La justice vient de condamner Philippe Martin, président socialiste du Conseil départemental du Gers et ancien ministre de François Hollande, pour avoir entretenu deux emplois fictifs avec les finances de l’Assemblée nationale. Après avoir reconnu les faits, il a démissionné de ses fonctions. Cette affaire n’est pas une première dans la classe politique ; elle illustre la tendance d’une certaine gauche à dilapider l’argent du contribuable.
La déchéance d’une ancienne gloire du PS
C’est un baron local du Sud-Ouest qui vient de chuter, et pas des moindres. Philippe Martin est un politicien de carrière : il fut préfet, chef de plusieurs cabinets ministériels sous Mitterrand, président du Conseil général du Gers, député du même département gascon, et même brièvement ministre de l’Écologie de François Hollande. Il était ensuite revenu à ses fonctions à la présidence du Conseil départemental. Ce socialiste proche de Laurent Fabius s’est fait remarquer par son opposition aux essais d’OGM en pleins champs, et par son projet avorté de « taxe carbone ».
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L’ensemble de cette vie politique est désormais terni par un épilogue piteux : l’intéressé vient d’être condamné à deux ans de prison avec sursis pour détournement de fonds publics par le Parquet national financier (PNF), le 4 janvier 2022. Entre 2002 et 2013 alors qu’il était député, il a rémunéré son ex-épouse Joëlle Martin pour un emploi de collaboratrice parlementaire parfaitement fictif. Il évite pour cette fois la prison, mais est déclaré inéligible pour trois ans, devra rembourser les 238 000€ perçus par sa complice, plus 70 000€ d’amende. Mais ce n’est pas tout : Philippe Martin a également payé le salaire d’une collaboratrice PS de la ville d’Auch avec l’argent de l’Assemblée nationale, et devra rembourser 194 000€ supplémentaires.
Un symbole de la prévarication de la gauche de gouvernement
L’intéressé a plaidé coupable, « pour ne pas m’engager dans un marathon judiciaire ». « C’est très rare qu’un accusé reconnaisse et s’excuse. Je le fais aujourd’hui », se justifie-t-il dans sa dernière conférence de presse. S’il avait d’abord tenté de se défendre, les faits étaient accablants, alors qu’il n’y avait aucune preuve matérielle de l’existence de ces emplois fantômes, dont aucun des vrais assistants parlementaires du député n’avait entendu parler. Placé dans une situation intenable, le Gascon a donc démissionné de sa présidence du département le 6 janvier.
L’impunité ne pouvait plus durer. Pendant 11 ans, un homme politique a payé son épouse avec les deniers du contribuable. Ce professionnel chevronné de la politique ne pouvait ignorer la portée de ses actes. Il a certes fait amende honorable, mais pour négocier une peine allégée, sachant sa défense sans espoir. Dépenser sans compter l’argent des autres est un art que les socialistes maîtrisent à la perfection. Si Philippe Martin est repris la main dans le sac, il pourrait d’ailleurs tenir compagnie aux frères Guérini, nos champions locaux de la magouille.
La majorité actuelle ne fait pas mieux
Le responsable LREM du Gers Bertrand Gonthiez a dénoncé une « affaire Fillon gersoise ». Il n’a pas tout à fait tort. En 2017, François Fillon, candidat LR aux élections présidentielles et favori des sondages, subit la révélation par la presse d’un soupçon d’emploi fictif concernant son épouse Pénélope. L’affaire est similaire, mais l’ancien Premier ministre, condamné en première instance, n’a jamais reconnu les faits, et a fait appel. Cette enquête est menée par le Parquet national financier, dont une responsable a admis publiquement avoir subi des pressions politiques. Cette affaire, opportunément dévoilée à l’aube du premier tour des élections présidentielles, a fait chuter le candidat Fillon, qui n’atteindra jamais le second.
Cette « affaire Fillon » si semblable a peut-être permis la victoire d’Emmanuel Macron, et l’avènement du « nouveau monde ». Toutefois, cette nouvelle élite politique, prompte à dénoncer les dérives de l’ancienne, ne s’est pas toujours démarquée par sa probité. On se souvient de François de Rugy (LREM, ancien Vert), l’un des successeurs de Philippe Martin au ministère de l’Écologie, qui organisait des dîners fastueux à base de homard et de champagne de luxe avec l’argent de l’Assemblée nationale. Plusieurs ministres du quinquennat Macron sont également poursuivis par la justice : Richard Ferrand, Éric Dupont-Moretti, François Bayrou… Nouveau monde, ancien monde, même combat.
Antoine LIVIA