L’Olympique de Marseille demeure la seule écurie française à avoir remporté la Coupe d’Europe. Grâce au coup de casque historique de Basile Boli, le club peut se vanter encore aujourd’hui de chanter : « A jamais les premiers »… A l’origine de ce triomphe, une personnalité : Bernard Tapie. Sous l’impulsion de l’homme d’affaires, l’OM devient à cette époque le meilleur club français et l’une des équipes les plus redoutables sur la scène européenne. Pourtant, des affaires de corruption viendront ternir l’image de l’OM et lèveront des doutes sur l’ensemble de ses succès. Retour sur l’ère à la fois victorieuse et controversée de Bernard Tapie à l’Olympique de Marseille.
Nous sommes en 1986. Passionné de sport, Bernard Tapie utilise sa fortune acquise dans les années 80 pour racheter l’Olympique de Marseille, qui est alors en grande difficulté financière. Sur le plan sportif, le club végète, à cette période, dans le ventre mou du championnat et n’a plus gagné de titre depuis 1976. L’objectif de l’homme d’affaires est alors clair : replacer le club de la Cité phocéenne sur le devant de la scène nationale.
avec tapie, pas de demi-mesure…
Avec Tapie, impossible de faire dans la demi-mesure… l’OM doit devenir le plus grand club européen et remporter la Coupe aux grandes oreilles. Pour arriver à ses fins, il engage – sur les conseils avisés de son manager Michel Hidalgo -, une flopée de joueurs expérimentés. Auxquels s’ajoutent les recrutements de nombreux joueurs Espoirs, qui deviendront au fil des années des stars du ballon rond. Les plus connus d’entre eux sont les Français Jean-Pierre Papin, Basil Boli, Didier Deschamps, l’Anglais Chris Waddle ou encore le Ghanéen Abedi Pelé.
Cinq titres de champion de France, une coupe de France… : l’OM accumule les titres et enchaîne les parcours européens, qui font vibrer la France entière. Le club le plus populaire de l’Hexagone manque même de peu l’opportunité de devenir en 1991 le premier club français à remporter la coupe d’Europe des clubs champions (finale perdue face à Belgrade aux tirs au but).
l’om accumule les titres
En mai 1993, le club s’apprête à disputer sa deuxième finale de C1. Cette fois-ci, Bernard Tapie est bien décidé à remporter le trophée. Il faut dire qu’un an auparavant, ses hommes avaient connu une nouvelle désillusion en étant éliminés en demi-finale face au Benfica, en raison de la fameuse main de Valta.
Quelques jours avant cette échéance importante, Marseille, dans sa quête du titre de champion de France, se déplace à Valenciennes. Bernard Tapie, soucieux de préserver ses hommes tout en ramenant les 3 points, tente alors de corrompre trois joueurs du club nordiste. Il leur promet une somme d’argent importante s’ils laissent filer le match. L’information d’une tentative de corruption commence à courir, mais l’emballement médiatique va néanmoins rapidement retomber. L’important est ailleurs pour la presse : l’OM défie le grand Milan AC, à Munich, en finale de coupe d’Europe.
le titre de champion de france 93 est retiré à l’om
Lors de ce match, Marseille réalise l’exploit de renverser les Italiens et de soulever le plus prestigieux des trophées. Mais la fête va être de courte durée. La Ligue nationale de football, dirigée par Noël Le Graët, mène son enquête sur la tentative de corruption du match VA-OM et transmet le dossier à la justice. « Il y a un certain nombre de dirigeants qui gèrent leurs clubs avec beaucoup de cœur et de talent et certains qui ont tellement envie de gagner qu’ils dépassent les limites », déclare ainsi Le Graët devant les journalistes.
A la suite de cette affaire, le Conseil général retire le titre de champion de France 1993 à l’OM. De son côté, l’UEFA exclut Marseille des compétitions européennes de l’exercice 1993-1994. Cette privation de compétition internationale entraîne un énorme manque à gagner dans le budget du club olympien, creusant encore un peu plus les dettes du club phocéen. En avril 1994, la sanction finale tombe : le club se voit rétrogradé en deuxième division à la suite de la tentative de corruption.
le scandale jette une ombre sur les succès de l’om
Celle-ci déclenche la chute de l’OM et le fait tomber de son piédestal. Bernard Tapie quitte le club quelques mois après cette affaire. Le scandale jette une ombre sur les succès de l’OM à cette époque-là . Lors de son procès, le directeur général de l’OM, Jean-Pierre Bernès (aujourd’hui agent de joueur), affirme même qu’un budget était, chaque saison, consacré à la corruption. Faute de certitudes, certains considèrent que l’affaire VA-OM n’a été qu’un dérapage isolé, d’autres, l’ultime épisode d’un système où la triche était devenue une seconde nature…
Bernard Tapie a tout de même réussi son pari de faire rentrer son club dans la légende du football français. Il aura séduit à jamais Marseille, lui le Parisien, et introduit en quelque sorte l’ère du football business en n’hésitant pas à injecter de l’argent pour attirer des joueurs de renoms.
le club est entré dans la légende du football
En 1994, l’OM est le deuxième club le plus riche du monde avec un budget de 300 millions de francs. Bernard Tapie instaure ainsi à cette époque une explosion des salaires et contribue, malgré toutes ces histoires de corruption, au développement du football français. Une chose est sûre : dans le football plus que jamais et même à cette époque, la vérité du terrain n’est pas seulement sportive, elle est aussi économique. L’Olympique de Marseille sous Bernard Tapie a connu l’une des meilleures équipes du football français.
Cyriane VIALA