Jacques-Henri Eyraud, président de l’OM entre 2016 et 2021 vient d’être démis de ses fonctions au profit de Pablo Longoria, après quatre ans et demi à la tête du club. JHE prend du recul mais rejoint tout de même le conseil de surveillance. Il aura donc désormais un rôle moindre dans l’organisation. Quel bilan tirer de sa présidence ? Partie 1 : Le bilan sportif.
Arrivé au club en 2016 en tant que président délégué, nommé par Franck McCourt alors nouveau propriétaire du club, le temps était au beau fixe entre JHE et Marseille. Les supporters étaient soulagés de voir le départ de Vincent Labrune, président de l’OM entre 2011 et 2016, et celui de Margarita Louis-Dreyfus ancienne propriétaire du club. La communication et l’ambition de JHE pour l’OM avaient séduit une majorité des supporters. Il annonçait notamment vouloir concurrencer Paris dans la lutte pour le titre, ainsi naissait « OM Champion Project ». Avec 200 millions sur la table il paraissait difficile de concurrencer directement Paris, mais avec un recrutement malin on pouvait espérer imiter le Monaco de la saison 2016-2017 qui avait réussi à détrôner l’ogre parisien.
Pour son premier mercato à la tête du club, JHE avait eu une bonne stratégie. Il avait pris le contre-pied de Paris à qui on reproche de ne pas recruter assez de joueurs français. Il avait alors enrôlé Dimitri Payet, Patrice Evra, Morgan Sanson et Grégory Sertic. Pour rappel, Payet sortait d’une excellente saison en Angleterre avec notamment une 17ème place dans le classement du ballon d’or. Il signait pour plus d’une trentaine de millions d’euros et devenait ainsi la recrue la plus chère de l’histoire de l’Olympique de Marseille. JHE frappait un grand coup avec Payet en montrant la capacité du nouvel actionnaire à dépenser une telle somme. Evra, qui avait été un des piliers des bleus lors de l’Euro 2016, venait apporter toute son expérience et sa connaissance du plus haut niveau. A ces deux joueurs internationaux, JHE a ajouté un jeune espoir français Sanson et un bon joueur de Ligue 1, Sertic, intéressant pour la rotation de l’effectif au regard d’un calendrier très fourni. Malheureusement les fruits n’ont pas suivi la promesse des fleurs et ce mercato prometteur a été balayé au fil du temps. Sertic n’a jamais réussi à revenir après une blessure importante. Evra n’était plus que l’ombre de lui-même et se préoccupait plus de ses vidéos sur internet que de son football. Quant à Sanson, il n’a jamais réussi à réellement passer un pallier à l’OM. Ce mercato sera finalement à l’image de la présidence de JHE : prometteur mais qui finit en fiasco.
Une finale et une qualification
Sur le plan sportif JHE à un bilan plutôt négatif. On peut le créditer de deux faits majeurs durant sa présidence. Une finale d’Europa League en 2018 avec un parcours qui avait fait vibrer tous les amoureux de l’OM et une qualification en Ligue des Champions en 2020, la première depuis 2013. La finale d’Europa League laissait entrevoir un bel avenir mais JHE n’a pas su capitaliser dessus. Comme souvent à Marseille la saison qui suit une finale de coupe d’Europe est catastrophique. Voulant s’appuyer sur la continuité il a fait l’erreur de ne pas du tout renouveler le groupe alors que l’équipe avait été en surrégime la saison précédente. JHE prendra la très mauvaise décision de faire une trop large confiance à Rudi Garcia. Sa prolongation durant la saison 2018/2019, alors qu’il avait perdu le groupe, aura fait perdre beaucoup d’argent et de temps à l’OM. Il y a aussi la fameuse histoire du “grand attaquant” sur lequel JHE se disait prêt à dépenser jusqu’à cinquante millions d’euros. Finalement c’est Kostas Mitroglou qui arrive en toute fin du mercato de l’été 2017. Cette histoire l’aura beaucoup décrédibilisé aux yeux des supporters. Ce transfert semble avoir été fait dans la précipitation et Mitroglou était bien loin des attentes suscitées par le discours de JHE. La mauvaise gestion de certains joueurs, les mauvais castings et les salaires souvent trop élevés ont fini pas conduire l’OM dans le rouge financièrement.
A la sortie de sa présidence on se retrouve au même point que lorsqu’il avait repris le club en 2016, plus d’argent pour le recrutement, des joueurs en fin de contrat et de nombreux prêts. En cinq saison de Ligue 1, JHE comptabilise une moyenne de 49% de victoire et aucun trophée remporté. On pouvait raisonnablement s’attendre à mieux avec une enveloppe de 200 millions d’euros. Il aura quand même su rebondir après l’échec de la saison 2018/2019 avec la venue de Andres Villas-Boas et une qualification en Ligue des Champions à l’issue de la saison 2019/2020. La crise sanitaire ne lui aura pas permis de pouvoir capitaliser sur cette qualification et la saison très délicate que nous sommes en train de vivre aura fini par avoir raison de lui. Sur le plan extra-sportif, Jacques-Henri Eyraud à un bilan un peu plus flatteur bien qu’il ait commis là aussi de nombreuses erreurs.
Mayeul Laborde
A suivre dans une prochaine édition du “Méridional”.