Comment devient-on « Plus Beau Village de France » ?

Le village des Baux-de-Provence © WKMC

Les certifications et les labels (publics et privés) sont nombreux en France, mais ceux consacrés au tourisme ne sont pas légion. « Les Plus Beaux Villages de France » est l’un des plus reconnus et des plus qualifiés. Ses piliers d’éligibilité sont « la qualité, la notoriété et le développement ».

L’association « Les Plus Beaux Villages de France » a été créée en 1982, à l’instigation notamment de l’homme politique (et agriculteur) Charles Ceyrac (1919-1998), maire du village de Collonges-la-Rouge, en Corrèze, de 1965 à 1996. Un jour, se promenant sur le boulevard Saint-Germain à Paris, ses yeux tombent sur la devanture d’une librairie : en vitrine, un livre intitulé « Les Plus beaux villages de France », avec en couverture, une photo de son village ! Cela fait son chemin dans sa tête, à l’époque où la désertification des villages reste d’actualité. Il écrit aux maires de la centaine de villages évoqués dans le fameux livre, pour leur proposer d’unir leurs forces : car il est beau d’avoir la photo d’un village dans un livre, mais cela ne suffit pas. Soixante-six maires répondent à cette proposition, et l’association voit le jour en mars 1982 dans le Cantal, à Salers.

Un triptype fructueux

Les maîtres-mots du label sont : « qualité, notoriété, développement ». Anne Gouvernel, chargée de la Communication des Plus Beaux Villages de France, nous explique la logique de ce « cercle vertueux » : « La qualité des villages sert de tremplin à la notoriété, qui elle-même est un levier de développement ; il ne s’agit pas seulement de noter que les villages sont beaux ! »

Un coup de pouce économique

Quel est le but d’une telle association ? De permettre aux villages de relancer leur économie de façon significative, en mettant en exergue leurs atouts (beauté de la nature, lieux remarquables, édifices historiques…) Les villages déjà touristiques seront amenés à diversifier leurs activités d’accueil, tandis que les villages éloignés des axes de passage bénéficieront de l’attrait des touristes pour le label. L’association est chargée de son côté de mettre en valeur le patrimoine et les attraits des villages adhérents : médias, réseaux sociaux, mais aussi partenariats éditoriaux (guides par exemple) et mise en valeur d’événements locaux.

Village de Grignan, dans la Drôme provençale © Les Plus Beaux Villages de France

Le condensé d’un « patrimoine à la française »

« Le label n’est pas seulement destiné à attirer des visiteurs; il est aussi un gage de reconnaissance pour les villages. Ce qui est le cas par exemple pour Les Baux-de-Provence, qui est déjà très connu », nous explique Anne Gouvernel. « Ce label souligne l’importance qu’accorde la population locale au patrimoine. » Les touristes étrangers sont-ils sensibles à cette appellation ? D’après les enquêtes de fréquentation des villages, un certain nombre de touristes étrangers viennent les visiter : Belges, Néerlandais, et surtout, Britanniques, deuxièmes visiteurs après les Français. « Les Britanniques sont particulièrement férus de notre label, car ils y retrouvent le condensé d’un patrimoine à la française, de l’art de vivre de notre pays », souligne la chargée de Communication.

Les critères de validation

Trois critères sont automatiquement pris en compte :

« Attester d’une population maximale de 2 000 habitants au sein du village candidat (la population totale communale pouvant quant à elle être supérieure à 2 000 habitants),

Posséder, sur le territoire du village, au minimum deux périmètres de protection, au titre des Monuments Historiques, des sites ou des sites patrimoniaux remarquables,

Témoigner d’une motivation collective au projet de candidature par la production d’une délibération du Conseil Municipal.« 

En outre, le village doit présenter des gages de qualité : qualité patrimoniale et architecturale, qualités urbanistiques (accès, routes…), ainsi que la preuve d’un certain nombre d’efforts de mise en valeur (végétalisation, éclairage public, stationnement, discrétion des réseaux électriques et téléphoniques…)

Le village de Gordes, dans le Vaucluse © WKMC

Une sévérité gage de sérieux du label

L’adhésion, après validation, demande un investissement collectif et financier, d’autant plus que « Chaque village membre fait l’objet d’une réexpertise tous les six à neuf ans (selon le niveau de réserves exprimé dans le rapport d’expertise initial ou précédent) afin de vérifier qu’il satisfait toujours aux critères », est-il précisé dans le processus de sélection. Ceci dans une perspective d’émulation. L’avantage du réseau est aussi que les villages profitent d’un échange des expériences : « Si les villages sont parfois très différents, ils connaissent souvent les mêmes problématiques, notamment parce qu’ils ont les mêmes contraintes dues au classement de leur patrimoine. »

Une dizaine de candidatures sont envoyées chaque année à l’association ; en moyenne, moins d’une candidature sur cinq est validée. Le nombre de villages adhérents n’a pas de palier : à l’été 2021, l’association compte 162 villages adhérents, répartis entre 70 départements. Le concept connaît un vrai succès : il a essaimé en Europe et au-delà (Asie et Amérique du Nord).

Jeanne RIVIERE

Les Plus Beaux Villages de France en Région Sud

Vaucluse :

Venasque / Gordes / Roussillon / Ménerbes / Séguret / Lourmarin / Ansouis.

Var :

Tourtour / Seillans / Gassin / Bargème.

Hautes-Alpes :

La Grave / Saint-Véran.

Alpes-Maritimes :

Coaraze / Sainte-Agnès / Gourdon.

Alpes-de-Haute-Provence :

Moustiers-Sainte-Marie

Bouches-du-Rhône :

Les Baux-de-Provence.