A partir de la fin du mois d’août, Paris devra se plier à la loi des 30km/h dans la quasi-totalité de la ville. Une décision qui suscite beaucoup d’hostilité et de débats. A Marseille, la circulation est également un sujet sensible. Cet été se sont divisés les heureux et les mécontents autour de la piétonisation de la rive gauche du Vieux-Port. Un certain nombre de zones du centre-ville sont d’ores et déjà passées au 30km/h ces dernières années. Marseille pourrait-elle bientôt s’aligner sur le modèle parisien « à la Anne Hidalgo » ?
Cet été, les touristes étaient ravis de pouvoir se promener tranquillement sur la route de la rive gauche du port, piétonnisée. Les restaurateurs de la zone également. En revanche, la piétonisation n’a pas été sans créer des problèmes de fluidité. Pour ce chauffeur Uber, qui traverse régulièrement le centre-ville, « la piétonisation, c’est bien, mais si elle n’est pas pensée très attentivement, ça engendre des problèmes de circulation beaucoup plus désagréables. » Un autre chauffeur de taxi témoigne : « A Paris, c’est déjà compliqué : je ne sais pas comment vont être mis en place concrètement les 30km/h, mais à Marseille en tout cas, ce serait mission impossible… »
La comparaison entre Paris et Marseille mérite d’être menée. Dans les faits, la première est beaucoup moins étendue que Marseille, avec une configuration des rues bien différente. A Marseille, les transports publiques comme le tram et le métro sont peu développés. Nombreux sont les Marseillais qui prennent leur véhicule pour se rendre au travail (d’autant plus en période de Covid, pour des raisons sanitaires). « Certains élus parlent de transformer Marseille en vaste voie piétonne, souligne une conductrice habitant dans le 7ème arrondissement, qui emprunte la plupart du temps les grands axes routiers. Mais pour l’instant, elle n’est pas aménagée pour ça : je ne suis pas sûre que le fait d’être ralenti va faire baisser le bruit et la pollution, au contraire ! »
Alors, quelle solution ? Pour cette conductrice, il faudrait davantage « tabler sur la smart city » : le réglage des feux par exemple. « Il ne faut pas penser l’exclusion des automobilistes, mais penser avec eux une meilleure adaptation d’une ville comme Marseille, où les voitures restent très présentes », conclut-elle. La limitation à 30 km/h dans l’ensemble de Marseille n’est pas encore à l’ordre du jour, mais étendre les zones piétonnes et de ralentissement, oui. Certains habitants sont encore plus sévères : « Anne Hidalgo est en train d’handicaper des milliers de Parisiens sans leur proposer des solutions adéquates en échange, répond un Marseillais, qui passe par la corniche Kennedy pour se rendre au travail. Espérons que Benoît Payan ne fasse pas la même chose ! »
Raphaëlle PAOLI