Fermeture administrative de la mosquée des « Bleuets » à Marseille

Le préfet de police des Bouches-du-Rhône a ordonné la fermeture administrative de la mosquée des « Bleuets » à Marseille. Cette décision fait suite à des accusations contre l’imam principal, suspecté de prôner une vision radicale de l’islam, incitant à la haine et à la discrimination, notamment envers les femmes et les non-musulmans.

À la demande du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, le préfet de police des Bouches-du-Rhône, Pierre Colliex, a lancé une procédure de fermeture administrative visant la mosquée des « Bleuets », située dans le 13ᵉ arrondissement de Marseille. Cette décision est motivée par des préoccupations liées à des discours extrémistes prônés par l’imam principal, ainsi qu’à la diffusion de messages incitant à la haine et à la violence.

Le préfet a indiqué que l’imam de la mosquée promeut « une vision fondamentaliste de la religion légitimant le djihad, l’instauration de la charia et le recours à la violence ». Il est également accusé de défendre « des positions légitimant le viol conjugal, la polygamie, et théorisant l’inégalité des droits entre les femmes et les hommes dans le mariage ». Ces prises de position auraient également alimenté « la haine des non-musulmans et des occidentaux » à travers ses prêches et ses interventions sur les réseaux sociaux.

Des prédicateurs controversés et des discours violents

Pierre Colliex a également souligné que la mosquée, ainsi que les structures associatives qui y sont rattachées, accueillent ou relaient « les publications de plusieurs prédicateurs auteurs de propos haineux à l’endroit des non-musulmans, des institutions et des valeurs de la République ». Parmi eux, certains ont légitimé l’attaque terroriste du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Un prédicateur en particulier, Mourad Hamza, a qualifié cette attaque de « révolte » et de « châtiment divin infligé aux juifs », des déclarations jugées extrêmement préoccupantes par les autorités. « On est clairement dans la légitimation d’une attaque terroriste », a par ailleurs, affirmé Pierre Colliex à l’AFP.

La mosquée des « Bleuets » est fréquentée par environ 300 à 350 fidèles chaque vendredi. Cependant, l’imam principal bénéficie d’une audience bien plus vaste grâce à son activité sur les réseaux sociaux, où il revendique près de 10 000 abonnés sur X (anciennement Twitter), 123 000 sur Facebook et 24 000 sur Instagram. Selon le préfet, « quand des propos haineux en écho à ses publications sont tenus par des commentaires sur les réseaux sociaux, l’imam ne les modère pas », laissant ainsi ces messages se propager.

Une mesure dans le cadre de la lutte contre le séparatisme

Face à ces accusations, l’imam Ismaïl a réagi publiquement via une vidéo postée sur Instagram. Il a dénoncé un « ramassis de mensonges » et une « tentative d’intimidation » orchestrée par les autorités.

Selon lui, « quand on fait une invocation pour Gaza, on est accusé d’être antijuif, mais on n’est pas antijuifs, on est anti-injustice ». L’imam s’est également défendu de toute radicalisation de ses prêches, soulignant que s’il fait parfois référence au Coran sur des sujets controversés comme le rôle des femmes, « chacun est libre de faire ce qu’il veut ». Il affirme également que les accusations portées contre lui relèvent d’une tentative plus large de museler les imams en France : « On veut des musulmans qui ne soient plus musulmans », a-t-il déclaré.

Cette fermeture administrative s’inscrit dans une série de mesures prises par les autorités pour contrer les discours séparatistes et extrémistes dans les lieux de culte. Pour le préfet de police, « la crédibilité et la visibilité données aux fonctions de responsable religieux au sein de la mosquée des Bleuets imposent de mettre un terme immédiat aux actions de cet important relais d’influence séparatiste ».

Plainte

Interrogé par France Bleu Provence, l’imam a également critiqué sévèrement le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, le qualifiant d’être « dans son rôle le plus minable » en cherchant à séduire l’électorat d’extrême droite à l’approche des élections présidentielles.

Il a rejeté les accusations de la préfecture, notamment celles selon lesquelles il légitimerait le viol conjugal ou la haine envers les non-musulmans, qualifiant ces affirmations de « mensonges ». Il a annoncé son intention de porter plainte contre la préfecture et de déposer des recours pour contester la fermeture de la mosquée, assurant qu’il ne se laissera pas faire.

La préfecture avait par ailleurs clarifié que la visite des autorités au domicile de l’imam ne devait pas être qualifiée de « perquisition », mais de « visite domiciliaire autorisée par le juge ». L’imam dispose désormais de dix jours pour répondre aux accusations du ministère de l’Intérieur, dans le but d’éviter la fermeture définitive de la mosquée.