« Une première mondiale dans l’emblématique port de Marseille » : c’est par ces mots qu’Isabelle Gérente, présidente et fondatrice de Green City Organisation, résume l’initiative du jour. Ce 14 décembre, le premier capteur de déchets intelligent « D-Rain » est posé à deux pas de la Société Nautique de Marseille. Le club de voile n’est pas seulement co-organisateur mais partenaire du projet.
Les dernières images à la suite des violentes inondations d’octobre en ont choqué beaucoup : en parallèle de la grève des agents métropolitains, des torrents d’eau de pluie charriaient les déchets… jusqu’à la mer. Le Prado couvert d’ordures n’est qu’un reflet de ce qui traîne dans la Méditerranée. Au Congrès mondial de la Nature comme un peu partout en ce moment, des messages d’alertes sont lancés autour du dossier des déchets marins.
La directrice le souligne : on pense déchets à la surface… mais il faut aussi penser aux déchets sous-marins ! « Nos scaphandriers professionnels qui s’immergent toute l’année constatent de leurs yeux ce qui se passe sous l’eau. » La start-up marseillaise Green City Organisation, créée il y a deux ans, décide de prendre le problème à bras le corps, à l’échelle de Marseille dans un premier temps. L’idée est de réfléchir à partir du trajet d’un déchet : il est entraîné par les eaux pluviales et suit les réseaux qui se déversent dans la mer.
A Marseille, on compte environ 200 exutoires d’eaux pluviales, dont 180 sont sous-marins. Il faut donc agir avant que les déchets n’atteignent la mer, les attendre à la sortie, en quelque sorte. C’est là qu’entre en scène l’innovation de la start-up : un filet spécial fixé à une collerette permet de récupérer les déchets (processus plutôt classique) ; mais un procédé de brique numérique fait « remonter » les informations et avertit lorsque le filet est rempli. Pour éviter qu’un bouchon ne se forme et entraîne des inondations, la collerette se décale automatiquement lorsque la pression est détectée, afin de laisser passer l’eau.
Cette solution (garantie pour 30 ans) permet aussi une analyse de l’eau et une classification des déchets. La taille des collerettes et les filets dépendent de celle de l’exutoire. Dans le cas du projet « Zéro déchet Vieux-Port », la taille de l’exutoire est de 4 mètres sur 3 mètres, le volume des filets est de 10m3 et le poids de la collerette est d’1,7 tonne. Le nombre de vidange par an est estimé à dix ; la durée de l’évaluation est fixée à 18 mois.
Ce projet (les financeurs sont pour l’instant L’Agence de l’eau et TotalEnergies) qui rassemble des partenaires privés et publics, est regardé attentivement par les collectivités. A défaut d’une solution en amont, ce genre d’initiative pourrait bien être déterminante pour Marseille.
Raphaëlle PAOLI