La « mélenchonite », maladie sénile du communisme – Episode 2/3 : ignorance, perversité ou démagogie ?

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Si l’on s’en tient à l’esprit économique du mélenchonisme, on peut se demander si les auteurs de son programme sont ignorants ou pervers. Ou les deux. Il s’agit pour eux de « rompre avec trente ans de libéralisme ».

> A voir aussi : La « mélenchonite », maladie sénile du communisme – Episode 1/3 : la mécanique du programme économique, redite ou récidive de 1981 ?

Ce début est typique de la « pensée fausse ». Les trente dernières années en France ont vu le périmètre de l’Etat augmenter avec des dépenses publiques de 55% de notre Produit Intérieur Brut et des prélèvements obligatoires d’un peu moins puisque nous sommes en déficit. Record mondial, mais pas dans le libéralisme.

Autant le lire dans le texte : « Pendant cinq ans, avec Emmanuel Macron, les riches ont profité et leur fortune a augmenté en flèche pendant que la majorité des gens payent la note. » (Préambule de la liste des mesures économiques prévues.)

Un « retour de la justice sociale et fiscale » ?

Si l’on veut le jugement d’un « expert » connu pour sa rage particulière contre les « inégalités », voici : pour Thomas Piketty, « l’accord conclu par les partis de gauche marque le retour de la justice sociale et fiscale ». Ce n’est pas rassurant quand on sait la définition qu’en donne le personnage. La redistribution violente, hystérique même, inspirée de la haine de la richesse est considérée comme un invariant sacré de la vie sociale.

d’innombrables contradictions

D’où d’innombrables contradictions : comment distribuer sans produire, produire en décourageant les producteurs, employer en écrasant les employeurs ? Comment promouvoir une culture du non-travail sans y ajouter sa conséquence logique : une culture de la non-rémunération ? Comment aider les « pauvres locataires » en faisant tout pour saboter la construction et l’entretien des logements ? Comment se prétendre humaniste en méprisant les talents humains, surtout quand ils conduisent à la réussite économique qui finalement profite à tous ?

L’ignorance et le mépris

Donc, ignorance de l’Economie : cynisme. Ignorance des réactions humaines : mépris. D’ailleurs, on flatte les plus bas instincts humains : la paresse, l’envie, la haine du talent. Est-ce à ces bassesses que les humains se réduisent pour M. Mélenchon ? Même le bien calme Bernard Cazeneuve estime très excessif l’esprit de confrontation qui se dégage des propos et des programmes de son ancien ami socialiste M. Mélenchon. Volonté de détruire : nihilisme de Robespierre, de la part de personnes bien incapables de construire quoi que ce soit.

une culture de la rémunération

Le think thank Terra Nova se veut plus raisonnable : « Egalité réelle, redistribution des revenus, mise à contribution des grands patrimoines, défense de la Sécurité sociale et des services publics ». C’est paraît-il inspiré des « grands récits mobilisateurs… que porte la gauche » (page 2 de la note du 19 Mai 2022 intitulée : « Politique économique à gauche, la grande peur de gagner ».)

Un programme catastrophique

Toute l’argumentation consiste à dire que le programme de la NUPES est catastrophique mais n’a rien à voir avec celui des socialo-communistes de 1981 : il serait sept fois plus coûteux. La conséquence serait qu’il n’est pas finançable, surtout pour un pays qui a dépassé les limites d’endettement admissibles. Terra Nova observe que l’endettement public en 1980 n’était que de 20% du PIB contre 113% aujourd’hui.

un pays qui a dépassé les limites d’endettement

C’est vrai, mais cette observation appelle deux remarques : ce n’est pas parce que l’on était peu endetté qu’il fallait se mettre à financer n’importe quelle mesure absurde. Ensuite, l’esprit redistributif et anti-productif reste le même : on est toujours dans la rage anti-réussite, anti-richesse, anti-talent, au bénéfice des électeurs que l’on veut conquérir. Vous avez dit « démagogie » ?

Ce qui dérange Terra Nova est que le programme NUPES de 2022, qui est plus coûteux mais de même inspiration que celui des toutes la gauche de 1981 risquerait de faire perdre son crédit en 2022 à une gauche « non Nupes » qui seule serait capable de gouverner. En effet, il y a plusieurs degrés dans la position de cancre.

Ils ne contestent tout de même pas chez Terra Nova l’esprit exécrable des mesures proposées. Les électeurs de la NUPES seront-ils dupes ?

la rage anti-talent

Pour la perversité…

Monsieur Mélenchon et son équipe peuvent-ils ignorer que pour consommer et investir il faut d’abord produire ? Peuvent-ils ignorer que produire demande des efforts productifs ? Même Marx le disait. Peuvent-ils ignorer que pour consentir des efforts, l’être humain doit avoir des motivations personnelles comme la reconnaissance et la rémunération non confisquée par des impôts excessifs et discriminatoires comme l’impôt progressif ?

une ruse politique ?

Monsieur Mélenchon et la clique Nupes croient s’adresser à des imbéciles. Il se peut que la vraie direction de cette stratégie soit autre, par exemple ne peut-il s’agir d’une ruse politique et à dans ce cas qui profite-t-elle ?

Pierre DUSSOL

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Pierre Dussol est professeur d’économie honoraire à Aix-Marseille-Université. Il a compris depuis belle lurette les méfaits de la torsion des mots sur la désorientation et le vide des esprits. En véritable « redresseur de tors », il a décidé de reprendre les définitions de base qui permettent de mieux décrypter les habillages et autres artifices du politiquement correct. Il livre son point de vue savoureux dans les colonnes du Méridional.