« Le véritable exil n’est pas d’être arraché de son pays. C’est d’y vivre et de n’y plus rien trouver de ce qui le faisait aimer. » L’auteur de cette sublime pensée est un authentique républicain du 19ème siècle : Edgar Quinet. Eric Zemmour la reprend à son compte dans son dernier livre intitulé : « La France n’a pas dit son dernier mot » (éditions Rubempré) pour illustrer l’état d’esprit de millions de Français qui ne se sentent plus chez eux en France.
Nul besoin de chercher très loin les mobiles de la cote de popularité actuelle d’Eric Zemmour. Elle s’explique par sa claire conscience de l’enjeu des prochaines présidentielles. Il s’agit purement et simplement de la mort de la France telle que nous la connaissons. Pour Eric Zemmour, le « grand remplacement » n’est ni un mythe, ni un complot, mais un processus implacable et une réalité de plus en plus évidente.
« Cette question identitaire est vitale, écrit-il, elle rend subalternes toutes les autres, même les plus essentielles comme l’école, l’industrie, la protection sociale, la place de la France dans le monde ».
Seul Zemmour osera, semble-t-il, imposer cette querelle identitaire et civilisationnelle au cœur de la campagne. On parlera de féminisme, d’écologie, de santé, de sécurité, de souveraineté, d’indépendance ou de relocalisation, mais pas de la survie de la France en tant que nation. Sujet tabou. Les chiens de garde de la pensée unique seront vigilants pour vous diaboliser au moindre « dérapage ».
Zemmour, lui, n’a pas peur des mots et il appelle un chat, un chat. L’alternative radicale que l’écrivain à succès veut incarner lors de cette échéance est la suivante : vous avez le choix entre les candidats favorables à l’immigration de masse qui veulent « créoliser » la France pour mieux l’islamiser (Mélenchon, Jadot, Hidalgo, Macron, Roussel, Montebourg, Arthaud), et d’autre part Eric Zemmour, Marine Le Pen, Philippe de Villiers, Nicolas Dupont-Aignan, Bruno Retailleau, Laurent Wauquiez, Eric Ciotti, Florian Philippot, Frédéric Poisson, qui se battent en ordre dispersé contre l’inexorable triptyque : immigration-délinquance-terrorisme, lequel conduit à l’islamisation et à la soumission.
De multiples petits Kosovo
Il est vrai que la communauté nationale se désagrège sous nos yeux depuis quarante ans, en particulier à Marseille. Les immigrés qui sont accueillis en masse chaque année dans notre pays (environ 300 000 sans compter les innombrables clandestins) ne veulent, pour la plupart, connaître que leurs droits et pas leurs devoirs. « Ils ne voient l’Etat que comme un distributeur de services et de lois pour satisfaire leurs moindres caprices, estime Zemmour. Ce sont des individus qui se rêvent citoyens du monde détachés de tout ancrage national… »
« Ils se côtoient sans se fondre dans un ensemble unifié et cohérent. Ils appellent « République » cette société des individus qui n’a plus rien à voir avec la République des citoyens. Et c’est dans ce vide abyssal que sont venues se loger des diasporas islamiques ».
Ces clans « narco-islamistes » risquent de se transformer en multiples petits Kosovo susceptibles de dynamiter l’Etat-nation afin d’implanter la charia dans des enclaves étrangères. Comme la plupart des candidats dits de droite semblent très timides sur ce sujet essentiel et qu’on pressent – merci Sarkozy – qu’ils ne feront rien de ce qu’ils promettent une fois au pouvoir, les Français se tournent vers Zemmour, un homme neuf pour qui seule compte la bataille des idées et des convictions.
Les places, les sinécures, les petits arrangements, il s’en moque éperdument. Pour lui, la politique, c’est de tenter de préserver ce que nos anciens ont construit, c’est-à -dire un chef d’œuvre appelé France, pour le transmettre à ceux qui nous suivront. Il ne poursuit pas une carrière de boutiquier, il obéit à sa destinée française pour sauver un chef d’œuvre en péril : la France. Et ne comptez pas sur lui pour céder au complexe traditionnel des hommes de droite qui ont fini par se persuader, après des décennies de défaites cuisantes et de vaines victoires, que l’idéal « doit céder au possible et le possible au reniement ».
Cette lame de fond nationale que les sondeurs sentent venir du tréfonds du pays est liée aussi à la « cascade de mépris » des écolo-progressistes envers le peuple de France. Pour eux, le peuple ne pense pas, ou alors il pense mal parce qu’on lui a fourré des idées fausses dans la tête. Stendhal avait déjà épinglé en son temps ces zozos du sectarisme en gants blancs : « ils prennent l’étiolement de leur âme pour de l’humanisme et de la générosité. »
Il faut réinventer la France
Ici, à Marseille, la partition entre Marseille-Sud et Marseille-Nord est aujourd’hui consommée.
Ce sont deux villes exclusives l’une de l’autre qui ne vivent plus côte à côte mais face à face jusqu’au jour où le franchissement de la Canebière sera interdit aux Européens et vice-versa.
La Gauche, elle, persiste dans son aveuglement et ses aberrations mondialistes. Elle met en cause avec des trémolos indignés dans la voix « l’extrême droite » alors que Zemmour reflète parfaitement l’ancien RPR (Rassemblement pour la République) créé par Jacques Chirac le 5 décembre 1976 et dissous le 21 septembre 2002. Depuis cette date, le gaullisme a été trahi par ses plus éminents représentants et la Droite est orpheline.
L’accusation permanente « d’extrémisme » n’est qu’un outil tactique utilisé par la Gauche pour cantonner la Droite dans le camp du mal, diviser ses adversaires et se maintenir au pouvoir alors qu’elle est minoritaire dans le pays. « Cette extrême droite imaginaire n’est en vérité qu’une droite patriotique en quête d’ordre et d’un légitime conservatisme », soutient Zemmour.
Le chantier qui s’annonce pour les zemmouristes est immense puisqu’il faut tout bonnement réinventer la France. Et le préalable pour y parvenir est encore plus délicat puisqu’il faut réconcilier tous les amoureux de la France, d’où qu’ils viennent. « Nous devons nous rassembler autour des cinq « i », préconise Zemmour, identité, immigration, indépendance, instruction, industrie ». Ces cinq thèmes ne peuvent être classés selon le vieux clivage Droite-Gauche ».
« Le combat qui s’annonce relève d’une Gauche qui n’est plus mais aussi d’une Droite qui se renie : la Droite de la patrie, la Droite de nos clochers et terroirs, la Droite qui défend le droit de propriété, la Droite du travail bien fait, la Droite de la famille traditionnelle, la Droite qui rejette l’enfer fiscal, la Droite qui n’a pas peur de la sélection et de la discipline à l’école, la Droite qui récuse le dogmatisme idéologique, la Droite qui défend la terre et la beauté de nos paysages…
Cette Droite n’a pas de parti exclusif, pas de classe sociale non plus, c’est la Droite qui rassemble une énorme majorité de Français pour que la France demeure la France. »
Si Eric Zemmour parvient à résister à « l’enfillonnage » médiatique qui l’attend et qu’il gagne son pari dans six mois, il serrera la main d’Emmanuel Macron sur le perron de l’Elysée et prendra congé de lui en songeant à la célèbre formule du général De Gaulle destinée au président Albert Lebrun :
« Au fond, comme chef de l’Etat, deux choses lui avaient manqué : qu’il fût un chef et qu’il y eût un Etat. »
José D’Arrigo, rédacteur en chef du Méridional