Le Souvenir français : à travers les époques, un objectif inaltérable

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Aujourd’hui, 500 places et rues portent le nom du Souvenir français à travers 91 départements. Sous son impulsion a été lancé un vaste programme de « géolocalisation » qui permet de participer à la rénovation d’une tombe et de découvrir le destin de celui ou celle qui est mort pour la France. En novembre, mois particulièrement voué à la mémoire, l’association est bien visible. Mais en réalité elle œuvre au quotidien pour sauvegarder et transmettre la mémoire du passé, que ce soit sous une forme traditionnelle ou plus moderne.

Créé en 1887, le Souvenir français est connu comme association mémorielle d’utilité publique. On est souvent enclin à circonscrire ses actions autour des conflits des Première et Seconde Guerre mondiale, ce qui n’est pas le cas : elle entretient les tombes des combattants, les monuments et la mémoire des combats du XIXème, du XXème et du XXIème siècle.

Une précision importante, que Bernard Criscuolo, président du Souvenir français des Bouches-du-Rhône, tient à préciser d’emblée : le Souvenir français est ouvert à tous, il n’est pas réservé à ceux qui ont un lien avec le monde des anciens combattants : « On le voit ici, il y a des gens qui découvrent complètement l’association, et qui s’y investissement ensuite. Ce sont des citoyens classiques, qui n’appartiennent pas au monde militaire. » Il est vrai que beaucoup d’entre eux s’intéressent aux racines familiales ou aux événements historiques dans lesquels la France a été impliquée.

Dans les Bouches-du-Rhône, le Souvenir français bien actif

Le rôle du Souvenir français est de faire connaître l’histoire des « Morts pour la France » dans toutes ses dimensions : édition de petits livres, présence aux cérémonies, entretien des tombes bien sûr, mais aussi classement des archives et renseignements des institutions ou des familles autour du destin de leur proche.

Bernard Criscuolo (à gauche sur la photo) et Louis Simoni devant le monument du Souvenir français au cimetière Saint-Pierre (Marseille) © Le Méridional

Le président du Souvenir français du 13, qui regroupe plus de 4 000 adhérents, connaît bien « ses » Morts pour la France. Plus de 2800 tombes sont à entretenir, certaines à l’aide de subventions, d’autres non. L’un de ses gros chantiers est l’établissement d’une liste de tous ceux qui figurent sur les monuments des 118 communes du Département et sont enterrés dans les cimetières. Lorsqu’une concession arrive à échéance par exemple, il faut contacter la famille, éviter que le corps soit transféré à l’ossuaire commun.

Le projet « seconde vie des drapeaux »

Auparavant, les drapeaux étaient un élément symbolique fort : chaque association nationale, départementale, cantonale ou communale possédait le sien. Dans les années 1960, plus de 100 000 drapeaux sortaient devant les monuments aux morts. Ce n’est plus du tout le cas aujourd’hui : après la disparition des porte-drapeaux, ils se retrouvent bien souvent vendus dans une brocante ou rangés dans une armoire de mairie. Aujourd’hui, le Souvenir français a développé une nouvelle politique : ces drapeaux sont déposés pour trois ans dans un établissement scolaire, installés dans son hall d’entrée. Ils sont portés par les élèves deux fois par an, le 8 mai et le 11 novembre.

La transmission mémorielle

C’est seulement l’un des pans de transmission aux jeunes que développe le Souvenir français parmi d’autres initiatives. Pour Bernard Criscuolo, il est par exemple extrêmement important de se rendre dans les écoles et d’accompagner les voyages sur les lieux de mémoire (Verdun, Normandie etc.) C’est le propre de l’histoire d’être transmise. Le président du Souvenir français 13, depuis sa prise de fonction (2012) et ses déplacements dans le milieu scolaire est d’ailleurs favorablement surpris par l’accueil des collégiens et lycéens : une curiosité, un goût pour les recherches et les « enquêtes » proposées, alors que beaucoup d’entre eux sont issus de l’immigration. Beaucoup de questions aussi, et l’occasion pour des échanges à bâtons rompus, différents de ceux des cours. « Cette génération vaut toutes les autres, quoi qu’on dise, résume le président. J’ai toujours l’impression de me retrouver parachuté des décennies en arrière quand je discute avec ces classes, de me voir à leur place. » Une façon de faire vivre la mémoire.

Jeanne RIVIERE