La start-up qui promet – Iweech, le vélo électrique marseillais révolutionnaire qui utilise l’intelligence artificielle

© Iweech

A Marseille, on dirait qu’il y a deux équipes : les pro-voitures et les pro-vélos. Les uns comme les autres roulent parfois (sentons-nous tous concernés) imprudemment. Ce qui freine (sans jeu de mots) les gens dans l’utilisation du vélo est en premier lieu le sentiment d’insécurité.

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Le vélo électrique Iweech, de la société Bellatrix, veut offrir liberté et sécurité au cycliste, via l’intelligence artificielle. Un concept de « smartbike » dont son co-fondateur, Christophe Sauvan, n’est pas peu fier : « Un vélo Iweech rend l’utilisateur libre par rapport à un guidon et des pédales : c’est tout. » Celui qui a roulé sa bosse dans un certain nombre de grosses boîtes est installé en région marseillaise depuis une vingtaine d’années, ainsi que les différentes entreprises qu’il a créées. Il nous en dit plus sur l’aventure d’Iweech.

Une aventure marseillaise

L’aventure d’Iweech a démarré début 2017. Clin d’œil historique : les ateliers sont installés à Saint-Barnabé, dans les bâtiments qui abritaient – il y a un moment – les chevaux du tramway !

100% du vélo est assemblé à Marseille (Saint-barnabé)

100% du vélo est assemblé à la main à Marseille par les mécaniciens. Le design, le mécanique, l’électrique, l’électronique, ainsi que les logiciels sont conçus sur place également par des ingénieurs et des « data scientists ». L’équipe compte une quinzaine de salariés au total. S’il est compliqué aujourd’hui de produire un vélo 100% français, « 70% de l’Iweech est fabriqué en France et en Europe », précise Christophe Sauvan.

Un vélo véloce

« L’idée de base que nous avions était de permettre au citadin de s’affranchir de sa voiture, attaque notre interlocuteur. On ne parle pas de longs déplacements. Mais en ville, pour faire ses courses, aller au travail, on couvre 3, 4, 6, 10 km. » Un trajet à vélo évite les embouteillages, frais de parking etc. L’investissement pour un Iweech tourne autour de 3 000€.

permettre au citadin de s’affranchir de sa voiture

Mais : un utilisateur entend se sentir en sécurité. « Casques et armures ne suffisent pas », plaisante à demi Christophe Sauvan. Qu’est ce qui fait qu’on se sent en sécurité sur un vélo ? Pour le co-fondateur d’Iweech, ce sont la maniabilité et l’agilité : « En ville, les voitures vous frôlent, tournent au dernier moment, coupent la route. Sans compter les portières qui s’ouvrent, les piétons qui traversent n’importe où sans crier gare… »

L’Iweech fait 24 pouces (beaucoup plus compact que les vélos de ville traditionnels), il est léger (18,5 kg) pour une réaction plus rapide, il possède un guidon plus étroit (44 cm en moyenne, vs 55 normalement) pour l’évitement.

Pour Christophe Sauvan, un autre élément clé est la puissance du moteur : « Le plus important en ville, c’est de redémarrer au feu rouge devant les voitures. Les cyclistes de vélos mécaniques grillent les feux rouges parce que c’est un enfer de redémarrer ! » Cette meilleure reprise est synonyme de plus de sécurité. « Toute la géométrie du vélo a été conçu pour cela », résume notre interlocuteur.

Une « zone de confort » maîtrisée par l’intelligence artificielle

« Ce qui est bien sûr essentiel quand on grimpe sur un vélo, c’est la concentration. Sans plagier la sécurité routière, le fléau de toute conduite, c’est d’être occupé à autre chose. Comment libérer l’esprit des utilisateurs à vélo ? Sur la plupart des vélos électriques traditionnels, on a les vitesses, et un niveau de puissance à gérer ; au milieu, un écran. Cela signifie que le cycliste doit gérer tout cela avec attention – et s’y connaître un peu. »

ni écran, ni levier de vitesse, ni levier de gestion d’assistance

Sur un Iweech, il n’y a ni écran, ni levier de vitesse, ni levier de gestion d’assistance. Comment remplacer l’intelligence de l’utilisateur ? C’est là qu’interviennent les algorithmes d’intelligence artificielle.

La « zone de confort » de chaque utilisateur, c’est-à-dire le moment où il commence à être en difficulté, est conceptualisée. Deux cyclistes peuvent développer la même puissance, pour arriver au même endroit, avec la même vitesse, mais l’un pédale par exemple 30% plus vite que l’autre. Chaque individu est bien différent.

« le vélo apprend de ce que vous faites »

« A partir du moment où on est capable de maîtriser la zone de confort de quelqu’un, on est capable de remplacer l’humain par rapport aux vitesses et au niveau d’assistance », explique Christophe Sauvan. Et dans des conditions climatiques – ou de forme – différentes. « Notre système est capable de gérer une infinité de zones de confort variables, à travers différents capteurs (GPS, baromètre, mesure de pente…) Le vélo apprend à partir de ce que vous êtes et de ce que vous faites : vos trajets réguliers par exemple, et surtout, la façon dont vous réagissez à telle ou telle situation. » Plus le cycliste couvre de kilomètres, plus le vélo affine son apprentissage.

De précieux services additionnels

En plus du confort, élément premier de l’Iweech, ces smartbikes possèdent d’autres options. « Souvent, les cyclistes de vélos électriques se mettent sur la puissance de confort maximum. Le corolaire est qu’ils dépensent beaucoup de batterie ! », souligne Christophe Sauvan. Une des options de l’Iweech garantit à l’utilisateur qu’il aura toujours assez de batterie pour arriver au bout de son parcours, tout en passant les endroits difficiles. La variable autonomie prend le pas sur la variable confort. En plus de cela, l’intelligence artificielle prend aussi en compte la topographie des alentours. Les utilisateurs qui le souhaitent utilisent l’application mobile, qui rassemble des tableaux de bord complets avec les parcours, la vitesse, la puissance, les calories, le CO2…

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L’Iweech apparaît sans surprise comme un produit révolutionnaire dans le monde du vélo : et ce smartbike marseillais n’a pas fini de s’améliorer. La start-up vise 10 000 vélos vendus à l’horizon 2025. L’idée reste d’offrir liberté et plaisir de rouler au citadin, cycliste chevronné ou non…

Raphaëlle PAOLI