Pour débuter sa campagne, la candidate LR aux élections présidentielles a judicieusement choisi notre région. Après une matinée passée à Salon-de-Provence, la « dame de faire » a organisé son premier meeting à Cavaillon. Une journée chargée centrée sur le thème de la sécurité qui lui a permis de démontrer sa maîtrise du sujet, mais qui n’a pas soulevé l’enthousiasme des foules.
Kärcher et marathon sécuritaire
Sécurité, sécurité, et encore de la sécurité, voilà le programme qui attend Valérie Pécresse lorsqu’elle débarque de sa berline aux vitres teintées sous le soleil de Salon-de-Provence. Le maire de la ville, Nicolas Isnard (LR), est fier de son bilan en la matière. Il fait visiter à sa championne son centre de contrôle des caméras de surveillance, avant de l’emmener dans le quartier sensible des Canourgues, gangréné par le trafic de drogue. Elle y rencontre quelques habitants excédés par l’insécurité. En septembre, après la fusillade de trop, l’élu a fait raser un ancien point de vente de stupéfiants situé au cœur du quartier, pour entraver l’activité des dealers. Devant Valérie Pécresse, il explique avoir « kärchérisé », « pacifié la zone », un lieu désormais « agréable à vivre ». Il est vrai que le quartier ne semble plus être la « no-go zone » que certains ont décrit.
Après un déjeuner de travail en compagnie des maires du Pays Salonais et des chefs de leur police municipale, Valérie Pécresse prend la direction de Cavaillon. Ce n’est pas un secret, la capitale du melon subit de plein fouet l’insécurité et les violences liées au trafic de drogue. En présence du maire (LR) Gérard Daudet, la candidate échange longuement avec des acteurs de la sécurité, notamment des policiers municipaux et nationaux, qui lui font part de leurs problèmes de terrain. Enfin, elle lance ce qui doit être le point culminant de cette longue journée : son premier meeting de campagne.
Pour ce grand départ, environ 500 personnes l’écoutent attentivement dérouler ses propositions sécuritaires, en présence des élus locaux de son parti. Elle le martèle, avec elle, ce sera « l’impunité zéro » pour les caïds, et ose même « alors oui je sortirai le Kärcher, car cela fait cinq ans qu’Emmanuel Macron l’a rangé à la cave. » Tous les aspects de ce sujet brûlant sont abordés : rétablissement des peines planchers en cas d’agression sur une personne dépositaire de l’autorité publique, abaissement de la majorité pénale à 16 ans, recrutement de milliers de professionnels de justice pour accélérer les procédures, participation financière des détenus à leur incarcération, exclusion des familles de dealers de leurs logements sociaux, introduction de quotas migratoires, pressions sur les pays d’origine pour qu’ils reprennent leurs clandestins… Un programme complet, parachevé par l’introduction d’un « droit à la sécurité pour tous » dans la Constitution.
Un bilan contrasté
La question sécuritaire, traditionnelle à droite, a pris encore plus d’importance à la faveur de la droitisation des débats initiée par Eric Zemmour. Il était donc primordial que Valérie Pécresse s’impose sur ce terrain. Sur ce sujet, expérimentée et bien conseillée, elle a démontré une indéniable maîtrise technique. Face aux représentants des syndicats de policiers, elle appréhende sans effort les problématiques de terrain, identifie les défaillances de l’administration, esquisse des solutions concrètes tirées de son action en région Ile-de-France. Les propositions de campagne qu’elle avance semblent réalistes, et elle lie suffisamment immigration et insécurité pour conserver son aile droite, mais sans excès qui puisse effaroucher ses soutiens les plus centristes.
En revanche, ce premier meeting n’aura guère été un départ en fanfare. Et pour cause, la candidate prend très au sérieux le risque sanitaire, et a limité les places disponibles. L’intention est louable, si l’on estime que les réunions politiques ne devraient pas posséder de passe-droit par rapport à n’importe quel autre rassemblement. Toutefois, le spectacle offert par le public constitué de quelques centaines de têtes grisonnantes et masquées manquait d’engouement, malgré les efforts du chauffeur de salle. Le député de Vaucluse Julien Aubert (LR) aura été l’un des rares à avoir su insuffler une vraie énergie à l’assistance dans son discours introductif. A l’extérieur, les passants cavaillonnais, curieux, interrogent les journalistes sur cet événement dont ils n’étaient pour la plupart même pas informés. Ainsi, si Valérie Pécresse réussit haut la main son examen sur son thème de prédilection, elle peine à s’offrir un départ digne d’une candidate de son envergure politique.
Antoine LIVIA