Alors que la reprise scolaire aura lieu dans moins d’une semaine, le 2 septembre prochain, les enseignants préparent comme ils le peuvent la rentrée des classes. Le protocole sanitaire du ministère de l’Education nationale est détaillé (à retrouver ici), mais la réalité doit fréquemment être adaptée à chaque établissement, en fonction de ses bâtiments et de son organisation. C’est ce que souligne Flore-Elise Jeremiasz, enseignante et directrice dans une école du 8ème arrondissement de Marseille.
Environ 90 élèves, dont les plus grands sont âgés de 6 ans, feront leur grand retour jeudi prochain. Une rentrée qui, comme celle de l’année dernière, sera considérablement compliquée par le protocole sanitaire en vigueur. « Déjà, nos élèves ayant 6 ans ou moins, on échappe au problème du masque et à celui de la vaccination », souffle avec soulagement la directrice. « Du côté des enseignants, il est prévu des masques transparents : il est absolument indispensable que les petits qui apprennent à parler voient nos lèvres bouger et apprennent à poser les sons. » Les mois de confinement et même l’année scolaire 2020-2021 ont été catastrophiques pour certains élèves, notamment ceux dont les familles ne parlaient pas français à la maison. Pas question de les laisser stagner cette année.
« On a imposé beaucoup de contraintes aux enfants ces derniers mois, parfois en leur donnant des informations contradictoires. Mais dans l’ensemble, ils sont assez flexibles et dociles, ils se réadaptent facilement : c’est un des avantages des jeunes enfants », sourit Flore-Elise Jeremiasz.
Un protocole souvent loin de la réalité
« Là où je dis que le protocole sanitaire est souvent éloigné de la réalité, c’est qu’il ne peut tenir compte du quotidien des enfants, reprend la directrice. On ne peut techniquement pas nettoyer chaque jeu après que chaque élève l’a touché. On est aussi censé faire en sorte que les classes ne se mélangent pas. Mais est-ce qu’on peut empêcher un petit de se rendre aux toilettes sous prétexte qu’il y a des enfants d’une autre classe ? Il ne faut pas oublier non plus qu’un certain nombre ont un frère ou une sœur dans une autre classe… et que beaucoup d’enfants jouent ensemble au parc après l’école. Sans parler de la cantine. » Bref, l’application du protocole est faite au mieux, mais reste loin de pouvoir être observée à 100%.
Des parents parfois plus que tendus
Autre problème : la question des parents. Entre stress des enfants « cas contacts » et protestations contre certaines mesures sanitaires (notamment les masques, dans les classes des plus grands), l’ambiance peut parfois tourner à l’affrontement. Une circulaire officielle du ministère de l’Education nationale a d’ailleurs rassuré les enseignants quant à la nullité de poursuites pénales qui ont pu ou pourraient être engagées contre eux par des parents.
Une rentrée… dans la tête ou dans les faits
En Martinique, la rentrée a été repoussée en raison de la situation sanitaire. Le nombre de cas positifs est déjà fortement monté ces dernières semaines à Marseille et en Région Sud. Qui sait si la situation ne sera pas perturbée dès les premières semaines de classe ? « Avant, il y avait un plan A, mais je préparais un plan B, C, D… et puis c’était finalement un plan E qui sortait ! Les enseignants eux-mêmes sont mis au courant des décisions pour l’école en même temps que les parents. Aujourd’hui, si on ne veut pas finir usé et fatigué à l’extrême, il vaut mieux s’organiser le mieux possible et s’adapter un peu au jour le jour », conclut la directrice.
Raphaëlle PAOLI