Le sujet revient de plus en plus sur le terrain : le monde trufficole réclame une attention particulière et une protection de ses produits. Il faut savoir que la production de ce marché de niche est représentée à 60% par la Provence ! Un chiffre qui justifie largement l’engagement des politiques locaux. Jean-Marc Zulesi, député dans le 8ème circonscription des Bouches-du-Rhône, a déposé le 30 novembre dernier une question à ce sujet à l’Assemblée nationale. Il nous éclaire sur les tenants et les aboutissants de ce dossier.
Truffes fraîches, huile de truffe, sel à la truffe, beurre à la truffe… la déclinaison ne s’arrête pas. A l’approche de Noël et du Premier de l’An, nombreux sont les Français qui vont ajouter la truffe à leur menu, la plupart de façon exceptionnelle. Pourtant, peu de consommateurs ont conscience de ce qui se joue autour de la « bataille de la truffe » ; actuellement, le flou demeure sur ce marché, aussi bien au niveau international qu’européen et national. Il faut savoir que le marché français se fait envahir par les produits issus d’autres pays, notamment la Chine, l’Espagne et l’Italie.
En Provence, c’est traditionnellement la truffe noire « Tuber melanosporum » qui est surtout cultivée. C’est un habitant vauclusois, Joseph Talon, qui a d’ailleurs inventé sa culture au XIXème siècle. En Région Sud, les grands marchés de la truffe se trouvent vers Richerenches, Valréas, Carpentras, Aups, Montagnac-Les-Truffes et Ménerbes.
Face à la concurrence déloyale : valoriser et renseigner
« La truffe provençale fait partie de notre patrimoine gastronomique local, souligne le député Jean-Marc Zulesi. Il ne faut pas fermer les yeux face à une concurrence déloyale ; nous devons nous organiser pour valoriser notre produit et avertir les consommateurs. » L’arme principale face à cette concurrence est l’acquisition du sésame « IGP », l’Indication Géographique Protégée, qui consacre une production existante et signale le savoir-faire qui y est attaché. Pour le député des Bouches-du-Rhône, « valoriser notre mine d’or qu’est la truffe provençale, c’est permettre aux consommateurs de goûter l’excellence ; surtout pour ceux qui découvrent le produit ! »
Au-delà de la question économique, c’est la véracité du produit qui est en jeu, puisque les consommateurs ne sont souvent pas à même d’identifier une truffe authentique par rapport à une truffe enrichie en arômes de substitution pour pallier le déficit de goût. Les nominations restent également extrêmement floues : il n’y a parfois même pas mention d’ajouts d’éléments de synthèse.
L’achat d’un produit mais aussi d’un savoir-faire
« L’IGP permettrait aux consommateurs d’acheter un produit mais surtout un savoir-faire ; et en Provence, où nous sommes fiers de nos productions, il faut faire le nécessaire le plus rapidement possible », explique Jean-Marc Zulesi. Les trufficulteurs, ici, privilégient la qualité à la quantité, à l’inverse de pays comme l’Italie. Si on ne veut pas que le marché français de la truffe, où la Provence pèse à 60%, soit noyé par la concurrence étrangère, l’IGP doit être accordée rapidement. » Les chiffres de la Fédération Régionale des Trufficulteurs de Provence-Alpes-Côte d’Azur, qui regroupe six syndicats professionnels, donnent une idée du panorama de la région : ces syndicats rassemblent environ 7 650 ha plantés, dont environ 3 700 ha en Vaucluse, 1 700 ha dans les Alpes de Haute-Provence, 1 000 ha dans le Var, 800 ha dans les Bouches-du-Rhône, 250 ha dans les Alpes-Maritimes et 200 ha dans les Hautes-Alpes.
Des répercussions plus larges
Autour de la « pépite truffe », le monde naturel joue un rôle d’importance. Les chênes truffiers représentent une réserve de biodiversité et des puits de carbone particulièrement efficaces, dans une région où le climat leur est propice. Ils sont aussi d’excellents coupe-feu lors des incendies. Le dossier de la truffe rassemble donc les sujets. « C’est un dossier que nous n’allons pas lâcher, résume le député Jean-Marc Zulesi. Mes échanges avec les producteurs lors de l’Assemblée générale de la fédération régionale des trufficulteurs a confirmé nos intentions. » Aujourd’hui, la demande officielle d’un IGP pour la truffe provençale prend tout son sens. Les trufficulteurs attendent une réponse la plus rapide possible de la part du gouvernement.
Jeanne RIVIERE