Hyères – « La Banque », un nouveau musée à la croisée des temps et des arts

André Gouirand, "Cannes, vue de La Napoule, 1890. Collection du musée des explorations du monde, ville de Cannes © Mairie de Cannes / C. Germain

A la croisée des paysages, des ambiances et des époques, Hyères : il n’est pas étonnant que tant d’artistes de la région et d’au-delà soient tombés amoureux de ce coin de paradis où la lumière est exceptionnellement dorée. Créé en 1883, le musée de la commune varoise était tombé en sommeil depuis une vingtaine d’années.

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Le nouveau musée de la ville, dont l’inauguration a lieu fin novembre, veut ressusciter l’histoire de son passé culturel : baptisé « La Banque, musée des cultures et du paysage Â», il rassemble désormais sous son toit des centaines d’œuvres issues de tous les domaines (beaux-arts, sciences naturelles, archéologie, photographie…) Les collections hyéroises y seront mises à l’honneur, et d’autres expositions seront accueillies sur le lieu.

Banco

Un lieu d’ailleurs… un peu particulier, qui conserve la trace de sa précédente fonction. Le site a en effet été édifié en 1925 pour accueillir une succursale de la Banque de France. D’inspiration néoclassique, il a été acquis en 2004 par la ville et transformé par Alain-Charles Perrot, architecte en chef des Monuments Historiques. Les visiteurs se promènent ainsi entre la caisse auxiliaire (dévolue au rangement des billets), transformée en centre de documentation, et la salle des coffres, avec les collections du musée.

Henri-Edmond Cross, Baie de Cavalière ou La Plage de Saint-Clair, 1906-1907. Collection Musée de l’Annonciade, Saint-Tropez © Pierre-Stéphane Azema

Entre histoire et modernité

L’une des principales difficultés, étant donné justement l’originalité du lieu, était de réussir à rassembler avec délicatesse les chefs-d’œuvres de peintres des siècles précédents, tout en laissant une place à la modernité du projet. Le jardin méditerranéen (anciennement jardin à la française) en est l’une des manifestations. L’œuvre majeure d’Oscar Dominguez, « Le Chat » dans sa version originale, y a été installée. Face au jardin, la création d’une ombrière sur la terrasse sud constitue également un geste architectural novateur.

Avec le chemin de fer, le sud devient à la mode !

Pour célébrer la renaissance de son musée, la ville de Hyères accueille une exposition exceptionnelle. Cette dernière évoque, entre terre et mer, la découverte des paysages méditerranéens par les peintres entre 1850 et 1950. Une large palette chronologique, donc. Citons tout de même quelques noms : parmi les artistes du sud, Paul Guigou, Emile Loubon, Jean-Baptiste Olive. Et puis, avec la mise en place toute fraîche de la ligne Paris-Marseille, la Méditerranée devient très à la mode ! Elle attire touristes aristocrates et bourgeois, collectionneurs et peintres confirmés. Le rejet du simple travail en atelier amène ces derniers « sur le terrain Â» : d’Auguste Renoir à Paul Signac, d’Henri-Edmond Cross à Louis Valtat. A Paris, on découvre les couleurs de ce sud ignoré.

© Musée de Hyères

L’attirance s’accroît au début du XXème

Un nouveau pas est franchi à partir du début du XXème siècle. Les artistes se régalent de couleurs, qui deviennent prétexte à toutes les originalités. La Méditerranée s’impose comme le motif décliné par les peintres, et dans lequel les sujets disparaissent la plupart du temps. Pierre Bonard, Emile Othon Friesz, Raoul Dufy, Picasso… les artistes poursuivent une quête de la lumière qui est aussi symbole d’introspection et de « lucidité Â» (du latin « lucidus Â», « brillant Â»). Ce qu’il en ressort appartient à chaque artiste : douleur, joie ou mysticisme.

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Un acteur culturel majeur du territoire

« L’ouverture de La Banque, musée des Cultures et du Paysage peut apparaître comme une parfaite illustration de la volonté d’Hyères de rester fidèle à son histoire et de cultiver son identité, tout en offrant son patrimoine en partage », résume Jean-Pierre Gira, maire de Hyères. Le nouveau musée se veut un trait d’union entre l’histoire et le monde actuel, et entre les diverses formes de beau, tout simplement.

Jeanne RIVIERE