Marseille : les trafiquants de drogue ont toutes les audaces

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Un culot monstre. Les trafiquants marseillais n’hésitent plus à faire leur pub dans des clips vidéo ! L’impuissance de l’Etat est telle en matière de lutte contre le trafic de stupéfiants qu’ils peuvent désormais tout se permettre. Un nouveau cran a été franchi hier : il nargue ouvertement les autorités et les Français pris en otages dans ces lieux de perdition.

A Marseille, les trafiquants qui « occupent Â» certaines cités de non-France, oui vous avez bien lu, il s’agit bel et bien d’une « occupation Â» qui rappelle les contrôles des miliciens et des gestapistes à la solde de l’Allemagne nazie, ces gens-là bravent une loi qu’ils méprisent. La loi, ce sont eux qui la font. La preuve, c’est que les trafiquants de la cité « Château-Saint-Loup Â», traverse Chante-Perdrix, dans le 10ème arrondissement sont allés jusqu’à diffuser sur les réseaux sociaux une vidéo publicitaire vantant l’exceptionnelle qualité de leurs « produits Â» et promettant un « accueil chaleureux Â» aux toxicomanes.

Les images de ce spot publicitaire sont hallucinantes : elles sont tournées à l’aide de drones et accompagnées d’une chanson d’un rappeur local dont on a quelque peine à comprendre les éructations.

De l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace, dirait Danton. Les dealers semblent à ce point assurés de leur impunité qu’ils proposent, comme dans n’importe quelle épicerie, « un service en continu Â» de 11 heures à 2 heures du matin ! Pour éviter que les nouveaux clients ne se trompent de porte, l’adresse de la cité figure en gros caractères en travers de l’image : 29 traverse Chante-Perdrix.

On croit rêver. Les toxicomanes peuvent même suivre l’évolution des stocks de drogues et passer commande en direct via Internet. Service « Uber-Shit Â» à votre service. Un membre du comité d’intérêt de quartier souligne l’inanité de la présence éphémère des compagnies républicaines de sécurité qui viennent harceler les trafiquants durant une matinée ou un après-midi et s’en retournent ensuite dans leurs casernes : « La tactique du pilonnage a montré ses limites, estime-t-il, ici quand les CRS procèdent à des contrôles dans l’aile sud, les trafiquants ouvrent aussitôt un nouveau point de deal dans l’aile nord, sans se soucier le moins du monde d’une éventuelle arrestation. Â»

Bref, c’est la chienlit, l’anarchie, le bazar. C’est total Kéops. Comme les voyous connaissent les règles de base de l’économie, ils ont distribué dans la cité des centaines de « flyers Â» annonçant les tarifs des drogues et les promotions du moment pour attirer de nouveaux clients. Et pour se prémunir de toute intrusion extérieure, ils s’inspirent des stratégies mises en Å“uvre dans les quartiers nord : on se barricade pour transformer la cité en enclave étrangère. C’est ainsi que chaque habitant qui veut rentrer chez lui à Château Saint Loup doit montrer patte-blanche au « chouf Â» douanier posté à la frontière de la cité, décliner son identité, donner le nom de la personne chez qui il se rend, faute de quoi il est aussitôt refoulé.

Et si le ton monte entre le contrôleur patenté et le « Céfran Â» ou la « face de craie Â» qui oserait se rebeller, une dizaine de jeunes encagoulés surgissent alors de nulle part et « incitent Â» le visiteur à rebrousser chemin, ce qu’il  s’empresse de faire pour ne pas avoir d’ennuis avec les meutes hurlantes de l’antiracisme. C’est « Bac-Nord Â» dans le sud !

Le résultat de ce laxisme, c’est que les voyous triomphent. « Au menu toute la semaine : de la patate ! Â» proclament-ils. Le pire, c’est que cette vidéo illégale a été vue des dizaines de milliers de fois par une faune bravache qui ricane et se moque de la police. Une scène ultra-violente vient ponctuer leur plan marketing, celle d’une exécution d’un jeune concurrent abattu de plusieurs balles par un tueur casqué.

Lionel Royer-Perreaut suggère de créer des « compagnies territoriales de sécurité » © Le Méridional

Face à ces voyous dont la témérité dépasse l’imagination, les pouvoirs publics paraissent démunis. Le maire LR des 9/10, Lionel Royer-Perreaut n’est pas responsable de la lutte contre ces trafiquants mais il estime, lui aussi, que la présence éphémère des CRS ne saurait tarir le trafic. Il suggère de créer des « compagnies territoriales de sécurité Â» composées d’anciens militaires ou de réservistes qui resteraient à demeure durant plusieurs jours pour stériliser les divers points de deal.

« Nous ne pouvons plus lutter contre des trafiquants qui se professionnalisent si nous ne changeons pas notre doctrine d’emploi des forces de l’ordre, nous a-t-il confié. Les voyous intègrent les pertes de chiffres d’affaires liées aux interventions policières dans leur business plan. Seule une présence pérenne des uniformes sur le terrain serait plus efficace… »

M. Royer-Perreaut salue les Brigades de surveillance du territoire, les brigades anti-criminalité, les investigations des limiers de la police judiciaire et les opérations coups de poing des compagnies républicaines de sécurité, mais il pense que ces policiers doivent s’adapter à la mobilité et à l’inventivité des nouveaux trafiquants qui ne craignent ni Dieu ni diable. Il n’a pas tort. Les « allers-retours Â» des CRS sont dépassés.

Inutile en effet d’arracher du chiendent s’il doit repousser le lendemain. Seul un bon arrosage de pesticide semble approprié en l’espèce. La préfecture de police et la justice doivent comprendre que le trafic à Marseille subit une sorte d’effet domino ou Mikado. Les trafiquants des quartiers nord ont souvent été délogés par des « Parisiens Â» ultra-violents. Les délogés se déplacent sur les quartiers sud et dans l’est de la ville pour y instaurer leurs réseaux en y chassant à leur tour les « sudistes Â», lesquels sudistes vont à leur tour s’en prendre aux dealers d’Aix, Aubagne ou Cavaillon pour prendre leur place…C’est la chaîne infernale d’un stupéfiant domino.

Il n’y a pas que Saint-Loup. La Sauvagère, la Cayolle, la Soude sont devenus des hauts lieux du trafic. La gangrène s’étend. Il serait temps de penser à lutter aussi en amont : contre les toxicomanes eux-mêmes qui méprisent la loi « pan-pan-cucul Â» et paient leurs amendes forfaitaires sans souci et contre certains pays producteurs qui nous fourguent par milliers de tonnes ces barrettes de mort.

En attendant, les autorités préparent une riposte appropriée contre ces fous de la drogue. Le syndicat des commissaires l’a laissé entendre dans un communiqué : « nul doute que les policiers vont réserver un « accueil chaleureux Â» à ces trafiquants marseillais déguisés en apprentis du marketing publicitaire Â». Â»

José D’Arrigo, rédacteur en chef du Méridional