Marseille – Le ras-le-bol des surveillants pénitentiaires

© J.D'A.

Les surveillants pénitentiaires de la Région Sud n’en peuvent plus : ils ont dit leur ras-le-bol à Marseille au cours d’une opération escargot qui s’est déroulée ce lundi matin de l’Obélisque de Mazargues jusqu’à la rue de Rome en passant par le cours Lieutaud. Ils ont reçu le soutien actif de nombreux policiers, tels que le commissaire divisionnaire Claude Dupont ou le commandant Léon Béraudo, qui ont participé au mouvement au nom de l’association « L’Aiguillon ».

« Nous ne pouvons plus garantir la sécurité de nos agents au sein des maisons d’arrêt », expliquent M. Saïd Elkhalifi, délégué de l’union fédérale autonome pénitentiaire et M. Cyril Huet-Lambing, délégué du syndicat pénitentiaire des surveillants.

les personnels sont exténués

 « Nos personnels sont exténués dans nos établissements d’Aix-Luynes, Grasse, Marseille, Toulon, car notre directeur interrégional Thierry Alvez privilégie une politique de rendement et d’économies au détriment du bon fonctionnement de l’institution. La direction refuse de faire appel aux agents volontaires pour remplacer les vingt postes qui ont été arbitrairement supprimés. Elle refuse de leur payer les heures supplémentaires. On se retrouve sans binômes et nos surveillants sont souvent seuls pour s’occuper d’un étage peuplé de détenus très dangereux susceptibles de passer à l’acte… »

Les surveillants en colère ont manifesté autour de l’Obélisque avant d’entamer une opération escargot jusqu’à la
rue de Rome © J. D’A.

Cette situation inadmissible n’est pas nouvelle mais les dirigeants de l’administration pénitentiaire font la sourde oreille. Les surveillants n’ont pas vocation à maintenir l’ordre au sein d’un établissement, c’est le rôle dévolu normalement aux équipes régionales d’intervention et de sécurité, des unités spécialisées dans le maintien de l’ordre en cas de tensions, agressions, mutineries ou désordres. Les équipes d’appui chargées des transfèrements judiciaires ou des extractions médicales sont tellement mal considérées par leur direction qu’on leur dénie le droit de porter une arme de service alors qu’ils ont affaire à des détenus extrêmement dangereux. « On les envoie délibérément à l’abattoir, c’est scandaleux, estiment les syndicalistes, ils ne doivent pas être les cibles désignées de certains éléments radicalisés qui n’ignorent rien des errements de notre administration. »

Bref, c’est le chaos. En outre, le personnel a toutes les peines du monde à se loger à proximité des maisons des prisons. Il n’y a aucune politique d’hébergement et les agents se retrouvent souvent dans des studios minuscules alors qu’ils sont mariés et ont des enfants !

les missions deviennent insurmontables

Les élus aixois, pourtant sollicités à maintes reprises, ont promis d’intervenir auprès du gouvernement pour solutionner ces problèmes mais rien n’a été fait pour l’instant… D’où la décision de manifester dans la rue.

Le taux d’absentéisme s’élève à plus de 30 % du personnel pénitentiaire car les missions deviennent insurmontables. Les agents ne touchent qu’un salaire moyen de 1 579 euros par mois, rémunération dérisoire pour des personnels qui risquent leur vie face à des prisonniers qui les détestent parce que leur uniforme est celui de la France.

Comment voulez-vous qu’avec une telle absence de moyens et de ressources les surveillants puissent accomplir normalement leur tâche d’accompagnement des détenus dans leur parcours pénal ? « C’est simple, résume M. Jacques Struzynski, un des pionniers du syndicalisme pénitentiaire à Marseille, lorsque nous évoquons nos problèmes avec la direction elle nous répond inlassablement avec la même pirouette : « Dites-nous ce dont vous avez un urgent besoin, et nous vous dirons comment vous en passer… »« 

José D’ARRIGO, rédacteur en chef du Méridional