Martine Vassal, présidente de la Métropole Aix-Marseille-Provence, appelle Éric Le Dissès, vice-président et maire de Marignane, à démissionner de ses fonctions après son ralliement au groupe d’extrême droite.
L’échiquier politique marseillais a toujours été un terrain miné, où alliances et trahisons se nouent dans l’ombre.
Ce 9 octobre 2024, une nouvelle partie s’est jouée pour faire vaciller la Métropole Aix-Marseille-Provence. Franck Allisio, visage médiatique du Rassemblement National dans les Bouches-du-Rhône, annonce la création d’un groupe de 12 élus RN et Indépendants. Mais celui qui tire les manettes n’est pas celui qu’on croit.
Olivier Rioult, ancien membre du cabinet de Martine Vassal au Département, ex-collaborateur des groupes majoritaires de droite, est devenu l’homme de l’ombre du RN, l’artisan silencieux de cette recomposition.
Candidat malheureux aux législatives dans la 2e circonscription de Marseille (7e et 8e arrondissements) sous l’étiquette du RN, Rioult tisse le fil qui relie les anciens alliés de la droite républicaine à l’extrême droite.
Les transfuges
Les transfuges : Sophie Arrighi, ex-élue du 9e-10e arrondissement, a été déchue de ses délégations à peine le ralliement acté.
Roger Guichard et Romain Brument, élus des 11e-12e et 13e-14e arrondissements, ont eux aussi fait défection.
Le groupe RPR et Indépendants compte désormais Éléonore Bez, Cédric Dudieuzère, Arnaud Keller, Éric Le Dissès, Gisèle Lelouis, Jocelyne Pommier, Véronique Pradel, Bernard Marandat, sous la direction de Jean-Baptiste Rivoallan, ancien LR passé par l’UDR d’Éric Ciotti.
Stéphane Ravier, jugé trop encombrant par les nouvelles têtes de l’extrême droite, en a été écarté.
Bruno Gilles (Horizons), nouveau président du groupe Une Volonté pour la Métropole, tente de limiter la casse. « Franchement, les choses sont clarifiées. Il y a des gens qui quittent le groupe pour en rejoindre un autre. Moi, je trouve presque la démarche honnête », avance-t-il.
Mais même l’ex-sénateur (LR) reconnaît qu’« il faudra s’occuper du cas de Le Dissès », laissant entendre que cette proximité avec l’extrême droite ne pourra pas rester sans conséquence.
Le cas Le Dissès : Martine Vassal contre-attaque
Le maire de Marignane, qui avait déjà pris ses distances avec la droite républicaine en co-fondant un nouveau RPR avec Franck Allisio, est devenu le symbole du malaise qui s’installe entre la droite républicaine et l’extrême droite dans la gestion métropolitaine.
Pour Martine Vassal, les choses sont claires. « Il a été happé par le Rassemblement National, pour moi c’est le Rubicon qui a été franchi », nous a-t-elle confié, mettant ainsi fin à des semaines de spéculations sur sa réaction. Le départ de son vice-président est devenu inévitable. « J’appelle Éric Le Dissès à prendre ses responsabilités et démissionner de ses fonctions. » Les mots sont sans ambiguïté.
Les critiques de la gauche montent
Cette clarification devrait calmer les critiques qui fusent depuis les rangs de la gauche. Les élus du groupe Pour une Métropole du Bien Commun (PMBC) ne cachent pas leur inquiétude.
Dans un communiqué cinglant, ils dénoncent la constitution de ce groupe d’extrême droite au sein de la Métropole. « La présence du maire de Marignane, Éric Le Dissès, dans l’exécutif de la Métropole soulève de sérieuses questions sur l’effacement de la frontière entre la droite républicaine et les idéologies xénophobes de l’extrême droite », déclare le PMBC.
Ils appellaient Martine Vassal à prendre des mesures immédiates pour clarifier cette situation avant que l’équilibre républicain ne soit définitivement menacé.
Le Parti Communiste Français (PCF 13) a également réagi, dénonçant l’infiltration de l’extrême droite dans les instances décisionnelles de la Métropole. Selon eux, cette situation constitue une menace pour la cohésion sociale et le vivre-ensemble dans la région.
Martine Vassal se défend : « Ils se sont fait happés par le RN, c’est leur problème, pas le mien. Au moins dans mon camp ça s’est clarifié. Aujourd’hui, quelle est la position du Printemps marseillais par rapport à LFI ? », interroge-t-elle.
Renaud Muselier s’en mêle
De son côté, Renaud Muselier, président (Renaissance) de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, n’a pas mâché ses mots. Il a dénoncé « une récupération honteuse des valeurs et du nom du RPR par l’extrême droite », rappelant que le vrai RPR de l’époque n’a rien à voir avec ce que tente de bâtir Marine Le Pen aujourd’hui. Le conseil de la Métropole, qui débute en début d’après-midi, risque d’être tendu.
N.K.