Le coin des Bandes Dessinées – Russie ou Japon ?

Cette semaine, le coin des livres se mue en coin des bandes dessinées ! Janvier marque traditionnellement un mois de nouveautés dans ce domaine avec le projecteur du festival d’Angoulême. Cette année, sa date est reportée à la mi-mars. Mais à défaut de flambant neuf, deux sorties de fin d’automne remarquables : « Bérézina Â» et « La jeune femme et la mer Â».

• « Berezina », scénario de Sylvain Tesson et Virgile Dureuil, dessinateur Virgile Dureuil, éditions Casterman, 136 pages, 20€.

Il y a quelques années déjà, le dessinateur Virgile Dureuil s’était attaché à transcrire en images l’ouvrage de Sylvain Tesson « Dans les forêts de Sibérie Â». Il renouvelle le succès avec « Berezina Â» (paru en livre en 2015). Ceux qui ont déjà lu l’ouvrage du célèbre écrivain voyageur retrouveront sans peine l’esprit de sa quête traduite en dessins.

1815-2015 : pour commémorer à leur manière le bicentenaire de la retraite de Russie, ils sont cinq amis (Tesson, deux autres Français et deux Russes) à se lancer dans un voyage un peu particulier : revenir sur les traces de l’armée napoléonienne en déroute. Départ de Moscou, jusqu’à Paris, en traversant la Biélorussie, la Pologne, l’Allemagne. En plein hiver et en ayant choisi des side-cars « Oural Â» (pour leur réputation), les intrépides se souviennent de l’Histoire. Cette excellente bande dessinée permet – notamment à de jeunes lecteurs, de faire le lien entre XIXème et XXIème siècles, et de raccrocher entre eux des pans de ce périple-débandade incroyable des soldats de la Grande Armée.

• « La jeune femme et la mer Â», Catherine Meurisse, éditions Dargaud, 116 pages, 22,50€.

Ce qu’on apprécie d’emblée en feuilletant simplement « La jeune femme et la mer Â», ce sont sans doute les couleurs et les formes, qui attirent l’œil par touches à la façon des estampes japonaises. C’est en effet dans le monde magique et mystérieux du Pays du Soleil levant que la dessinatrice française nous fait entrer. L’album est lui-même tiré de ses séjours au Japon, lorsque Catherine Meurisse avait cherché à en découvrir les paysages et les coutumes. Mais les uns comme les autres ne se laissent pas facilement capturer.

En compagnie de son double japonais et de compagnons comme le farceur « tanuki Â», animal de la mythologie japonaise ressemblant à un raton-laveur, l’héroïne apprend à apprivoiser la nature du pays d’Hokusai et à troquer sa naïveté contre la sagesse. Les dessins de « La jeune femme et la mer Â» sont à la fois légers et pleins de poésie, et l’humour n’est pas absent des pages.

Jeanne RIVIERE