Le coin des BD – « Seul au monde » : Sébastien Destremau, de Toulon au Vendée Globe

© Glénat / Serge Fino

Qu’est-ce qui peut pousser un homme ou une femme à risquer sa vie en s’exilant au beau milieu de l’océan ? L’adrénaline ou l’admiration ne suffisent pas. Dans des courses bien nommées « en solitaire « comme celle du Vendée Globe (« l’Everest des mers ») c’est avec eux-mêmes que se retrouvent les navigateurs. Joie, tristesse, souvenirs… au gré des jours et des difficultés, cette aventure hors-du-commun les confrontent aux ouragans météorologiques et à ceux de leur vie personnelle. Les éditions Glénat ont récemment fait paraître le tome 3 de la série de bandes dessinées « Seul au monde », réalisées d’après le livre de Sébastien Destremau. Pour tous les fascinés de la mer, une très belle lecture à tous les niveaux.

C’est en 2012 que Sébastien Destremau, alors journaliste sportif spécialisé dans le monde de la voile et skipper licencié à Toulon, décide tout-de-go qu’il prendra le départ du prochain Vendée Globe. S’il a participé à des régates depuis son enfance, notre homme est bien conscient – ou pas ! – qu’il s’agit d’une pure folie : peu d’entraînement, de financement… et même un démâtage accidentel quelques mois seulement avant le départ officiel de la course (en novembre 2016). Rien n’arrête Sébastien Destremau.

S’il est au départ de la 8ème édition du Vendée Globe, on connaît déjà la fin de l’épisode (la bande dessinée n’en fait d’ailleurs pas le clou de l’ouvrage, puisqu’elle le décrit dès les premières pages) : il franchira la ligne d’arrivée aux Sables d’Olonne 18ème et dernier, le 11 mars 2017 ; plus de 50 jours après le vainqueur, Armel Le Cléac’h, et au terme de 124 jours de navigation.

La ligne claire et les couleurs franches de Serge Fino, surtout pour dessiner le monde de la mer, sont un régal pour les yeux. Le scénario, en choisissant le système des retours en arrière, contribue à éclairer la personnalité d’un homme qui, à 52 ans, a choisi de tenter l’aventure d’une vie. De l’enfance houleuse à la jeunesse incertaine en passant par la rencontre avec la mer comme seul espace de liberté, le lecteur entre dans l’intimité du navigateur. Combattre ses fantômes, lutter contre les forces de la nature, mais saisir aussi, autant qu’il est possible, les moments de grâce incroyables qui sont la récompense d’un tel engagement.

Jeanne RIVIERE

« Seul au monde », Serge Fino (d’après le livre de Sébastien Destremau du même nom paru en 2017), éditions Glénat. Trois tomes parus à ce jour. 14,50€.

Bal de la Paix 8 mai