Le 21 octobre 2021 au petit jour, neuf coureurs professionnels kenyans, six hommes et trois femmes, s’élanceront sur la piste du Castellet, le mythique circuit Paul Ricard (Var). Leur objectif : battre le record du monde de 50km femme et 100km homme en course à pied. Un projet sportif certes, mais surtout solidaire, et d’une grande force symbolique. Un événement pensé et organisé par le marathonien marseillais Benoît Z.
« Là -bas, tu te lèves le matin, tu croises des coureuses et des coureurs à tous les coins de rue ; ils s’entraînent dans des conditions spartiates », rapporte Benoît Z avec une sorte de regard lointain. Présentons-le d’abord, si besoin : Benoît Zwierzchiewski, dit Benoît Z, a égalé le record d’Europe à Paris en 2003. Il demeure le recordman de France de la discipline, a été vainqueur du Marathon de Paris en 2002, et du Marathon de Marseille en 2009 et 2011. L’athlète développe aujourd’hui le sport grâce à sa salle de sport-santé-bien-être, Be Zen, située à Marseille.
Notre marathonien, donc, revient depuis peu du Kenya, dont il nous montre des images impressionnantes : des paysages à couper le souffle, des visages souriants à la caméra, et surtout, des coureurs. Baskets aux pieds. D’où vient ce projet fou lancé par le Marseillais ?
Le Kenya est une région d’athlètes, une terre de culture de la course à pied. De nombreux champions y ont grandi. Beaucoup d’entraînements pour des personnes qui courent souvent depuis leur plus jeune âge (course pour aller à l’école, pour revenir, pour se rendre au village voisin…) Beaucoup de compétitions sportives aussi, grâce auxquelles les athlètes gagnent leur quotidien.
En 2020, le coup dur arrive avec la crise du covid : les déplacements internationaux sont impossibles et les compétitions annulées : « Les athlètes ont dû retourner travailler dans les champs pour nourrir leur famille, raconte Benoît Z. Certains ont vécu dans des conditions très complexes. » Il n’en dit que peu, mais on imagine à demi-mot.
« Donner leur chance à des personnes qui le méritent »
Lors d’un voyage au Kenya en mai 2021, Benoît Z rencontre Claude Guillaume, qui dirige un centre d’entraînement, JC ITEN Training Camp. Situé dans les hautes terres du Kenya, à environ 300km de Nairobi, il est considéré comme le berceau des champions d’athlétisme et le rendez-vous des athlètes. A 2 400 m d’altitude, les sportifs travaillent l’adaptation physiologique et optimisent leur préparation, à l’aide de coaches et de programmes intensifs.
Benoît Z sympathise avec Claude Guillaume, qui lui parle de la situation. « Les athlètes n’avaient pas besoin de notre aide sur le plan sportif. On a seulement voulu donner leur chance à des personnes qui le méritaient », résume le marathonien. Ce dernier, sur place, prend conscience du désarroi de ces sportifs de haut niveau qui n’ont pas les moyens de financer leur entraînement, malgré une volonté de fer et un fort potentiel.
Il n’est pas dit qu’il restera les bras croisés : Benoît Z décide de créer un événement avec l’association sportive de course à pied « BZ team », et de prendre en charge intégralement les frais d’entraînement de 15 athlètes : depuis leur préparation physique jusqu’à leur déplacement en France, en passant par leur suivi nutritionnel et leur hébergement. Des partenaires s’associent à l’organisation de l’événement en lui-même.
Des acteurs qui jouent collectif
Le projet s’étoffe : le circuit Paul Ricard du Castellet accepte de mettre à disposition le lieu mythique pour l’événement. Un symbole aussi de son engagement pour les mobilités douces comme la course à pied. Wizwedge et son fondateur Jean-Luc Guer, podologue et entrepreneur, se joignent à la partie : les athlètes porteront ces chaussures révolutionnaires, qui permettent d’allier sport, santé et bien-être, une alliance de choix. L’entrepreneur ne cache pas sa fierté que ces « athlètes-avions de chasse » chaussent ses Wizwedge. Fier aussi que le projet ait vu le jour à Marseille : « Il y a de très belles choses qui naissent dans notre région ; cet événement, qui réunit autant d’acteurs, en est la preuve », confie-t-il.
Un casting basé sur la motivation et la résistance
Les athlètes ont été choisis pour leur motivation et leur résistance. Parmi eux, Joyce, une jeune femme de 33 ans, mère d’un enfant, et prête à tout pour battre le record. Un peu plus de 17 tours de circuit pour la catégorie homme seront nécessaires aux coureurs pour réaliser leur course en moins de 6h, 9 min et 14 secondes, l’actuel record détenu par un Japonais. C’est-à -dire qu’il leur faut tenir 3,42 km de moyenne pendant tout de même… 6 heures. Côté femme : le record à battre sera de 2h, 59 minutes et 54 secondes, soit 8 tours de circuit plus 3,6 km.
Le 21 octobre 2021 au petit jour, ces neuf coureurs professionnels kenyans, six hommes et trois femmes, s’élanceront donc sur la piste du Castellet : et on les félicite d’ores et déjà de relever le défi !
Jeanne RIVIERE
L’événement (début 7h du matin) sera retransmis en direct sur les réseaux sociaux.