent certains eurodéputés. Le 19 janvier 2022, lors du discours présidentiel où Emmanuel Macron présentait sa vision de l’Europe, les critiques ont fusé de différents côtés.
Quand Yannick Jadot (EELV et candidat à la présidentielle) le traite de « président de l’inaction climatique », Manon Aubry (LFI) dénonce un bilan européen « de l’arrogance » : « Votre bilan européen n’est qu’arrogance, impuissance et manigance. Sur le fond, vous êtes le champion des compromissions et des doubles discours. Sur la forme, vous n’avez cessé d’être le président du mépris. » Pour l’eurodéputé Jordan Bardella, « Emmanuel Macron est incapable de faire de la politique sans mépris, sans une forme d’arrogance, de cynisme, de morgue à l’égard du peuple français ou de personne en désaccord avec sa politique. » « Vous promettiez la fin des clivages et vous laissez le pays et l’Europe fracturés », a taclé François-Xavier Bellamy (eurodéputé Les Républicains). Bref, les règlements de compte n’ont pas manqué et ne manqueront pas…
Dans tous les cas, la présidence française à l’Union européenne ne peut que pâtir de ce calendrier. La métaphore du « match » employée par Christophe Castaner, chef de file des députés LREM à l’Assemblée nationale, est sans doute la meilleure… Le président « parlera d’Europe » et les opposants « ne manqueront pas de parler de petite politique et de campagne présidentielle ». Et pourquoi s’en priver…
Raphaëlle PAOLI