L’interview de la semaine – Philippe Veran : « La French Care représente une volonté française de fédérer les acteurs de la santé »

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Philippe Veran est président de Biotech Dental, une entreprise française spécialisée dans le domaine des implants dentaires, des prothèses dentaires, des dispositifs médicaux dédiés à l’orthodontie et à l’imagerie médicale. Basée à Salon-de-Provence (Bouches-du-Rhône), elle est l’un des fleurons du territoire.

Ces derniers mois, on a beaucoup entendu parler de la French Care, cet agrégateur qui veut rassembler les entreprises santé en France. Avec Biotech Dental, Philippe Veran participe à la création et au développement de cette initiative phare, dans le Sud de la France et à l’échelle nationale.

Le Méridional : Philippe Veran, pourquoi avez-vous tenu, avec Biotech Dental, à participer à l’aventure de la « French Care » ?

Philippe Veran : Nous sommes membres aussi bien de la French Tech que de la French Fab : les autres passeports qui ont été créés pour rassembler l’industrie, via les différents labels imaginés par Bpifrance.

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Personnellement, je me suis toujours demandé pourquoi rien n’existait pour les entreprises de santé. Quand j’ai eu vent de la mise en place de ce mouvement, lancé par le professeur Tesnière, directeur du centre de recherche PariSanté Campus au sein de l’Inserm, je me suis réjoui. A côté de la French Tech et de la French Fab, la French Care reflète la volonté française de fédérer les acteurs de la santé.

une volonté de davantage régionaliser

L’association que l’on a créée, Les acteurs de la French Care, regroupe une quarantaine de fondateurs. Au-delà de réunir des entreprises sous un label, l’initiative donne plus de vigueur au projet.

Chaque entreprise membre a d’ailleurs voulu marquer, par son investissement, la création de cette association ; on a donc des moyens pour quelque chose de construit, orienté. Il y a aussi une volonté aussi de régionaliser un peu plus.

L.M : En quoi la French Care peut-elle constituer un levier pour l’économie française ?

P.V : La French Care représente aujourd’hui ce que l’Etat moderne a trouvé comme objectif prioritaire pour le secteur médical du pays. Qu’est-ce qu’il est essentiel de développer aujourd’hui ? Une industrie de la santé autonome (on en a vu l’importance pendant la pandémie) ; la réindustrialisation ; l’innovation, tant dans la recherche que dans les professions médicales. C’est un tout. On ne peut avoir une médecine française d’excellence si on n’a pas des industriels et une recherche de très haut niveau. C’est ce lien que les acteurs de la French Care veulent tisser.

une industrie de la santé autonome est primordiale

L.M : « C’est en décloisonnant les différents secteurs que se révèlera plus encore l’énergie collective », a déclaré Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance. Qu’en dites-vous ?

P.V : Je suis complètement d’accord quand il s’agit de décloisonner les secteurs hospitaliers et universitaires, industriels, par exemple. En revanche, les spécialités des acteurs à l’intérieur de la French Care sont très pertinentes. Cela permet de mieux répartir les thématiques : c’est tout l’intérêt de la French Care.

L.M : Pensez-vous qu’une initiative comme celle-ci fera venir des jeunes vers le secteur de la santé ?

P.V : Bien sûr, et c’est l’un des grands enjeux ! La santé ne se résume pas à la médecine. Toutes les professions corollaires sont passionnantes et méritent d’être mises en lumière. Les promouvoir aujourd’hui auprès des jeunes est essentiel pour former les professionnels des prochaines décennies.

former les professionnels des prochaines décennies

L.M : La France est-elle bien placée dans le paysage de l’innovation santé ? Quelles améliorations peuvent être apportées ?

P.V : Je suis intimement convaincu que la France a une place à jouer – qu’elle joue déjà – dans le secteur innovation santé. Dans la transition numérique de la Médecine, on a beaucoup de grands talents, qui permettent aux entreprises de ne pas se tourner vers l’étranger, et d’anticiper les nouveaux métiers de la santé. L’enjeu est de les conserver, face aux géants étrangers. Il faut absolument que des entreprises comme la mienne poursuivent leur croissance pour employer un maximum de talents.

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L’objectif, en Région Sud, est de développer les infrastructures permettant d’accueillir l’écosystème et de grandir de façon significative, comme d’autres métropoles, Montpellier par exemple. Marseille, Salon, Sophia Antipolis… La Région Sud a beaucoup d’atouts, liés à l’attractivité du territoire.

Propos recueillis par Jeanne RIVIERE