La « mélenchonite », maladie sénile du communisme – Episode 1/3 : la mécanique du programme économique, redite ou récidive de 1981 ?

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L’économiste hésite à commenter un programme dit économique qui n’est en fait qu’un attrape-tout à vocation électorale et à usage unique…

Pourtant, le risque existe de voir certaines mesures appliquées en cas de domination électorale de la clique « NUPES » dirigée par M. Mélenchon – soit par lui-même, soit par un triste imitateur. Voyons la Corée du Nord ou le Venezuela et pensons-y. Que croire d’autre d’ailleurs en lisant la définition du programme du NUPES donnée par  Philippe Aghion dans « Les Echos » : « Un « penser-faux » menant au désastre… ».

Un autre commentateur, Guillaume Hannezo, de l’officine Terra Nova, que l’on aurait pu penser plus indulgent, parle d’une « réputation d’affections bolivariennes assez exotiques…» et continue dans le même registre. Cela n’est pas rassurant quant à la rigueur intellectuelle des rédacteurs du programme « mélenchonien ». A l’approche des élections législatives (12 et 19 juin), décortiquons un peu ce programme.

Episode 1/3 : la mécanique du programme économique, redite ou récidive de 1981 ?

Beaucoup ont fait le rapprochement avec le programme socialo-communiste de 1981 pour le déplorer le plus souvent, mais pour des raisons variées. Il s’agit en effet principalement de distribuer des revenus supplémentaires et de prendre des mesures législatives permettant de produire moins en travaillant moins.

• Augmentation du SMIC (une icône !) à 1400€ par mois. Il est déjà à 1303€ en mai 2022.

Est-ce pour cela que M. Martinez, CGT, veut un SMIC à 2000€ par mois ? Il serait, lui, un vrai révolutionnaire ! Et généreux en plus, car pour parvenir à verser 2000€ net au salarié, ne faut-il pas pour l’employeur en dépenser près de 4 000 ? Oui, mais généreux avec l’argent des autres. Qui paie le SMIC ? Qui se demande si celui-ci n’est pas une cause du chômage des non qualifiés ? A ce prix-là, les employeurs – dont ceux du secteur social ou d’Etat – embaucheront les plus qualifiés, laissant de côté les moins qualifiés. Faudra-t-il alors leur financer des formations gratuites avec de l’argent public ?

Campagne Souveraineté locale

• Application stricte des 35 heures, voire 32 pour les métiers pénibles.

Les ravages dus aux 35 heures sont pourtant connus mais la « flexibilité » – lois El Khomri – qui a pu les diminuer un peu est considérée comme « antisociale ». Pourtant la loi n’en autorise pas beaucoup.

• Nous allions oublier la sixième semaine de congés payés.

Une autre mesure démagogique allant dans le même sens que les autres.

• Restauration de la retraite à 60 ans pour une carrière complète.

« Carrière complète » cela veut dire que beaucoup de personnes dépasseront cet âge faute justement de « carrière complète ». Qu’importe, le slogan va plaire à tous ceux qui croient aux miracles. La démographie est telle que cette disposition prise en 1981 par les socialo-communistes était déjà un crime économique.

Une réserve de travail existerait parce que beaucoup de personnes entre 55 et 60 ans ne travaillent pas une durée complète. Alors relisons Marx (« Manifeste communiste de 1848 », proposition n°8) : « Obligation de travail égale pour tous, constitution d’armées industrielles, en particulier pour l’agriculture ». Tiens, bonne idée, l’armée, si c’est Marx qui l’a dit.

• Blocages de certains prix, dont les loyers, le gaz, le carburant et l’alimentation.

Là aussi, il est connu que cela ne fera que différer la résolution des problèmes. La solution ne peut venir que de la production puisque la hausse des prix vient aujourd’hui de diverses insuffisances de l’offre dans une atmosphère de « facilité monétaire ».

Le blocage des prix fera-t-il que le blé repousse plus vite en Ukraine, et celui des loyers que la construction de logements augmentera ? (Diagnostic partagé par Terra Nova dont la note contient d’excellents éléments, soyons justes.)

• Pour mieux décourager les personnes les plus actives sans doute, « rendre l’impôt plus juste et progressif… ».

La définition de la justice n’est peut-être pas évidente, mais la progressivité est à coup sûr particulièrement injuste, à moins que le but véritable soit de saboter le redressement économique. On n’ose le croire.

• Un oubli sans doute : il n’est pas prévu de contrôle des changes.

Merci l’euro ! En revanche les vieilles nationalisations de 1982 reparaissent sous la rubrique 23, « Collectiviser les biens communs fondamentaux ».

• L’endettement est au cœur du dispositif, si l’on peut écrire qu’il y a un dispositif…

Comment en effet financer de la distribution sans production sinon par l’augmentation de l’endettement ? Une réponse radicale est proposée : « Annuler la dette publique » (n°50). Après cela, les épargnants français et étrangers seront certainement enchantés de nous prêter à nouveau. Ce n’est pas tellement révolutionnaire : on retrouve les idées qui inspirent les mesures qui n’ont pas marché ailleurs et auparavant !

Ce n’est d’ailleurs pas que ces idées soient anciennes qui les condamne, mais les résultats qu’elles ont eus et auront toujours. Elles sont fondées sur le refus d’admettre les lois économiques qui sont neutres comme la loi de la pesanteur.

Comment en effet promettre que le pouvoir d’achat est une priorité tout en préconisant des mesures qui vont affaiblir la compétitivité économique, voire nuire à la simple production ? Cela ne peut provenir que d’une « pensée fausse », en effet.

C’est une question « d’esprit ». A suivre dans notre prochain épisode.

Pierre DUSSOL

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Pierre Dussol est professeur d’économie honoraire à Aix-Marseille-Université. Il a compris depuis belle lurette les méfaits de la torsion des mots sur la désorientation et le vide des esprits. En véritable « redresseur de tors », il a décidé de reprendre les définitions de base qui permettent de mieux décrypter les habillages et autres artifices du politiquement correct. Il livre son point de vue savoureux dans les colonnes du Méridional.