Voile JO 2024 : Kitefoil, Lauriane Nolot : « J’espère qu’on va réussir à marquer l’histoire ! »

Crédit photo : Rudy Bourianne

Après une saison 2023 hors normes et une année 2024 qui démarre sur la même lancée, Lauriane Nolot fait partie des grandes favorites pour ramener une médaille d’or à la France cet été lors des Jeux Olympiques 2024. En pleine Semaine Olympique Française qui se déroule à Hyères depuis le 20 avril jusqu’au 27 avril prochain, « Le Méridional » est parti à sa rencontre sur la plage des Salins où elle parfait sa préparation grâce à la compétition organisée chaque année par la Fédération Française de Voile (FFV).

Sur les plages d’Hyères, le vent était léger et la pluie prête à pointer le bout de son nez en ce plein mois d’avril bien frais quand nous avons rencontré Lauriane Nolot, le sourire haut, bardée de Zinka bleu tel un Pierrot le Fou du Godard de la Nouvelle Vague et prête à en découdre sur la mer et dans les airs. Ce lundi après-midi pour cette nouvelle journée de la 55e édition de la Semaine Olympique Française (SOF), la manche sera finalement annulée faute de météo propice et la longue attente des kitefoilers en poste sur la plage des Salins se soldera par un rangement de matos. Bien peu pour ébranler la bonne humeur de la championne Française. « C’est le jeu, demain on aura plus de manche à faire sur une journée », confie t-elle sereinement. À 25 ans, la Varoise est déjà et entre autres championne d’Europe en titre (en mars 2024 à Mar Menor, en Espagne), championne du Monde 2023, vainqueur du Test Event à Marseille, élue Marin de l’année 2023 par la Fédération Française de Voile (FFV) et se prépare cet été à se lancer à l’assaut des Jeux Olympiques 2024, les premiers pour sa discipline. Un palmarès impressionnant qu’elle espère bien voir s’étoffer ces prochaines semaines et cet été dans la rade de la cité phocéenne où elle se sait attendue.

Comment vous sentez-vous à moins de quatre mois des Jeux Olympiques qui arrivent cet été ?

Pour l’instant cava. Je pense que je suis un peu dans ma routine de tout les jours. Surtout que j’ai encore d’autres compétitions avant les Jeux. Là, on est en pleine compétition, la SOF et dans trois semaines, un mois on aura les championnats du Monde (du 11 au 19 mai à Hyères). Pour l’instant, je suis plus en train de préparer ces étapes là que les Jeux. Je pense qu’après les championnats du Monde, là ça deviendra plus réelle. Mais c’est vrai que pour l’instant, je prépare d’autres échéances.

Par rapport à ces échéances, il y a la SOF en ce moment même, le Mondial en mai… Vous avez des objectifs particuliers pour ces compétitions ?

Clairement, on va utiliser ces compétitions comme des checkpoints. On a déjà eu une période d’entraînement depuis la sélection jusqu’à maintenant. J’ai eu les championnats d’Europe il y a trois semaines qui ont permis de sortir ce qui a marché et n’a pas marché, j’ai utilisé le temps d’entraînement entre les Europes et la SOF pour bosser sur les points qui n’ont pas forcément fonctionné. Sur la SOF, on va justement essayer de voir si sur ces points là, on coche la case acquis ou pas encore acquis. Après la SOF, on fera pareil pour les Worlds (championnats du Monde). Ce sera vraiment des checkpoints qui vont nous mettre en situation de compétition pour voir ce qui fonctionne ou pas et continuer à bosser là-dessus.

55 édition de la Semaine Olympique Française et « Last chance Regatta » à Hyères. © FFVoile / SailingEnergy

Vous êtes championne du Monde en 2023, mais aussi Marin de l’année en 2023. Votre nom rejoint celui de légendes comme Franck Cammas, Michel Desjoyaux, Camille Lecointre, Jean-Baptiste Bernaz… Qu’est ce que ça fait d’être associée à ces noms là ?

C’est assez ouf, parce que c’est quand même des noms de la voile qui sont connus pas par tout les licenciés de la FFV (Fédération Française de Voile, ndlr), mais presque. C’est assez impressionnant. Pour moi, la plus grande fierté, c’est de faire rentrer le kite, mon sport, dans cette liste des Marins de l’année. Ca veut dire qu’enfin le kitesurf a sa place dans les sports de voile et on montre qu’en plus on est là pour faire des résultats, ça j’en suis vraiment contente.

Le fait que ce soit également une première aux JO c’est une fierté ?

Oui ! C’est la grande fierté que le kite soit aux JO pour la première fois, en plus en France et que nous, les Français, on rentre quasiment tout les deux en favoris avec Axel (Mazella). J’espère qu’on va réussir à marquer l’histoire !

Les JO, on m’en parle 14 000 fois par jour donc c’est vrai qu’au bout d’un moment, si je n’ai pas quelqu’un pour m’aider à canaliser tout ça, à faire redescendre un peu cet engouement, il y a de quoi devenir fou des fois, mais ça fait partie du jeu.

Ce statut de favoris dans des JO qui se déroulent en France, c’est une pression en plus ?

Oui et non parce que je pense que c’est quand même une position qui est assez confortable de savoir qu’on a potentiellement une médaille qui est jouable. Je pense qu’on arrive quand même avec une grosse confiance en nous. Et donc il y a aussi du coup, à côté, une part où il y a énormément d’attente de la part de l’entourage, de la fédération, de tout le monde parce qu’ils te pointent du doigt en disant « c’est vous qui allez faire des résultats cet été » et forcément tu te dis « il va falloir que je fasse les résultats car ils m’attendent tous au tournant » ! (rire). Donc oui, c’est un peu fifty-fitfy on va dire.

Votre préparation, du coup, vient se focaliser sur des axes en particulier comme le mental qui joue beaucoup au haut niveau ?

Il y a certains côtés qui vont vraiment être poussés loin comme la préparation mentale. Je pense que l’entraînement sur l’eau et la préparation physique vont rester la même, on est dans nos routines et il ne faut pas qu’on change ce qu’on a l’habitude de faire. C’est vrai que la partie mentale, elle, est un peu plus poussée du fait qu’il y ait plus d’attente, plus de pression. Rien que les médias autour, il y a un énorme engouement autour des Jeux. Les JO, on m’en parle 14 000 fois par jour donc c’est vrai qu’au bout d’un moment, si je n’ai pas quelqu’un pour m’aider à canaliser tout ça, à faire redescendre un peu cet engouement, il y a de quoi devenir fou des fois, mais ça fait partie du jeu.

Et vous arrivez à gérer cette pression ?

Oui, cava j’arrive assez bien à gérer jusqu’à maintenant. Je ne me prend pas la tête pour ça, je l’accepte comme ça vient. J’accueille ça en me disant que c’est une aventure, une expérience que je vais vivre et donc pour l’instant tout se passe bien.

Il y a peut-être des néophytes qui nous lisent. Pouvez-vous nous décrire votre sport le kitefoil et ce qu’on ressent quand on est sur la planche entre air et mer ?

Le kitesurf est un sport de voile. On a un gros cerf-volant qui nous tire et une planche sous nos pieds pour glisser sur l’eau. Et le kitefoil c’est une amélioration du kitesurf, on a système un d’appendice sous la planche, un foil, qui nous permet de décoller et de voler au-dessus de l’eau. Notre planche ne touche plus l’eau et ce n’est que le foil qui nous permet de voler. On a la sensation d’être le Surfer d’Argent , de voler au-dessus de l’eau, c’est une sensation assez incroyable. D’autant plus qu’on a des sensations de vitesse qui s’y ajoutent qui sont folles. Je pense que c’est vraiment la partie cool de notre sport !

Avec les Jeux, vous espérer que le kitefoil gagne en visibilité et en popularité ?

Déjà, j’ai l’impression que les Jeux de voile misent pas mal sur le kitefoil. Quand je vois qu’au Test Event, avec le kite, on a fait une très belle impression. On était toujours le sport à être les premiers dans la rade, à faire le spectacle à 50, 100 mètres de la digue. C’est un sport qui est très visuel à regarder et très rapide. J’espère en tout cas qu’on aura de bonnes conditions à Marseille pendant les Jeux pour montrer que c’est un sport qui est génial.

Propos recueillis par Rudy Bourianne

Rudy Bourianne est journaliste sportif. Passionné par le club phocéen et le sport en général, il suit notamment l’actualité de l’OM, de la Voile et de l’équipe élite water-polo du Cercle des Nageurs de Marseille pour Le Méridional.