Si le métavers – ce réseau social en réalité virtuelle – commence à faire parler de lui, c’est une révolution dont beaucoup ne mesurent pas encore les implications. Il pourrait bouleverser notre vie sociale, économique, et démocratiser radicalement l’usage des crypto-monnaies.
Une technologie sur le point de changer le monde
« Le métavers est le prochain chapitre d’Internet », prédit Mark Zuckerberg : une sorte de réseau social en 3D, accessible grâce à un casque de réalité virtuelle, qui nous propulserait dans un monde immersif via notre avatar personnel. Il faut dire que le créateur de Facebook joue gros. Son entreprise a investi des milliards, créé des divisions spécialisées, et vient de rebaptiser son groupe « Meta » pour acter officiellement ce tournant technologique qui pourrait rendre obsolètes les réseaux sociaux traditionnels. Les avatars interagiraient dans un monde artificiel créé pour l’occasion, avec ses paysages, ses bâtiments, ses commerces…
Les implications sont énormes : on pourrait sortir avec ses amis à distance sans jamais les voir physiquement, faire du sport, des achats, des réunions de travail avec ses collègues, etc. Jusqu’à délaisser la vie réelle. Un scénario déjà exploré par le film de science-fiction Ready Player One de Steven Spielberg sorti en 2018, peut-être prémonitoire.
Le métavers est aussi une opportunité pour les petits acteurs du digital de rebattre les cartes d’un secteur numérique actuel outrageusement dominé par des GAFAM (Google Amazon Facebook Apple Microsoft), qui accaparent la quasi-totalité des richesses créées. De nouveaux venus ambitieux se positionnent sur ce nouveau marché, mais il sera difficile d’égaler la puissance de feu de ces géants. Plusieurs univers alternatifs existent déjà, comme Decentraland, The Sandbox, Second Life, et bien sûr Meta.
Un univers où les crypto-monnaies sont reines
Dans le métavers, les échanges marchands se font en cryptomonnaie. Lorsqu’un utilisateur achète par exemple un terrain ou des vêtements pour son avatar, il obtient des NFTs (Non Fongible Tokens), ces titres de propriété infalsifiables qui certifient la possession d’un actif numérique. Ces NFTs sont valables pour Internet dans son ensemble, et permettront par exemple à l’acheteur d’une montre de luxe dans un métavers de la porter dans les autres, et même dans le monde réel, où elles deviendraient visibles grâce à des lunettes de réalité virtuelle.
Pour conserver ses acquisitions d’un métavers à un autre, il est nécessaire qu’ils soient basés sur la même technologie de blockchain, et décentralisés. C’est le cas de Decentraland, qui a conservé les principes libertaires des cryptomonnaies ; il est géré selon des principes démocratiques, où les utilisateurs votent les décisions. Meta, au contraire, restera gouverné de manière verticale par Mark Zuckerberg. Si les acteurs du secteur s’accordaient sur l’interopérabilité de leurs technologies, ils pourraient ouvrir la voie à des potentialités infinies, dont la seule limite est l’imagination. C’est l’objectif du projet OVR, un métavers déjà ouvert aux NFT de toutes provenances, et qui ambitionne d’abattre les frontières entre ses homologues.
C’est toute une nouvelle économie qui va se développer, probablement de manière exponentielle, en miroir de celle du monde réel. Les marques y ouvriront leurs boutiques, les grandes entreprises y déploieront leur communication et leur publicité, les artistes y organiseront leurs concerts – certains ont déjà commencé. Nike et Adidas ont flairé le filon et proposent déjà des produits à la vente dans les métavers sous forme de NFT. Dans cette économie de demain, les cryptomonnaies ne seront plus l’apanage des connaisseurs et des spéculateurs, mais deviendront une part incontournable de notre vie quotidienne.
Antoine LIVIA