« Marseille brille par les actions d’éclats des Marseillais », en latin : « actibus immensis urbs fulget massiliensis ». La devise de Marseille n’a jamais été aussi actuelle grâce aux heureuses initiatives dont font preuve de nombreux entrepreneurs marseillais pour pallier le manque de masques et d’équipements médicaux.
Par exemple, Julien Pretot et sa compagne Laura Dubois, co-fondateurs il y a six ans de la société « Hateia » spécialisée à Marseille dans la création et la fabrication de maillots de bains féminins haut de gamme, ont décidé, dès l’annonce du confinement, de se lancer dans la fabrication de masques haute couture.
Ces deux jeunes Marseillais soucieux de raffinement et d’élégance ont délibérément choisi de venir en aide à leurs concitoyens et aux autorités publiques en fabriquant sur leurs chaînes de production 500 masques par jour de catégorie 1, lavables et réutilisables au moins soixante fois. Ces masques « hyper-tendance » qui marient harmonieusement le chic français et le savoir-faire italien sont tissés à partir d’une étoffe très serrée produite par Chamatex et homologuée par les autorités médicales, la direction générale de l’armement et l’animateur du système français de normalisation.
Autant dire que ces petits bijoux sont imperméables à toute filtration et d’une résistance à toute épreuve : ils sont vendus quasiment à prix coûtant 3,50 euros pièce par Hateia qui ne peut espérer engranger quelques profits que sur l’importance du volume écoulé dans les mois qui viennent. Le succès de Julien Pretot et de Laura Dubois est tel que leur carnet de commandes est déjà garni pour huit mois au moins ! Ils ont doublé leur nombre de machines et embauché une dizaine d’employées supplémentaires pour métamorphoser leurs maillots affriolants en masques de protection vitale.
Le taux de filtration de ces masques haut de gamme a été évalué à 97 %, ce qui garantit une étanchéité totale aux particules nocives et aux postillons dévastateurs.
« Du jour au lendemain, nous avons bouleversé notre activité de confection de maillots pour nous lancer dans la fabrication de ces cônes en tissu recyclable offrant une barrière antimicrobienne efficace », raconte Julien Pretot.
Cette nouvelle activité, imprévue au programme, n’empêche pas Hateia de recevoir d’importantes commandes de maillots émanant des hôtels de la Côte d’Azur qui anticipent une fréquentation touristique en forte hausse cet été en raison de l’absence de liaisons internationales et de l’interdiction de sortie du territoire.
L’audace de Julien Pretot et l’imagination créatrice de Laura Dubois, styliste de formation et passionnée de mode, leur ont permis d’incarner à Marseille le chic à la française. Leur objectif, c’est le confort absolu et une sensation « seconde peau » apportée aux femmes, car l’ensemble de leurs créations visent à embellir les femmes et à galber leurs formes pour en révéler les charmes.
Marseille est donc devenue la capitale de…la revanche des masques, ces petits bouts de tissu équipés d’élastiques, qui ont été traités avec tant de mépris naguère par nos dirigeants. On peut bien l’avouer aujourd’hui à visage découvert : nous sommes devenus « masquo-dépendants » et si vous êtes à court d’idée pour la fête des mères ou celle des pères, n’hésitez pas, offrez des masques marseillais. Les éminents scientifiques parisiens crieront sans doute au « carnaval » des calanques mais nous n’en avons cure.
Comme le conseillait François Mauriac : « Il faut s’attendre que bien des gens qui manœuvrent dans l’obscurité avec prudence jetteront le masque : il serait erroné de commencer maintenant une chasse aux sorcières et de voir partout des fantômes ». Les imposteurs seront probablement contraints un jour ou l’autre de mettre bas les masques !
José D’ARRIGO
Rédacteur en Chef du Méridional
Notre photo : Laura Dubois présente le fameux masque marseillais « Hateia ».