Regards sur le monde – L’indépendance de l’Ecosse à nouveau sur la table

La Première ministre d'Ecosse, Nicola Sturgeon © Arctic Circle, WKMC

Qu’espère donc la Première ministre d’Ecosse, Nicola Sturgeon, en annonçant un deuxième référendum pour le 19 octobre 2023 ? Alors que le « non » des Ecossais pour une indépendance avait majoré à quelque 55% en 2014, l’exécutif ouvre à nouveau la boîte de Pandore.

Un « rendez-vous » que Nicola Sturgeon a d’ores et déjà donné à tous les Ecossais. Les médias britanniques, de leur côté, n’ont pas manqué de qualifier l’annonce de « coup de poker » – à défaut de le qualifier de coup de tonnerre… En ouvrant la porte à un nouveau référendum sur l’indépendance de l’Ecosse par voie législative, la Première ministre espère jouer cartes sur table avec Londres.

le référendum de 2014 est loin d’avoir enterré les débats

Un dossier mis en sourdine

Il faut dire que le référendum de septembre 2014 était loin d’avoir enterré les débats, même si le sujet avait été mis en sourdine durant la période de négociation entre Londres et l’Union européenne pour le Brexit, puis durant la crise sanitaire. Mais ce 28 juin, la tête du Scottish National Party (SNP) a annoncé se tourner vers la Cour suprême britannique pour demander l’organisation d’un nouveau référendum d’indépendance, en toute légalité.

Dans les règles

Nicola Sturgeon a d’ailleurs précisé que les Ecossais ne joueraient pas à un référendum « façon catalane ». Mais si, il y a neuf ans, le Premier ministre britannique David Cameron avait donné son accord pour un référendum, Boris Johnson y oppose tout simplement une fin de non-recevoir, et justifie un tel refus par le principe « un référendum par génération est bien assez ». Le Premier ministre a bien d’autres dossiers délicats dont il doit s’occuper en ce moment, notamment celui de l’Irlande du Nord.

un référendum « façon catalane » écarté

La leader indépendantiste espère donc prendre un chemin de traverse, sans se dresser officiellement contre « BoJo ». De son côté, la Cour suprême a fait savoir qu’elle étudierait la question.

Un paysage politique différent

Pourquoi Nicola Sturgeon – poussée par l’aile radicale du SNP -, demande-t-elle ce nouveau référendum ? Elle estime que la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne s’est faite en dépit de l’avis des Ecossais proeuropéens (62% de non), et donc que le paysage politique a évolué.

les élections législatives de 2024 en ligne de mire

Il est évident que l’exécutif écossais aspire également à prendre davantage de décisions sans dépendre de Londres. « Les Écossais auront voix au chapitre », a assuré Nicola Sturgeon. Cette dernière a par ailleurs prévenu qu’en cas de refus de la Cour suprême, son parti se servirait des prochaines élections législatives (2024) comme d’une autre forme de référendum, en faisant campagne sur la seule question de l’indépendance.

« Hasard » du calendrier, la reine Elizabeth II prend ces jours-ci ses quartiers d’été en Ecosse. La tête du SNP a rencontré la souveraine de 96 ans aux lendemains de son annonce sur le référendum. Ce qui ne l’a pas empêché de lui offrir une bouteille de whisky (écossais, bien entendu) !

Raphaëlle PAOLI