Xavier Moreau : « La gauche est persuadée d’être investie de la mission quasi-divine de transformer la société »

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Un nouveau venu a rejoint le club des « livres noirs Â». Il s’agit du « Livre noir de la gauche française Â», Å“uvre de Xavier Moreau, politologue et spécialiste du monde slave. Mépris du peuple et des femmes, corruption, colonisation, collaboration, destruction du système éducatif… L’auteur dresse un réquisitoire sans compromis de la gauche hexagonale depuis la Révolution.

Le Méridional : Xavier Moreau, quelles sont pour vous les origines de la gauche française ?

Xavier Moreau : L’expression de « gauche Â» provient de la Révolution française de 1789, avant de s’étendre au monde entier. L’assemblée dite « Constituante Â», présidée par le roi de France, se réunit pour la première fois à Versailles pour élaborer une nouvelle constitution. A sa droite se regroupent les monarchistes constitutionnels, conservateurs, et à sa gauche se rassemblent les révolutionnaires les plus radicaux, futurs régicides, qui sont les Girondins et les Jacobins. Les Girondins seront à l’origine de l’expansion militaire de la Révolution, et les Jacobins d’une tyrannie à l’intérieur du territoire français. J’ai analysé les idées de ces deux courants, et j’ai tenté de suivre tout au long de l’Histoire jusqu’à nos jours la manière dont elles avaient été appliquées.

L.M : Que reprochez-vous à cette gauche ?

X.M : Elle est obsédée par la volonté de répandre dans le monde entier ce qu’elle considère comme ses valeurs universelles, et en même temps elle s’octroie une mission de régénérer le corps social et le peuple français, ce que personne ne lui a demandé. Pour réaliser cette régénération elle est prête à tout, y compris par les moyens les plus violents, tant elle est persuadée d’être investie de la mission quasi divine de transformer la société.

Je suis remonté jusqu’au « régime totalitaire » protestant de Calvin à Genève. La gauche a ce sentiment messianique qui lui donne l’impression d’être au-dessus de tous et d’avoir tous les droits. Je montre qu’il y a des permanences depuis cette gauche bourgeoise de 1789, qui prend le pouvoir en 1792 au moment de la Terreur. Elle va générer toute une idéologie, une praxis de la politique, qui lui autorise crimes et prévarications sans jamais avoir aucun remords, car elle se considère comme élue pour régénérer l’humanité tout entière. Je pense qu’on retrouve dans la gestion actuelle du Covid par le régime d’Emmanuel Macron certains traits des terroristes de la Convention.

L.M : Vous affirmez que le jeu politique français ne se divise pas entre la gauche et la droite, mais entre « cinquante nuances de gauche Â», pourquoi ?

X.M : Il y a deux manières de voir les choses. La première est la vision topographique : on regarde les partis politiques en présence, et on se dit : Marine Le Pen et Éric Zemmour sont à droite, Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron sont à gauche. Mais si on regarde les idées derrière les partis, ce sont quasiment toutes les mêmes. Marine Le Pen veut rétablir la souveraineté du pays, mais pour mettre en place un programme socialiste qui était celui de François Mitterrand. Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon sont la prolongation du parti radical de la IIIème République. Etc.

C’est d’ailleurs un historien de cette époque-là, Albert Thibaudet, qui parle de « sinistrisme Â», c’est-à-dire d’un déplacement de la vie politique française vers la gauche. Gambetta et Jules Ferry sont d’extrême gauche en 1880, ensuite apparaissent les radicaux socialistes de Clemenceau, qui sont eux-mêmes doublés sur leur gauche par la SFIO, qui l’est à son tour par le parti communiste. Donc les radicaux de 1880 ont quasiment basculé au centre droit quand éclate la Seconde Guerre mondiale, mais ils restent de gauche, ils n’ont pas changé d’idée.

L.M : A vos yeux, il n’y a donc aucun parti ou personnalité politique réellement de droite en France ?

X.M : Je dirais que la personne la plus à droite au sein des grands partis est Éric Zemmour. Sur le plan économique, il soutient un programme de relance par la production semblable à celui de François Fillon en 2017, et se réfère à une vision conservatrice de l’Histoire de France que Marine Le Pen ne défend pas. Il fait aussi des questions sociétales un objet de débat, ce qui est déjà énorme, en dénonçant le lobby LGBT. Il est donc le plus à droite, sachant que par rapport à ma grille de lecture on est encore loin du compte. Il y a un véritable déficit sur ce plan.  

L.M : Tous les méfaits que vous reprochez à la gauche n’auraient-ils pas pu être commis par la droite ?

X.M : Le problème, c’est que la droite a très peu été au pouvoir en France. J’estime que la gauche prend la pouvoir en 1792, par la Terreur. Ensuite il y a la réaction thermidorienne, mais qui est aussi de gauche et fait la guerre aux écoles libres. J’ai pris le parti de ne pas m’occuper de l’Empire et de la Restauration, et on peut partir dans des débats interminables sur le bord politique de Napoléon III. J’ai donc sauté de la Révolution à la IIIème république, où la gauche gouvernait. Donc dans la mesure où la droite n’était pas au pouvoir, elle n’en a pas eu l’occasion.

Selon moi, le seul moment en 230 ans où la droite est au pouvoir, c’est sous le général de Gaulle. Lui fait exactement l’inverse de ce qu’a fait la Révolution. Il met fin à la colonisation, recentre la France sur son pré carré, la réindustrialise. Quand Charles de Gaulle occupait l’Élysée, il était connu pour payer lui-même sa nourriture et son électricité. Comme je le dis dans mon introduction, je ne pense pas que Sarkozy ait été un président de droite. Il l’est certes plus que Giscard et Chirac, mais il n’a pas remis en cause les 35 heures, a mené une politique étrangère de gauche, néocoloniale en Libye, et a rejoint le commandement intégré de l’OTAN que le général de Gaulle avait quitté, ce qui était la volonté de François Mitterrand.

L.M : Dans votre réquisitoire, la gauche « du sud de la France Â» est-elle bien représentée ?

X.M : Il y a bien Christophe Castaner, qui est la figure de proue de ce que j’appelle la gauche illettrée. Sous la IIIème République existe une gauche brillante, celle de Jaurès ou de Clemenceau. Et on la regrette quand on contemple celle d’aujourd’hui, depuis François Hollande et surtout Emmanuel Macron, avec Sibeth Ndiaye et Christophe Castaner, fruits de l’éducation nationale et des médias. Le niveau est devenu tellement bas que ce dernier a pu devenir ministre de l’Intérieur.

Propos recueillis par Antoine LIVIA

« Le livre noir de la gauche française Â», Xavier Moreau, The Book Edition, 179 pages, décembre 2021, 20€.