Quand on entend Antonin Ricard parler de l’Institut d’Administration des Entreprises, on a presque envie de retourner quelques années en arrière pour tenter cette aventure étudiante. Fondées vers le milieu du XXe siècle sur le modèle américain, les Instituts d’Administration des Entreprises (IAE) sont des établissements spécialisés dans la gestion et le management. L’IAE Aix-Marseille a été le premier créé en France. Intégrés au sein de certaines universités, leur formation d’excellence est reconnue et très observée. Antonin Ricard vient d’être élu directeur de l’IAE Aix-Marseille. Le 17 mai, il prenait officiellement ses fonctions. A cette occasion, Le Méridional a eu la chance de l’interroger sur un établissement qui fait la fierté de la région.
Le Méridional : Antonin Ricard, vous venez d’être élu directeur de l’IAE Aix-Marseille. Que représente pour vous cette nouvelle fonction ?
Antonin Ricard : Cela représente une importante responsabilité et ça ouvre le champ des possibles. C’est une importante responsabilité car la réputation de l’IAE Aix-Marseille est excellente, et qu’il faut maintenir un haut niveau d’excellence. Mais cette nouvelle fonction représente également pour moi la possibilité de développer des projets qui ont un impact sur l’enseignement de la gestion en France.
L.M : De quels types sont ces projets ?
A.R : Depuis de nombreuses années, l’IAE Aix-Marseille s’est engagé à former des futurs managers humanistes. Ce qu’on désigne en anglais sous le nom de « humanistic leadership ». Cet engagement nous permet de former des futurs managers capables d’évoluer au sein d’équipes aux profils très variés. Ils sont capables de comprendre la diversité du monde et de proposer des solutions aux entreprises adaptées à cette diversité.
Par ailleurs, depuis 2017, Anne Marie Guérin, Valérie Mathieu et moi-même avons initié en collaboration avec les alumni le projet icube qui développe l’intelligence situationnelle des étudiants.
L.M : Qu’entendez-vous par l’expression « intelligence situationnelle » ?
A.R : Le monde dans lequel nous évoluons est en mutation rapide. La question qui se pose très clairement pour nous est donc : comment former des étudiants à des postes qui n’existent pas encore ? Nous devons bien sûr continuer de leur inoculer les fondamentaux du management, mais il nous faut également voir plus loin. L’intelligence situationnelle peut être vue comme une compétence qui permet à nos étudiants de mobiliser rapidement leurs connaissances actuelles à un nouveau contexte. En d’autres termes, c’est une compétence qui permet aux étudiants de l’IAE Aix Marseille d’être employables quel que sera le contexte de demain.
L.M : Comment se positionne un IAE par rapport à une école de commerce classique ?
A.R : Le coût, d’abord, est soutenable pour tout le monde, et ce n’est pas un détail accessoire. Cela nous permet de recruter des profils avec une forte diversité. Ensuite, nous sommes une composante d’Aix Marseille Université, et c’est une réelle chance. AMU nous apporte une diversité et une ouverture incroyables en terme d’étudiants, mais également en terme de multidisciplinarité des expertises de recherche. Pour un chercheur en gestion, cette multidisciplinarité est essentielle. Appartenir à l’université se reflète dans l’engagement de l’ensemble du personnel de l’IAE qui a à cœur de suivre au plus près les étudiants.
L.M : Comment s’adapter en permanence à l’évolution du monde du travail ?
A.R : Notre modèle d’enseignement est basé sur l’intégration des entreprises au cœur des programmes et dans les cours. C’est cela qui nous permet de suivre au plus près les besoins des entreprises. Ici, le monde étudiant et le monde professionnel interagissent, que ce soit dans la vie de l’IAE, dans les formations, dans les réflexions stratégiques… Ces interactions permettent aux entreprises de connaitre nos étudiants et facilitent leur insertion. A L’IAE Aix-Marseille, nous recrutons souvent des enseignants-chercheurs qui ont déjà eu une expérience en entreprise, cette expérience permet d’avoir une approche pédagogique au plus près des besoins du monde du travail.
L.M : Quel est le rôle de l’IAE d’Aix-Marseille dans la région ?
A.R : Notre IAE s’est imposé comme un des acteurs incontournables de la formation de la région. Les étudiants de l’IAE contribuent au succès d’un grand nombre d’entreprises de la région. Un des axes de développement est de nouer des liens toujours plus étroits entre les étudiants et les entreprises, par des partenariats. Nous pouvons aller plus loin en nous insérant davantage dans l’écosystème de l’entrepreneuriat et de l’innovation. Aix-Marseille est un des plus gros viviers d’innovation français. Cependant nous sommes deuxièmes en terme de nombre d’habitants [Marseille est la deuxième ville de France], et seulement quatrièmes en terme de dynamisme entrepreneurial. Il y a donc une belle marge de progression, et l’IAE y contribuera !
L.M : Et au-delà, quelles sont les ambitions de l’IAE à l’international ?
A.R : Nous sommes accrédités EQUIS depuis 1999. Cette accréditation nous apporte une certaine reconnaissance, et nous a permis de construire de solides partenariats à l’international. Pour aller plus loin, nous visons de déployer notre modèle pédagogique au niveau international, de façon à ce que l’IAE Aix-Marseille devienne prescripteur d’une nouvelle manière d’appréhender l’enseignement de la gestion. L’an prochain, nous franchirons une nouvelle étape en testant notre modèle auprès de Kelley Business School, aux Etats-Unis.
Propos recueillis par Jeanne RIVIERE