Marseille perd une grande dame de la pétanque : Patricia Jeanjean, une figure libre et déterminée

Patricia Jeanjean avec son frère Frédéric Jeanjean. Crédit photo @DR

Cette nuit, Marseille a perdu bien plus qu’une dirigeante sportive : elle a perdu une voix, une énergie, un symbole. Patricia Jeanjean, qui fût la présidente du Comité 13 de pétanque et de jeu provençal, s’est éteinte, laissant derrière elle un vide immense au cœur d’un univers qu’elle avait contribué à façonner avec une conviction rare. Car Patricia Jeanjean n’était pas seulement une responsable sportive reconnue. Elle était une femme, d’abord et avant tout : une femme marseillaise, portée par cette liberté de ton, cette force intérieure, cette manière bien à elle d’avancer droit, sans jamais plier. Dans un milieu où les codes restent souvent rudes, elle avait fait de sa détermination un étendard. Une détermination d’autant plus admirable qu’elle se heurtait parfois à des critiques injustes, à des résistances d’un autre temps. Mais elle tenait. Elle tenait parce qu’elle croyait profondément à ce qu’elle portait.



Depuis 2009, à la tête du Comité 13 après plus de trois décennies de dévouement total, elle a laissé une empreinte profonde. À son successeur Patrick Fara, elle laisse un héritage porteur de sens tant elle avait cette façon unique de considérer la pétanque et le jeu provençal : non pas comme de simples disciplines sportives, mais comme un patrimoine vivant, un héritage à transmettre, un lien social essentiel entre les générations.

Pour elle, ce sport était avant tout des racines. Un morceau de Provence, de Marseille, de nos villages. Une manière de faire vivre une culture, une identité. Son action a durablement structuré le paysage bouliste du département : organisation de grands rendez-vous, mise en valeur des championnats, développement des compétitions féminines, un combat qui lui tenait particulièrement à cœur, mais aussi engagement auprès des jeunes, et promotion d’une pratique accessible, populaire, fidèle à l’âme des terrains de boules.

Car Patricia Jeanjean avançait avec une idée simple et puissante : moderniser, oui, mais sans jamais renier l’esprit. Cette exigence de loyauté, cette sincérité dans le geste et dans la parole, elle les incarnait au quotidien, avec son franc-parler légendaire et ce refus absolu des faux-semblants.

Une femme vraie

Ses proches, sa famille, les licenciés du club de Saint-Julien, le Maire de son secteur, sylvain Sousvestre familier de ce club si attachant qu’elle considérait comme une seconde maison, ainsi que toute la grande communauté bouliste des Bouches-du-Rhône, sont aujourd’hui dans la peine. Leur douleur dit tout de l’importance de celle qui vient de partir.

Dans un milieu souvent percuté par les rivalités, Patricia avait choisi la voie la plus difficile : celle de l’intégrité. Et c’est sans doute ce qui fait d’elle une figure inoubliable.

Une femme qui ne cherchait pas les honneurs mais la justesse. Une femme qui croyait au sens de son action plus qu’à sa visibilité. Une femme marseillaise, dans ce que cette expression porte de chaleur, de force, de lumière. Elle laisse derrière elle un héritage immense. Et un vide à la hauteur de ce qu’elle a construit.

À Patricia Jeanjean, pour tout ce qu’elle a été, pour tout ce qu’elle a donné, le Méridional lui dit : Merci.





Philippe Arcamone