Mystérieux monde que celui de la fusion : en cours d’exploration, ses découvertes fascinent les chercheurs de toute la planète. Mais justement : le but d’une exposition européenne comme celle intitulée « Fusion, power to the People » (accueillie pour son lancement à Marseille) est de toucher le grand public. Le consortium européen EUROfusion et le CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives) se retrouvent aux Docks Village pendant trois mois (du 8 octobre au 19 décembre) afin de sensibiliser la population française à la recherche sur la fusion, nouvelle source d’énergie propre, abondante et sûre.
La fusion est une source d’énergie à l’image de ce qui se passe au sein du soleil et des étoiles, où des noyaux d’hydrogène fusionnent. Une énergie considérable, à l’origine de la chaleur et de la lumière, et qui permettrait d’ouvrir la voie à des ressources quasiment illimitées. On comprend l’importance d’une telle recherche dans le monde d’aujourd’hui, en quête de ressources alternatives aux sources d’énergies traditionnelles.
Aux Docks Village, l’exposition est organisée en deux parties, qui prennent chacune un sens symbolique. Dans la première, le visiteur « révise » ou apprend des éléments scientifiques fondamentaux : l’origine du plasma, les phénomènes de champs magnétiques… Sans oublier un peu d’histoire ! On peut ensuite traverser le couloir pour aborder la partie spécifiquement dédiée à la fusion.
Le visiteur n’est pas « laissé dans la nature » puisque dès l’entrée, il peut télécharger une application sur son téléphone (ou emprunter une tablette) qui lui permettra d’entrer dans une réalité virtuelle : grâce aux QR codes qui balisent l’exposition, il se met dans la peau d’un héros, rencontre des personnages mystérieux qui lui envoient des messages et résout des énigmes. À chaque indice trouvé, une vidéo explicative est dévoilée.
Pour autant, le public est libre de déambuler à son rythme, puisque les vidéos comme les explications resteront disponibles après sa visite : il pourra prendre le temps de les lire, de les voir, relire ou revoir tranquillement.
La fusion, l’énergie de demain
Les humains essaient aujourd’hui de reproduire dans leurs laboratoires tout ce qui gravite autour du phénomène de la fusion. « L’avantage de la fusion est qu’elle produit des déchets beaucoup moins radioactifs que la fission, nous explique Mohamed Belhorma, responsable de l’exposition. Un autre de ses avantages incontestables est que les déchets peuvent se réduire à l’échelle d’une génération seulement. »
Un aspect essentiel et très intéressant : même au XXème siècle, malgré les tensions politiques que l’on connaît, les chercheurs autour de la fusion ont toujours travaillé de façon collaborative. Il n’y avait pas de compétition dans la « communauté fusion » : Européens, Russes Japonais… échangeaient leurs visions et leurs travaux. « Militairement, cela n’avait aucun intérêt, explique Mohamed Belhorma. Et puis, c’est un peu comme pour les constructeurs de cathédrales : dès le début des recherches, les scientifiques ont su qu’ils n’en verraient pas le bout. » C’est d’ailleurs un point abordé par l’exposition, puisqu’il a été demandé aux scientifiques participants quels messages ils pouvaient adresser aux futures générations…
A la fin de l’exposition, EUROfusion donne aussi la main aux visiteurs à travers un jeu immersif : en fonction de ses choix, chacun peut voir alors à quoi ressemblerait la planète de demain, avec 29 issues possibles !
Et parce que le monde de la fusion reste en cours d’exploration, une dizaine d’œuvres d’art en rapport avec les phénomènes scientifiques abordés jalonnent le parcours. Là aussi, le visiteur scanne un QR code qui lui donne accès à une vidéo de présentation de l’artiste lui-même, parlant de son œuvre.
Entre passé, présent et futur, l’exposition « Fusion, power to the People » nous fait entrer dans un monde passionnant et inconnu… qui le sera beaucoup moins à la sortie !
Jeanne RIVIERE
L’exposition est accessible à tous les âges, mais reste plus compréhensible pour les enfants à partir de la 4ème.
Accueillie pour son lancement, par le CEA en partenariat aux ITER Organisation et Aix Marseille Université, avec le soutien du CD13, de la Métropole Aix-Marseille, de la ville de Marseille et de la DRARI, elle voyagera ensuite dans différents pays européens.