Il y a quelques jours (le 25 juin), les eurodéputés et Etats membres de l’Union européenne (UE) ont conclu l’accord sur la nouvelle Politique agricole commune. La discussion était principalement orientée autour de la question de la biodiversité. Mais beaucoup d’agriculteurs fustigent des programmes déconnectés de la réalité.
Les Vingt-Sept avaient déjà approuvé en octobre la réforme de la Politique agricole commune, avec un budget de 387 milliards d’euros sur sept ans, dont 270 milliards d’aides directes aux agriculteurs. Ils devaient s’accorder avec les eurodéputés. Cette nouvelle PAC débutera en 2023. Aujourd’hui, le compromis de principe doit être approuvé par les ministres de l’Agriculture européens.
En plus de l’obligation de rotation des cultures, entre 4% et 7% des terres arables (selon la taille des exploitations) devront rester non cultivées. Bruxelles devra également vérifier la conformité des politiques nationales avec les objectifs de réduction des gaz à effet de serre ; mais aussi la baisse de 50% des pesticides à l’horizon 2030. Les Etats devront consacrer 25% par an des paiements directs entre 2023 et 2027 à des primes (des « écorégimes ») octroyées aux agriculteurs qui adoptent des programmes environnementaux exigeants.
Ces mesures de « verdissement » ne sont certainement pas vaines, et correspondent à une prise de conscience collective des Etats, de la société et des producteurs. Certains agriculteurs ne sont cependant pas si enthousiasmés par cette nouvelle PAC.
« On a l’habitude de parler de « budget agricole », mais dans les faits, les attributions sont loin d’être réservées aux seuls agriculteurs. Elles peuvent aussi aller aux coopératives, à l’agro-alimentaire par exemple » nous explique un agriculteur d’Indre-et-Loire. Il pointe aussi les difficultés administratives qui viennent souvent mettre les bâtons dans les roues des agriculteurs : « Recevoir les aides concrètes n’est pas aussi simple qu’il y paraît. On doit d’abord constituer un dossier pour savoir si on a le droit à l’aide financière. Si le dossier est accepté, on doit en constituer un autre pour demander l’aide en question ! Même le personnel administratif a souvent du mal à y voir clair. Et les jeunes sont découragés par ce genre d’embûches bureaucratiques qui prennent un temps fou – temps que les agriculteurs et les éleveurs n’ont pas ! »
Il reste à voir comment cette nouvelle Politique agricole sera mise en place, et quelle importance aura finalement le financement pour l’agriculteur.
Raphaëlle PAOLI