Une « victoire à la Pyrrhus » ? Fin septembre-début octobre, une grève des agents métropolitains faisait énormément parler de Marseille. Beaucoup pensaient qu’elle allait durer. Finalement, elle a semblé se résoudre plutôt rapidement. Mais tout n’a pas été dit.
Rappelons les principales mesures pour les agents métropolitains, actées pour la fin de la grève début octobre 2021 :
- une décote du temps de travail de 9,5 %, c’est-à -dire 1 467 heures. Les 28 jours compensatoires demeurent de mise
- l’ouverture d’un compte épargne-temps
- un accompagnement à la reconversion pour tous les agents qui le souhaitent
- des formations autour des bonnes pratiques pour limiter les risques d’accident pendant le travail de collecte
- à partir du 1er janvier prochain, la réouverture du dossier de Régime indemnitaire de la fonction publique.
« De deux choses l’une : ou bien Martine Vassal va continuer de faire des déclarations évasives, ou bien elle va devoir vraiment s’attaquer au dossier avant la fin de l’année », émet un acteur de la ville de Marseille.
Qu’observe-t-on ? D’un côté, que les agents métropolitains se sont montrés très réticents à reprendre le travail ; de l’autre, qu’on leur a beaucoup concédé. Notamment, les fameux 28 jours de congé. L’accord a presque donné l’impression que les deux parties étaient gagnantes.
Mais là où le bât blesse : le sujet de la réorganisation du travail n’a pas été présenté. Alors même qu’elle doit être mise en application dès janvier 2022. Le document traitant de cette réorganisation doit passer par le comité technique paritaire (avec les représentants de l’administration générale de la métropole et les syndicats). C’est au vu de ce document que les agents pourraient à nouveau se mettre en grève.
La réorganisation du travail, un sujet tabou
La question de la réorganisation du travail est épineuse. Aujourd’hui, les agents de collecte travaillent aux alentours de 3h30 par jour. Avec la réorganisation, là où il y avait trois équipes pour faire deux tournées en journée ou le soir, il n’y aurait plus que deux équipes qui effectueraient trois tournées.
Logiquement, certains employés devront être « recyclés », ne travaillant plus sur les bennes. D’où la proposition d’accompagnement à la reconversion actée dans le document de fin de grève.
Soit la réforme obligatoire de la loi sera mise en place, et la grève reprendra. Soit il sera écrit sur le papier que les agents métropolitains travailleront sept heures, mais cela ne sera pas vrai dans les faits. Dans ce cas, il s’agira d’un mensonge aux Marseillais, ainsi qu’aux Provençaux de la métropole.
La loi de décentralisation
Le problème qui nous intéresse à Marseille est tout spécialement la propreté. Le maire de Marseille Benoît Payan dit vouloir que la ville en récupère la gestion. Or, il n’est pas dit que la « loi 4D », de décentralisation et déconcentration, censée donner une marge de manœuvre plus importante aux élus locaux, concerne ce sujet.
La bataille des recettes
Ce qu’oublient aussi les habitants, c’est que la taxe d’enlèvement des ordures ménagères n’est pas une redevance : rappelons qu’une taxe entre dans le budget général, elle n’est pas spécialement destinée aux ordures.
Cette recette, la collectivité métropolitaine ne peut s’en séparer : elle lui donne sa marge d’autofinancement et sa capacité d’emprunt. La ville comme la métropole entendent récupérer la souveraineté de cette gestion… L’imbroglio de la situation risque de mal tourner avant janvier 2022.
Raphaëlle PAOLI